Changement climatique, énergie et alimentation
Conférence de haut niveau sur la sécurité alimentaire mondiale: les défis du changement climatique et des bioénergies Rome, 3-5 juin 2008

PRÉSENTATION

Les perspectives mondiales et la sécurité alimentaire et énergétique

Date: 18-20 février 2008


Introduction

Les projections réalisées au niveau mondial par la FAO indiquent que la production alimentaire pourra croître suffisamment pour nourrir une population mondiale croissante et satisfaire la demande alimentaire mondiale pour les prochaines décennies. Toutefois, pour atteindre une sécurité alimentaire satisfaisante, la nourriture devra non seulement être disponible en quantité suffisante, mais aussi être physiquement et économiquement accessible aux consommateurs. Cet accès devra être stable (à travers des mécanismes permettant d’affronter les chocs d’approvisionnement ou de pouvoir d’achat, par ex.) et les consommateurs devront être en mesure d’utiliser la nourriture de façon à satisfaire à la fois leurs préférences alimentaires et leurs besoins nutritionnels.

Le niveau élevé et la volatilité des prix du pétrole ainsi que les préoccupations croissantes à l’égard du changement climatique ont relancé l’intérêt pour la bioénergie en tant que stratégie d’atténuation du changement climatique et de sécurité énergétique. Certains gouvernements ont adopté des mesures et des incitations dans le but d’encourager le développement de biocarburants liquides, notamment le bioéthanol et le biodiesel. Les biocarburants offrent un certain nombre d’avantages potentiels par rapport aux carburants fossiles, mais des inquiétudes se sont manifestées quant aux effets négatifs potentiels de cette production à l’égard de la sécurité alimentaire et de l’environnement.

In terms of food security, the growing use of food grains, sugar, oilseed and vegetable oils to produce fossil fuel substitutes (e.g. ethanol and biodiesel) is affecting some commodity prices and, through higher animal feed costs, the prices for livestock products. Higher and more volatile commodity prices can worsen food insecurity for households that spend a significant portion of their income on food. At the national level, net food importers may see their food import bills rising. On the other hand, higher commodity prices can be beneficial for some producers and represent a significant new source of income for farmers who are able to take advantage of the opportunities, provided that appropriate policies and governance mechanisms are in place and applied. Furthermore, improved technologies to produce biofuels are rapidly evolving and will likely shift the comparative advantages among some producing countries.

En termes de sécurité alimentaire, l’utilisation croissante de céréales alimentaires, de sucre, de graines oléagineuses et d’huiles végétales pour produire des substituts aux carburants fossiles (comme l’éthanol ou le biodiesel) affecte les prix de certaines matières premières et – à travers l’augmentation des prix des produits d’alimentation des animaux – le prix des produits animaux eux-mêmes. L’augmentation et la volatilité des coûts des matières premières peuvent aggraver l’insécurité alimentaire des ménages qui dépensent une part importante de leurs revenus en achat de produits alimentaires. Au niveau national, les importateurs nets de nourriture peuvent voir leurs facteurs d’importations alimentaires augmenter. D’autre part, le renchérissement des matières premières peut bénéficier à certains producteurs et constituer une nouvelle et importante source de revenus pour les agriculteurs en mesure de tirer parti des opportunités, à condition que des politiques et mécanismes de gouvernance appropriés soient élaborés et appliqués. De surcroît, les technologies de production des biocarburants évoluent rapidement et modifieront sans doute les avantages comparatifs de certains pays producteurs.

En termes d’environnement, les biocarburants disposent du potentiel qui permettrait d’atténuer les émissions de gaz à effet de serre, mais ils pourraient aussi contribuer à leur augmentation, selon la façon dont ils sont produits. Le changement climatique peut, quant à lui, affecter les quatre dimensions de la sécurité alimentaire. Les effets négatifs les plus immédiats porteront sur les moyens d’existence, avec l’intensification d’évènements climatiques extrêmes, ainsi que sur les infrastructures de production et de répartition alimentaire. Des conséquences moins immédiates, mais peut-être plus importantes, sont prévisibles, compte tenu des changements attendus dans les moyennes de températures et de précipitations et de l’aggravation de la variabilité climatique. Ces phénomènes auront enfin des conséquences sur qualité de la terre, pour différents types de cultures et de pâturages, sur la santé et la productivité des forêts, sur l’incidence et les vecteurs de différents types d’organismes nuisibles et de maladies, et sur d’autres facteurs encore. Le changement climatique aura donc probablement des conséquences importantes sur toute une série de facteurs essentiels au bien-être humain et il est clair, à cet égard, qu’une meilleure compréhension de l’interaction entre les biocarburants et le changement climatique est nécessaire.

Une autre considération importante, concernant à la fois l’environnement et la sécurité alimentaire, porte sur la gestion et l’utilisation durables des ressources naturelles pour s’assurer que la terre, qui produit des biens et services environnementaux essentiels – comme la préservation de la biodiversité et les avantages des bassins versants – n’est pas menacée par l’adoption de cultures non durables liées à la production d’énergie. Si le développement des biocarburants durables est réalisé en veillant à assurer un meilleur accès aux services d’énergie dans les zones rurales, il pourrait stimuler la croissance économique au niveau local, national et mondial. Plusieurs questions importantes se posent à cet égard, et notamment: quelles garanties faut-il prendre, en matière d’environnement et de sécurité alimentaire, pour assurer une production durable de biocarburants ? Jusqu’à quel point le développement des biocarburants sera-t-il socialement acceptable ? Jusqu’à quel point les pays développés comme les pays en développement auront-ils besoin de réformer leurs mécanismes politiques et leurs modes de gouvernance pour se conformer à ces normes ?

Questions clés

  • Quels seront les principaux moteurs du changement en matière de sécurité alimentaire et énergétique au niveau mondial et régional, à long terme (2050) ? ?
  • Comment le changement climatique et l’accroissement de la demande de biocarburants affecteront l’agriculture, les systèmes alimentaires et la sécurité alimentaire à long terme ? et comment ces effets varieront-ils entre les pays (et au sein de chacun d’entre eux) en fonction de leurs ressources et leurs caractéristiques de développement?
  • Quelles sont les principales options politiques au niveau national et international pour faire face à ces impacts?  

Résultats attendus

  • Un document technique de travail, basé sur les contributions à la réunion d’experts, synthétisant les connaissances disponibles sur les perspectives mondiales en matière de carburants et la sécurité alimentaire.
  • Une note de problématique, présentant les options disponibles, soulignant les considérations pour les décideurs, précisant le rôle de la FAO et proposant des messages clés pour la Conférence de haut niveau sur la sécurité alimentaire mondiale et les défis du changement climatique et de la bioénergie, prévue en juin 2008.
  • Un réseau renforcé de collaboration dans la perspective des soutiens que la FAO apportera à ses pays membres.