Approvisionnement en juvéniles
Grâce à leurs grandes tailles et à leurs meilleures survies, les juvéniles sauvages capturés étaient communément utilisés au sud d'Asie dans des étangs extensifs, qui demandent une quantité minimale de juvéniles pour le stockage. Cependant, l'utilisation de juvéniles sauvages a été réduite, à cause de la surexploitation et l'éruption de la maladie des taches blanches dans les nurseries de crevettes, ce qui fait que la majorité des fermes de grossissement de
Penaeus monodon utilise des larves produites en écloserie.
Géniteurs
Dans le processus de maturation ovarienne induite, on utilise, de préférence, des femelles de bonne santé (25-30 cm longueur du corps et 200-320 g poids) et des mâles (20-25 cm; 100-170 g) capturés du milieu naturel comme géniteurs. Les géniteurs des grandes profondeurs (60-80 m), ou plus de 20 miles en pleine mer, sont préférés pour la faible dominance des maladies de crevettes, qui sont fréquentes dans les fermes de crevette des zones côtières. Une fois, les crevettes sont rétablies du stress du transport, elles sont stockées dans des bacs circulaires de maturation qui sont normalement couverts et gardés dans une salle obscure. La même densité de stockage (2-3/m
2) est utilisée pour aussi bien les femelles que les mâles. Les crevettes sont ensuite induites par manipulation de la salinité de l'eau en mysis. Après l'accouplement, qui est facilement confirmé par la présence de spermatozoïdes dans le thélycum et le durcissement de la carapace, le pédoncule oculaire de la femelle est unilatéralement ablaté pour la stimulation endocrine. Les géniteurs sont alimentés avec du calamar, des moules ou de la chair de coque, supplémentée par des polychètes ou Artémia pour améliorer la performance reproductrice.
Le premier stade de développement ovarien peut être observé une semaine après ablation. Plus tard, les femelles gravides en stade d'œufs matures, qui peuvent être observés par la forme en diamant de l'ovaire opaque sous une lumière de lampe, sont transférées dans des bacs de ponte. Après la ponte, ces femelles peuvent être réutilisées dans le processus de maturation un certain nombre de fois, alors que les mâles peuvent servir dans ce processus pour plusieurs mois, dépendant de la santé des animaux et les conditions des bacs.
Si les reproducteurs sont directement capturés du milieu naturel ou d'un bac de maturation induite, ils pondent généralement la première ou la deuxième nuit dans l'écloserie. Cependant, la ponte peut être retardée pour les longues distances ou durant une nuit de transport si chaque reproducteur est placé étroitement dans un tuyau en PVC pour renforcer son corps. Les femelles gravides doivent être placées individuellement dans un petit bac de ponte pour éviter la propagation de maladies qui peuvent avoir lieu dans le cas des pontes mélangées.
Après la ponte, les œufs sont généralement gardés dans le même bac de fécondation jusqu'à éclosion. Les Nauplii sont ensuite collectés et nettoyés (rincés avec de l'eau de mer pour enlever la graisse et les débris libérés par les reproducteurs) pour le transfert aux bacs d'élevage larvaire ou pour être transportés à une autre écloserie de télécaptage. En Thaïlande, dans les zones continentales, des milliers d'écloseries spécialisées à petite échelle achètent des nauplii et les font grandir jusqu'à PL 12-15 car elles ne peuvent pas entreprendre les opérations coûteuses de maturation de géniteurs. Les installations de maturation des géniteurs situées à la côte nécessitent un grand volume d'eau de mer propre et transparente, alors que les systèmes fermés d'élevage larvaire demandent généralement beaucoup moins d'eau de mer. Par conséquent, les écloseries continentales, dont les coûts de la terre sont beaucoup moins, sont capables d'opérer économiquement en achetant de l'eau de mer ou eau salée qui peut être transportée par camion de la mer ou des surfaces d'eau salée.
Ecloserie
Les bassins en ciment (4-5 tonnes), plus petits que ceux utilisés à l'origine sont plus maniables et ils ont prouvé leur efficacité dans l'élevage larvaire, particulièrement dans les systèmes fermés pour la prévention de maladies. Si un système ouvert est inévitable, à cause des contraintes économiques, les bacs doivent être couverts de tissu noir ou d'un toit de tuile pour éviter les fluctuations de la température de l'eau, et pour réduire, aussi, l'intensité lumineuse. Les Nauplii sont normalement stockés à 100 000 ind./tonne et sont cultivés jusqu'au dernier stade mysis ou premier stade PL avec un taux de survie de 70-80 pour cent approximativement. Ils sont ensuite transférés dans un nouveau bac et élevés jusqu'au stade PL 12-15; avec un taux de survie d'environ 70-80 pour cent durant ce stade. Les diatomées (soit
Chaetoceros, ou
Skeletonema ou
Tetraselmis) qui ont été cultivées dans des monocultures, sont distribuées à une densité approximative de 30 000-50 000 cells/ml, à partir de stade Protozoé jusqu'au premier stade PL (4-5). Les diatomées peuvent être remplacées par des régimes de micro-capsules ou d'aliments secs formulés si leur production est interrompue par la pluie. Les nauplii d'
Artemiaavec une moyenne de 50 g de ciste par 100 000 larves sont fournies dés le stade mysis jusqu'au premier stade PL. Des flocons d'
Artemiasont aussi utilisés pour supplémenter les nauplii d'
Artemiapour une réduction de coût. De PL 4 à PL 15, des régimes artificiels sont communément utilisés pour réduire la détérioration de la qualité d'eau quand de la nourriture fraîche est fournie. A partir de l'éclosion, 26 jours sont nécessaires pour atteindre le stade PL 15.
Nurserie
A cause de leurs habitudes benthiques, la récolte des juvéniles en grossissement dans des étangs en terre séparés est difficile; ainsi le grossissement des postlarves produites en écloserie n'est pas pratique. Le grossissement dans des bacs en béton donne un taux de survie bas, à cause du cannibalisme des PL quand elles sont à des densités élevées. Depuis que les étangs intensifs sont bien traités pour éliminer tous les poissons prédateurs, il est possible de stocker les PL 15 directement dans des étangs de grossissement. Si l'étang n'a pas été bien préparé à temps, si quelques prédateurs subsistent, ou si les PL semblent être faibles, elles peuvent être acclimatées en les retenant dans des filets, ou petits enclos dans les étangs de grossissement pour au moins une semaine avant libération.
Dans les étangs semi-intensifs, où les postlarves ne sont pas entièrement alimentées par des régimes artificiels et où il reste encore quelques poissons prédateurs, les postlarves sont communément gardées en grossissement pour quelques semaines dans un compartiment en terre (5-10 pour cent de l'aire de l'étang) dans l'étang de grossissement. Ceci permet à l'aliment d'être concentré dans cette petite aire de grossissement, permettant d'avoir des juvéniles plus grands et donc plus capables d'échapper aux prédateurs restants après relâchement dans les étangs de grossissement.
Techniques de grossissement
Il y'a trois systèmes pratiques de grossissement : extensif, semi-intensif et intensif, avec, respectivement des densités de stockage faibles, moyennes et élevées. A cause de ses habitudes alimentaires benthiques,
Penaeus monodon est commercialement cultivée seulement dans des étangs en terre, sous des salinités très variées de 2 à 30‰.
Système extensif
Communément utilisé en Bangladesh, en Inde, en Indonésie, à Myanmar, aux Philippines et au Viet Nam, le grossissement extensif de crevette est entrepris dans des zones de marée où il n'est pas nécessaire de pomper l'eau de mer. Les étangs avec des formes irrégulières suivant les frontières du terrain sont généralement plus grands que cinq hectares et facilement construits manuellement avec de faibles coûts. Les juvéniles sauvages, qui entrent dans les étangs soit à travers la grille grâce au jeu de marée ou sont achetés des collecteurs, sont normalement stockés à une densité n'excédant pas 2/m
2. Les crevettes se nourrissent par des aliments naturels ramenés régulièrement dans l'étang par la marée et sont ensuite améliorés par des engrais organiques ou chimiques. Des poissons frais ou mollusques, s'ils sont disponibles, peuvent être utilisés comme aliment supplémentaire. Dû aux faibles densités, les crevettes de grand taille (>50 g) sont communément récoltées dans six mois au plus. Le rendement est plus faible dans ces systèmes extensifs, à 50-500 kg/ha/an. A cause de l'augmentation du prix du terrain et le manque en juvéniles sauvages, presque aucune nouvelle ferme extensive n'est en construction à présent. Après avoir gagné de l'expérience dans l'élevage de crevette, plusieurs aquaculteurs ont mis à niveau leurs étangs en systèmes semi intensifs pour augmenter leurs revenus.
Système semi-intensif
Les étangs semi-intensifs (1-5 ha) contiennent communément des juvéniles provenant d'écloserie à un taux de 5 à 20 PL/m
2. Le changement de l'eau est régulièrement assuré par le jeu de marée en plus du pompage. Les crevettes se nourrissent d'organismes naturels maintenus par fertilisation de l'étang, en plus des régimes artificiels. Les rendements de production oscillent entre 500 et 4000 kg/ha/an.
Système intensif
Les fermes intensives sont communément situées dans des zones où il n'y a pas de marrée, où les étangs peuvent être complètement vidés et séchés avant chaque stockage. Ce système de culture est rencontré dans tous les pays producteurs de
Penaeus monodon et il est communément pratiqué en Thaïlande, Philippines, Malaisie et Australie. Les étangs sont généralement petits (0,1 to 1,0 ha) de forme carrée ou rectangulaire. La densité de stockage varie entre 20 et 60 PL/m
2. Une aération forte, fournie par un engin au diesel ou moteurs électriques, est nécessaire pour la circulation interne d'eau et l'apport d'oxygène pour aussi bien les animaux que le phytoplancton. L'alimentation artificielle est fournie 4-5 fois par jour suivie par ce qu'on appelle un plateau d'alimentation de vérification. Le coefficient TCA est normalement entre 1,2:1 et 2,0:1. Depuis l'éruption de la maladie des taches blanches, il y'a eu une réduction des échanges d'eau et les systèmes fermés sont devenus une pratique commune, à cause de leur faible risque d'introduction de maladies virales. Cependant, l'aliment et les blooms phytoplanctoniques ont besoin d'être surveillés et gérés avec précaution pour éviter la détérioration du fond de l'étang et de la qualité d'eau par les déchets.
P. monodon a l'habitude de grignoter l'aliment sur le fond de l'étang; ceci cause des pertes substantielles de nutriments car la stabilité du granulé ne dépasse généralement pas deux heures. La gestion efficace de l'aliment est un critère majeur pour une récolte réussite, puisque l'aliment représente plus de 50 pour cent des coûts de production dans les systèmes intensifs. Les paramètres de l'eau tels que le pH, la salinité, l'oxygène dissous, l'alcalinité, la visibilité, H
2S et NH
3 sont régulièrement mesurés. Si le système fermé est utilisé pour la culture, le stockage doit être minime, sinon l'étang doit être récolté plutôt que d'habitude (dans 3,5 mois au lieu de 4-5 mois) et les petites crevettes seront de (20 g, au lieu de 30-35 g atteints dans les systèmes semi-intensif et intensif avec des échanges d'eau). Un rendement de production de 4000 à 15 000 kg/ha/an est courant.
Apport de nourriture
Comme la technique d'alimentation des crevettes est déjà maîtrisée, chaque pays producteur a ses usines de fabrication d'aliment commercial évitant, ainsi des importations coûteuses. Le stockage prolongé d'aliment importé pendant le transport via la mer ou à cause de la nécessité d'importer, pour des raisons économiques, de grandes quantités d'aliment à chaque fois, tend à réduire la qualité de l'aliment qui devient rance.
Techniques de récolte
Des pièges en Bambou sont traditionnellement utilisés pour la récolte partielle des crevettes de grande taille sélectionnées dans les cultures extensives. Les étangs semi-intensifs sont communément récoltés en vidant l'étang par marée à travers une poche de maille placée au niveau de la vanne de sortie. Les étangs intensifs sont normalement récoltés de façon similaire que les étangs semi-intensifs. Si la marée ne permet pas la récolte, le canal de drainage peut être bloqué pour permettre à l'eau d'être pompée à l'extérieur et en réduire le niveau. Il est encore nécessaire de collecter les crevettes restantes à la main après que l'étang soit vidé.
En Thaïlande, des grilles de vannes artificielles sont temporairement installées à l'intérieur de l'étang pour la récolte de plusieurs étangs à système fermé où la vanne grille pour l'échange d'eau n'est pas nécessaire. Les crevettes sont ensuite piégées dans ces grilles artificielles durant le pompage de l'eau à l'extérieur. Pour le marché de crevette vivante, les étangs sont partiellement récoltés par un épervier tôt le matin.
A cause de son comportement d'enfouissement, un filet de draguage n'est pas pratique sauf s'il est installé avec un engin de choc électrique pour pousser les crevettes à sauter.
Manipulation et traitement
Si les crevettes sont vendues directement aux unités de traitement, des équipes spécialisées dans la récolte et la manipulation, sont classiquement employées pour assurer une qualité de premier degré de leur produit brut. Après un tri rigoureux, les crevettes sont nettoyées, pesées et immédiatement tuées dans de l'eau glacée à 0 °C. Le travail le plus difficile est de nettoyer les crevettes sorties du fond de l'étang manuellement à la fin de la récolte, parce qu'elles contiennent beaucoup de vase, matière organique et débris. Les crevettes sont ensuite gardées dans de la glace dans des récipients isolés et transportées par des camions genre pick up sur des distances courtes ou par de grands camions sur de longues distances, soit aux unités de transformation ou au marché de crevettes. En ce qui concerne le transport des crevettes vivantes directement des fermes aux bacs d'aquariums, les densités doivent être de 0,2-0,3 kg/litre d'eau. Les récipients sont placés dans de petits camions pick up ayant un toit. Pour l'export des crevettes vivantes de la Thaïlande à Hong Kong et vers la Chine, la température d'eau est graduellement réduite à 16-17 °C jusqu'à ce que les crevettes deviennent inactives. Les crevettes dormantes sont ensuite emballées alternativement en couches de sciure réfrigérée ou en mousse de polystyrène dans des caisses isolées pour l'export par avion. Cet emballage à sec peut minimiser les frais et les crevettes peuvent survivre 12-15 heurs. Les marchés locaux demandent principalement des produits réfrigérés fournis directement des fermes ou des marchés de crevettes.
Dans les unités de traitement, les crevettes sont proprement nettoyées et triées selon les normes de tailles pour l'export. Suivant les exigences du marché, les crevettes sont transformées en plusieurs catégories avant une congélation rapide à -10 °C et gardées en dessous de -20 °C pour un export ultérieur par bateau ou air cargo. Grâce à la demande qui est en augmentation et des marges élevées de profit, plusieurs unités de transformation augmentent leurs productions des produits valorisés.
Coûts de production
Les coûts de production varient toujours selon le site, l'échelle de production, le système de gestion d'eau (tels que les échanges d'eau à l'opposé des systèmes clos), le rendement irrégulier de production affecté par les problèmes de culture, l'éruption de maladies, etc. les coûts de fonctionnement pour la production des juvéniles régionales moyenne environ 2,5 USD/1000 PL.
Les coûts de production des crevettes adultes sont résumés comme suit (USD/kg):
Juvénile |
0.53 |
0.58 |
0.59 |
Aliment |
– |
1.41 |
2.02 |
Main d'oeuvre |
0.85 |
0.20 |
0.19 |
Electricité & carburant |
0.21 |
0.36 |
0.33 |
Produits chimiques, matériels & fournitures |
0.16 |
0.18 |
0.26 |
Divers |
– |
0.13 |
0.37 |
Dépréciation |
0.20 |
0.66 |
0.52 |
Total |
1.95 |
3.52 |
4.28 |