Sécurité sanitaire et qualité des aliments
 

Mélamine

WHO Expert meeting to review toxicological aspects of melamine and cyanuric acid

Held in collaboration with FAO and supported by Health Canada Ottawa, Canada, 1-4 December 2008

La contamination de produits laitiers par la mélamine en Chine: vue d’ensemble

Depuis que la question a attiré pour la première fois l’attention des organisations internationales, le 11 septembre 2008, le Réseau international des autorités de sécurité sanitaire des aliments (INFOSAN) est en contact étroit avec les autorités chinoises pour essayer d’obtenir des informations le plus à jour possible et les communiquer aux autorités nationales chargées de la sécurité sanitaire des aliments, de façon qu’elles puissent faire face à cette crise, l’une des plus importantes de ces dernières années. Au cours de cette période, les autorités chinoises se sont employées à redresser la situation et ont fourni régulièrement des informations sur son évolution.

Selon le Ministère chinois de la santé, 39 965 nourrissons ont été traités après avoir consommé des préparations pour nourrissons et sont en cours de rétablissement. Au total, 12 892 nourrissons ont été hospitalisés, dont 104 se trouvent toujours dans un état critique. Quatre décès ont été signalés, dont trois ont été confirmés. Plus de 80 pour cent des patients ont moins de deux ans.

Selon les informations disponibles à ce jour, cette crise résulte de l’adultération intentionnelle du lait par de la mélamine. La mélamine est un composé azoté qui semble avoir été ajouté à du lait dilué de façon à faire apparaître des teneurs en protéines normales dans le produit soumis à des tests reposant sur la teneur en azote. Au début de la semaine, les autorités chinoises ont indiqué que cette adultération intentionnelle du lait pourrait remonter à plusieurs mois.

Des taux de mélamine pouvant atteindre 2 560 mg/kg ont été constatés dans des préparations pour nourrissons en poudre produites par la société Sanlu, l’un des principaux fabricants de produits laitiers de Chine. Des analyses effectuées sur les produits de 22 autres sociétés ont également révélé la présence de mélamine, bien qu’à des niveaux moins élevés. Plusieurs de ces sociétés exportent leurs produits. Des rappels ont été publiés en Chine et à l’étranger. On sait, de source officielle chinoise, que de la mélamine a été trouvée dans d’autres produits à base de produits laitiers, tels que le lait liquide, les crèmes glacées et des boissons au café en boîte. Des pays importateurs de friandises à base de produits laitiers et d’autres produits de confiserie ont constaté la présence de mélamine dans ces produits. Des rappels et des interdictions de vente de produits potentiellement contaminés ont également été publiés par de nombreux pays.

On trouvera des informations supplémentaires à ce sujet sur le site web de l'OMS consacré à la mélamine.

Mélamine

La mélamine est un sous produit de l’industrie houillère. C’est un composé chimique aux nombreuses utilisations industrielles, dont la production de plastique, de vaisselle, d’ustensiles de cuisine, de filtres commerciaux, de stratifiés, d’adhésifs, de mélanges à mouler, de revêtements et de produits ignifuges.

La mélamine (triamino-2-4-6-triazine-1-3-5) est un produit à teneur élevée en azote (C3H6N6).

C’est cette caractéristique qui a conduit à son adjonction illicite dans les produits destinés à l’alimentation humaine ou animale, afin d’augmenter la teneur apparente en protéines de ces produits.

Comment la mélamine induit-elle une augmentation apparente de la teneur en protéines?

L’un des tests les plus couramment utilisés pour mesurer la teneur en protéines d’un produit alimentaire consiste en fait à mesurer la teneur en azote et à en déduire la teneur en protéines. Dans la mesure où la mélamine présente un taux élevé d’azote, ces tests interprètent cette teneur en azote comme équivalant à la teneur en protéines. Par conséquent, si le lait a été dilué avec de l’eau et que de la mélamine a été ajoutée, le fait de mesurer la teneur en protéines en fonction uniquement de la teneur en azote ne permet pas de prendre en compte l’adjonction d’eau. Toutefois, il existe d’autres méthodes pour évaluer la teneur en protéines d’une denrée alimentaire qui ne reposent pas sur la mesure de la teneur en azote. Lorsque ces tests sont appliqués, ils ne révèlent pas l’augmentation de la teneur en azote due à la présence de mélamine. Dans le cas de lait dilué avec de l’eau, ces tests détectent une teneur en protéines réduite.

Toxicité de la mélamine

Les données sur la toxicité de la mélamine sont rares, mais des études effectuées sur les animaux indiquent une toxicité faible. Il n’existe pas d’études portant sur l’espèce humaine. Plusieurs analyses des informations disponibles ont été effectuées par l’OMS, l’USFDA/USDA et l’AESA. Les conclusions de ces études sont disponibles grâce aux liens suivants:

Après la révélation en 2007 de la contamination par la mélamine d’aliments destinés à des animaux de compagnie, les États-Unis et l’Union européenne ont fixé des doses journalières tolérables provisoires pour la mélamine. Sur la base d’une évaluation provisoire de la sécurité sanitaire et des risques liés à la mélamine et à des analogues structuraux, l’USFDA a fixé une dose journalière tolérable (DJT) de 0,63 mg par kg de poids corporel et par jour. L’Autorité européenne de sécurité sanitaire des aliments a recommandé pour sa part une DJT de 0,5 mg par kg de poids corporel et par jour.

Aliments contaminés

La liste des aliments contaminés du fait de l’adultération du lait par de la mélamine en Chine est loin d’être close. D’après les informations disponibles à ce jour, ce sont les préparations pour nourrissons en poudre qui semblent les plus touchées. Toutefois, d’autres produits à base de lait sont également concernés. Les autorités chinoises ont indiqué que le lait liquide, les crèmes glacées à base de yoghourt et les boissons au café en boîte peuvent aussi contenir de la mélamine. De nombreux autres pays ont effectué des analyses sur des bonbons et d’autres friandises à base de produits laitiers importés et ces produits seraient aussi contaminés. À ce jour, seuls des nourrissons et de jeunes enfants ayant consommé des préparations pour nourrissons en poudre contaminées sont tombés malades. Aucun cas de maladie dû à la consommation d’autres produits contaminés n’a encore été signalé.

Mélamine et aliments pour animaux

En 2007, l’adultération d’aliments pour animaux de compagnie par adjonction de mélamine a entraîné la mort de centaine de chats et de chiens aux États-Unis. Cet épisode a déclenché la réalisation de tests sur d’autres aliments pour animaux et des niveaux peu élevés de mélamine ont été détectés dans des aliments pour poisson, volaille et porcs. Il n’existe pas toujours de réglementation concernant l’utilisation de la mélamine dans l’alimentation animale, dans la mesure où la nécessité d’une telle réglementation n’est apparue que récemment. Toutefois, certains pays se sont dotés d’une réglementation en la matière et n’autorisent pas l’utilisation de mélamine dans les aliments destinés aux animaux.

Voir: FDA/USDA Risk assessment

Prévention de la diffusion de produits contenant de la mélamine

Les produits adultérés par la mélamine peuvent pénétrer sur le marché par le biais d’échanges officiels ou informels. L’information sur les produits adultérés détectés a été partagée avec les autorités nationales par le biais d’INFOSAN, le réseau international FAO/OMS des autorités de sécurité sanitaire des aliments. Les produits pénétrant dans les pays par des voies officielles seront recensés et les autorités pourront vérifier les avis d’importation pour savoir si un produit infecté a pénétré dans le pays. L’inspection des importations joue un rôle critique pour assurer la sécurité sanitaire de tous les aliments importés et des incidents comme celui-ci montrent à quel point il importe de disposer d’un service d’inspection des importations fonctionnel et efficient.

Les produits faisant l’objet d’un commerce officieux sont souvent plus difficiles à repérer et les pays pourront devoir entamer des poursuites à leur propos s’il se trouve qu’ils correspondent à des produits chinois contaminés. Les autorités nationales doivent être au courant des marchés potentiels pour les produits faisant l’objet d’un commerce non déclaré dans leur pays de façon à pouvoir inspecter ces marchés et vérifier que des produits contaminés n’y sont pas vendus. Les pays doivent alerter les inspecteurs des denrées alimentaires et leur fournir les informations nécessaires pour identifier ces produits, notamment des renseignements sur le pays d’origine et sur les produits rappelés.

Mesures à prendre en cas de détection de produits contaminés

Les pays doivent surveiller de près leurs marchés pour détecter d’éventuels produits contaminés et prendre les mesures qui s’imposent sur la base d’une évaluation du risque pour le consommateur. Ces mesures peuvent varier selon le produit et l’étendue de la contamination et inclure le rappel du produit et son élimination. S’il incombe au premier chef aux autorités nationales et aux producteurs de faire en sorte que tous les produits offerts sur le marché soient sans danger pour le consommateur, les consommateurs ont eux aussi un rôle à jouer. Ils devraient s’informer de l’origine des produits qu’ils achètent et dans le doute demander ce type d’information aux détaillants. Ils devraient aussi suivre les conseils des autorités nationales concernant la présence sur le marché de produits éventuellement contaminés. En particulier, ils devraient être vigilants lorsqu’ils achètent des aliments pour nourrissons et jeunes enfants, qui sont le groupe de population le plus vulnérable.

Responsabilité en matière de sécurité sanitaire des denrées alimentaires

Les autorités nationales jouent un rôle critique dans la protection des consommateurs contre les aliments dangereux pour la santé. Une vigilance accrue s’impose lorsqu’un incident du type auquel nous sommes confrontés se produit et, à court terme, il faut absolument prendre des mesures d’inspection supplémentaires, renforcer la communication avec le secteur agroalimentaire et les consommateurs et diffuser des informations claires sur les mesures prises et des conseils à l’intention des parties prenantes.

Toutefois, les autorités nationales ne sont pas seules responsables de la sécurité sanitaire des denrées alimentaires. Il s’agit d’une responsabilité partagée entre les autorités nationales, le secteur agroalimentaire et les consommateurs. En règle générale, les autorités nationales jouent un rôle réglementaire et doivent donner des orientations et assurer l’application à l’échelle nationale des bonnes pratiques en matière d’hygiène et de fabrication. Ces avis peuvent reposer sur des normes internationales telles que les normes, les directives et les codes d’usages élaborés par la Commission du Codex Alimentarius. Le secteur agroalimentaire doit se souvenir qu’il joue un rôle essentiel dans la sécurité sanitaire des denrées alimentaires en veillant à l’application de bonnes pratiques d’un bout à l’autre de la chaîne de production. Nombreuses sont les occasions, tout au long de la filière alimentaire, de contamination accidentelle ou intentionnelle du produit. La sensibilisation de l’ensemble du secteur agroalimentaire à la sécurité sanitaire des aliments est encouragée pour prévenir de tels épisodes de contamination. Quant aux consommateurs, ils doivent aussi appliquer de bonnes pratiques en matière d’achat, de transport, d’entreposage et de préparation des aliments et suivre les conseils des autorités nationales et du secteur agroalimentaire concernant les meilleures pratiques. En s'informant, les consommateurs réduisent le risque d'être exposés à un danger transmis par les aliments.

Liens vers les pages web de la FAO pertinentes:

Normes concernant la présence de mélamine dans les denrées alimentaires

La mélamine n’est pas autorisée dans les produits destinés à l’alimentation humaine ou animale

Présence de mélamine dans les pesticides et les engrais

En tant que produit à forte teneur en azote, la mélamine serait présente dans un certain nombre d’engrais. La mélamine elle-même n’est pas utilisée comme pesticide, bien qu’elle soit reconnue comme étant l’un des produits de dégradation du pesticide cyromazine.

La cyromazine été évaluée par la Réunion conjointe FAO/OMS sur les résidus de pesticides (JMPR) en 1990, en 1992 et plus récemment en 2006 et en 2007. À sa quarantième session, en 2008, le Comité du Codex sur les résidus de pesticides a adopté un certain nombre de limites maximales de résidus pour ce pesticide sur la base des évaluations réalisées par la JMPR.

On trouvera des informations supplémentaires sur les LMR fixées pour la cyromazine sur le site web du Codex Alimentarius.

Voir la liste complète