Approvisionnement en juvéniles
Les géniteurs femelles nécessaires pour l’écloserie sont normalement obtenus des étangs de grossissement mais parfois aussi des captures de pêche. Normalement, les femelles « oeuvées » (porteuses d’œufs » sont utilisées seulement une fois. Les fermes commerciales dans les régions tropicales ne gardent pas normalement des géniteurs en captivité pour la reproduction mais les adultes sont maintenus à l’intérieur durant tout l’hiver dans des régions tempérées pour pourvoir les étangs avec des PL aussitôt que possible durant la saison courte de grossissement. Le rapport typique mâle / femelle dans les systèmes de maintien des géniteurs est 1-2 mâle PB ou 2-3 mâle PO pour 20 femelles à une densité totale de 1 crevette par 40 litres. Dans quelques heures de copulation, la fécondation a lieu à l’extérieur, et les œufs sont transférés dans la chambre d’incubation sous l’abdomen. Les oeufs restent adhérés aux femelles durant le développement embryonnaire, qui dure environ 3 semaines. A l’éclosion, les zoés nageant librement sont produites. Selon la taille de la femelle oeuvée, entre 5 000 et 100 000 oeufs sont portés. Les œufs sont oranges jusqu’à 2-3 jours avant l’éclosion, après, ils deviennent gris -noirs.
Certaines larves (PL, juvéniles) sont capturées dans le milieu naturel où
M. rosenbergii est indigène, typiquement dans le sub-continent indien, mais la majorité provient des écloseries. Le premier stade zoé est juste de 2 mm de long et grandit, en passant par 11 stades larvaires, jusqu’à presque 8 mm pour se métamorphoser en PL. La métamorphose individuelle peut être achevée après 16 jours mais normalement dure beaucoup plus, selon les conditions environnementales. Dans les écloseries commerciales, la majorité des larves se métamorphosent après 32 à 35 jours à une température optimale de (28-31°C). L’élevage larvaire se fait normalement dans de l’eau saumâtre d’une salinité de 12‰, et les écloseries sont soit en flux ouvert (où une partie d’eau d’élevage est régulièrement remplacée) ou en re-circulation (où une variété de systèmes impliquant des filtres physiques et biologiques sont utilisés pour minimiser l’utilisation d’eau). Les deux types d’écloseries peuvent être continentales ou côtières. Les écloseries continentales préparent de l’eau saumâtre en mélangeant l’eau douce avec l’eau de mer transportée de la côte par des camions, ou avec une eau de mer artificielle. Certaines écloseries en flux ouvert utilisent le système d’« eau verte », qui implique la fertilisation pour augmenter la croissance de phytoplanctons (principalement
Chlorella spp.), qui est sensée améliorer la qualité de l’eau et augmenter la survie des larves; d’autres opèrent en régime « eau claire ». Les systèmes d’alimentation varient largement mais incluent typiquement l’artémia (
Artemia salina) distribuée plusieurs fois par jour au début, réduites à une fois par jour pendant le stade larvaire 10. L’aliment préparé (normalement une crème d'œuf 'egg custard' contenant moule ou chair de poisson, calamars, ou autres ingrédients) est introduit au stade 3 et la fréquence d’alimentation est augmentée en s’approchant de la métamorphose. Certaines écloseries sont intégrées avec les installations de nurserie et grossissement.
Nurserie
Bien que certains fermiers mettent dans les étangs de grossissement des jeunes PL, nombreux sont ceux qui achètent des juvéniles de plus grande taille ou cultivent les PL dans leurs étangs de nurseries avant de les transférer dans les étangs de grossissement. Dans les zones tempérées avec une saison de grossissement limitée, les nurseries closes contrôlées sont utilisées pour augmenter la taille des animaux avant le stockage à l’extérieur aussitôt que les températures deviennent assez élevées. Les nurseries contrôlées ont des densités de 1 000-2 000 PL/m³, selon si les substrats sont utilisés ou non. Les nurseries en plein air peuvent contenir des PL qui viennent de se métamorphoser ou des juvéniles provenant des nurseries fermées. Les taux de stockage classiques sont 1 000 PL /m², 200 petits juvéniles (0,02 g)/m² ou 75 juvéniles de 0,3-0,4 g/m², mais des densités plus élevées sont possibles si les substrats sont utilisés.
Techniques de grossissement
Les crevettes d’eau douce sont élevées dans des enclos variés d’eau douce, comme les bacs, les fossés d’irrigation, les cages, les enclos, les réservoirs, et dans des eaux naturelles, la forme commune étant les étangs en terre. Les méthodes normales d’élevage comprennent des combinaisons variées utilisant en premier des systèmes « en continu » (des étangs fonctionnant indéfiniment, avec des récoltes et re-stockage réguliers et sélectionnés) et en « batch » (un seul stockage, une seule récolte), ces systèmes sont connus comme des « systèmes combinés ». La plupart des systèmes impliquent des monocultures, mais la polyculture du bouquet géant avec des poissons et parfois autres crustacés est aussi pratiquée, particulièrement en Chine (avec des carpes). L’intégration de la culture du bouquet géant avec des produits agricoles est aussi possible (courante en Viet Nam).
Les densités de stockage d’étangs dans les monocultures tropicales varient largement. Dans les systèmes d’élevage extensif (produisant typiquement <500 kg/ha/an), les PL ou les jeunes juvéniles sont stockés à 1-4 ind./m²; les systèmes semi-intensifs (produisant 1-4 ind./m²; dans les zones tempérées avec une densité limitée d’environ 5-10 PL/m² ou 4 juvéniles/m² sont stockés ; les niveaux peuvent être augmentés en présence de substrat.
Les crevettes sont nourries avec de l’aliment commercial ou avec un aliment “préparé à la ferme”. Ce dernier est utilisé seul ou mélangé avec d’autres ingrédients, souvent extrudé à travers un hachoir et il est soit apporté humide soit (normalement) après avoir été séché au soleil. Les aliments classiquement utilisés contiennent 5 pour cent de lipides et 30-35 pour cent de protéines. Un TCA de 2:1 ou 3:1 est obtenu par un apport supplémentaire d’aliments secs. Les taux de croissance moyenne dépendent de plusieurs facteurs, particulièrement de la manière avec laquelle les mâles HIG sont gérés. Le taux de croissance des PM est rabougri par la présence des mâles PB; durant leur absence les PM se métamorphosent en PO et finalement en mâles PB. Ainsi, la méthode avec laquelle les étangs de grossissement sont gérés (par exemple, la fréquence avec laquelle les crevettes de grande taille sont sélectionnées, ainsi que la plus part des mâles) influence la productivité totale.
Techniques de récolte
La récolte est soit totale (en élevage "batch") ou partielle (en élevage "continu" ou "combiné"). La récolte totale se fait en vidant l’eau par gravité ou pompage, alors que les filets de seine sont utilisés pour la sélection régulière des grands animaux. Des mailles élastiques de taille 1,8 cm sont utilisées pour récolter des crevettes de petites tailles et des mailles de 3,8-5,0 cm pour les crevettes de plus grandes tailles. Le temps et la fréquence de récolte dépendent du volume et des caractéristiques (taille des animaux) ainsi que de la demande du marché.
Manipulation et traitement
Une manipulation soigneuse est essentielle pendant et après la récolte pour assurer une bonne qualité des produits. Les crevettes d’eau douce tendent à devenir « froissées » si elles ne sont pas correctement manipulées et traitées. Premièrement, il faut éviter d’écraser les crevettes durant la récolte. Deuxièment, si elles ne sont pas destinées à la vente vivantes, elles doivent être tuées immédiatement dans un mélange d’eau avec de la glace à 0°C (au bord de l’étang), et nettoyées dans de l’eau chlorée. Les crevettes destinées à la vente vivantes peuvent être transportées dans de l’eau aérée à 20-22°C. Les crevettes vendues fraîches ne doivent pas être gardées dans de la glace pendant plus de 3 jours. Les crevettes qui sont destinées à être vendues congelées doivent être rapidement congelées à -10°C (pas simplement placées dans un congélateur «domestique») et gardées à -20°C ou moins.
Coûts de production
Fournir des données sur les frais de production n’est pas facile, non seulement parce que l’information est normalement une propriété privée mais aussi parce qu’elle est spécifique au site. Par exemple, un aperçu sur les coûts des opérations en écloserie (toutes les valeurs sont normalisées au USD du 1997) a donné une moyenne de 10,6 USD/1 000 PL mais la rangée était de 1,1 to 17,0 USD/1 000 PL. Les coûts d’investissement en écloserie oscillent entre 12,4 et 19,0 USD pour 1 000 PL comme capacité de production. Les coûts d’investissement en nurseries pour produire 4 millions de juvéniles de 2 g en Amérique Latine, par exemple, ont été estimés à 50 000 USD. Les coûts de fonctionnement de nurseries ont été évalués à 6 USD par mille juvéniles de 2 g et 50 USD par mille juvéniles de 10 g en Thaïlande. Généralement, les dépenses relatives à l’aliment représentent au moins 40 pour cent des coûts totaux de production en nurserie. Les coûts d’investissement dans les facilités de grossissement varient entre 400 USD/ha (rendement de 600 kg/ha/an) en Inde à presque 64 000 USD/ha (rendement 2 270 kg/ha/an) aux Etats-Unis d’Amérique. D’une manière similaire, les coûts des opérations de grossissement varient entre moins de 2 USD à plus 15 de USD/kg/an. Le coût moyen divisé était 30 pour cent d’aliment, 20 pour cent juvéniles, 15 pour cent main d’oeuvre et 35 pour cent autres dépenses.
Le problème majeur de maladies affectant
Macrobrachium rosenbergii généralement a lieu à cause de la pauvre qualité de l’eau entrant, de la pauvre qualité d’élevage, du sur-stockage, de la pauvre hygiène, et de la non-existence de quarantaine ou de procédures inadéquates. Les mesures pour combattre ces problèmes sont référées comme une pratique d’élevage améliorée (PEA) dans le tableau suivant, qui englobe certaines des maladies les plus importantes. Dans quelque cas, les antibiotiques et d’autres médicaments pharmaceutiques ont été utilisés dans le traitement mais même s’ils sont mentionnés dans ce tableau ils ne sont pas recommandés.
MMV (Virus du Muscle de Macrobrachium) |
Virus comme virus Parvo |
Virus |
Infecte les tissus qui deviennent opaques, avec des nécroses progressives; affectent les juvéniles |
PEA |
WSBV (Taches Blanches Syndrome BaculoVirus) |
Baculovirus |
Virus |
Taches blanches; affectent les juvéniles |
PEA |
Maladie virale non nommée |
Nodavirus |
Virus |
Queue blanchâtre; affecte les larves |
PEA |
Taches noires; taches brunes; maladie de carapace |
Vibrio; Pseudomonas; Aeromonas |
Bactérie |
Lésions mélanisées; affectent tous les stades de vie, mais plus fréquemment observés chez les juvéniles & adultes |
PEA; acide oxolinique; nifurpurinol |
Nécrose bactérienne |
Pseudomonas; Leucothrix |
Bactérie |
Similaire aux taches noires mais affectent seulement les larves, spécialement stades IV & V |
PEA; nifurpurinol; érythromycine; penicilline-streptomycine; chloramphénicol |
Syndrome de luminescence larvaire
Luminescent larval syndrome |
Vibrio harveyi |
Bactérie |
Larves Moribondes & mortes luminescentes |
PEA; chloramphénicol; furazolidone |
Maladie des postlarves blanches « White postlarval disease » |
Ricksettsia |
- |
Larves blanches, spécialement stades IV & V |
PEA; oxytetracycline; furazolidone; chaux avant stockage |
Infection aux champignons non nommée |
Lagenidium |
Champignon |
Extensive mycélium réseau visible à travers l'exosquelette de larve |
PEA; trifluraline; merthiolate |
Infection aux champignons non nommée (souvent associé avec IMN – voir ci-dessous) |
Fusarium solani |
Champignon |
Infection secondaire; affecte les adultes |
PEA |
Infection au champignon "levure" non nommée |
Debaryomyces hansenii; Metschnikowia bicuspidata |
Champignon |
Tissus musculaires jaunâtres, grisâtres ou bleuâtres chez les juvéniles |
PEA |
Infestation protozoaire |
Zoothamnium; Epistylis; Vorticella; Opercularia; Vaginicola; Acineta; Podophyra; etc. |
Protozoaire |
Parasites externes qui inhibent la nage, l’alimentation, et la mue; affectent tous les stades de développement |
PEA, formol; merthiolate; copper-based algicides |
Nécrose Idiopathique du Muscle (NIM) (Idiopathic Muscle Necrosis) (IMN) |
maladie environnementale |
Inconnu |
Couleur blanchâtre des tissus striés de la queue et appendices; quand l'infection est avancée, zones nécrotiques peuvent devenir rouges; affecte tous les stades de vie |
PEA |
Maladie du Mi-Cycle (MMC) (Mid-Cycle Disease) (MCD) |
étiologie non déterminé |
Inconnu |
Léthargie; nage en spirale; réduction d’alimentation et croissance; couleur du corps bleuâtre-gris; affecte les larves, spécialement stades VI et VII |
PEA; désinfection d’écloserie |
EED (Exuvia Entrapment Disease), parfois connue comme MDS (Moult Death Syndrome) |
étiologie non déterminé |
Inconnu mais probablement causes multiples, incluant manque nutritionnel |
Déformations localisées; échec dans l’achèvement de la mue; affecte les derniers stades larvaires; aussi observée chez les postlarves, juvéniles & adultes |
PEA; enrichissement alimentaire |