One Health dans le bassin du Congo
La FAO lance un nouveau projet INFORBIO avec le Fond Mondial pour la Nature

Le Fonds mondial pour la nature (WWF) utilise des pièges photographiques pour identifier la présence d'animaux sauvages à Dzanga Sangha, en République centrafricaine.
©WWF-DE
Plus les êtres humains empiètent sur les forêts tropicales primaires de notre planète, plus les barrières naturelles qui nous protègent des maladies transmises par les animaux sauvages disparaissent. Jusqu'à 75 % de toutes les nouvelles maladies infectieuses humaines sont des zoonoses transmises par les animaux.
En collaboration avec le Fond Mondial pour la Nature (WWF), l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et les partenaires du projet s'efforcent de renforcer les barrières naturelles aux maladies infectieuses grâce à de meilleures informations et stratégies de gestion et de protection des forêts abritant une faune importante, ainsi que la mise en œuvre d’un système d'alerte précoce pour prévenir la propagation des maladies infectieuses. Ce nouvel effort est un programme pluriannuel nommé INFORBIO (INtact and effectively managed FORests and BIOdiversité - Des forêts intactes et efficacement gérées comme barrières naturelles pour atténuer le changement climatique et le risque de propagation de pathogènes) soutenue par le ministère Fédéral Allemand de l'Environnement, de la Protection de la Nature, de la Sécurité Nucléaire et de la Protection des Consommateurs dans le cadre de l'initiative internationale sur le climat (IKI).
La deuxième plus grande forêt tropicale contiguë du monde se trouve au cœur du bassin du Congo. Elle abrite des éléphants de forêt, des gorilles des plaines, des léopards, des hippopotames, des rongeurs rares et des centaines d’espèces de simiens et de chauves-souris. Elle soutient également les moyens de subsistance de millions d’êtres humains grâce aux ressources naturelles et aux services écosystémiques, notamment pour atténuer les effets du changement climatique. Cette forêt est également considérée comme un point chaud pour les zoonoses. La conversion de la forêt naturelle à l’agriculture, l’établissement de plantations d’hévéas et d’huile de palme, le besoin croissant provenant du monde entier de bois et de minéraux menacent cet écosystème et constituent la principale cause de nouvelles épidémies.
D’ici 2030, 30 % de la planète devrait être protégée de façon efficace, selon l’objectif 30x30 du Cadre mondial pour la biodiversité de l’ONU. Cet objectif ne peut pas être atteint uniquement par le biais de zones protégées traditionnelles telles que les parcs nationaux. L’utilisation durable et les mesures de conservation locales dans des zones écologiquement importantes comme le bassin du Congo peuvent combler cette lacune. Ainsi, d’ici 2030, INFORBIO envisage de protéger un réseau de 100 000 hectares de forêts dans le bassin du Congo grâce à une meilleure gestion, la restauration et autres mesures de conservation efficaces (OECM) – non seulement comme habitats précieux pour des espèces menacées et endémiques, mais aussi pour les écosystèmes forestiers naturels résilients qui constituent une barrière importante contre les épidémies.
Système d’alerte précoce pour les zoonoses
« Si nous découvrons les causes des décès d’animaux à leur source, nous pouvons prévenir les maladies dans le monde entier », explique Frédéric Stéphane Singa. Vétérinaire spécialisé dans la faune sauvage, il est actuellement le seul dans tout le pays qui travaille pour le WWF à Dzanga-Sangha, une grande zone protégée et site du patrimoine mondial de l’UNESCO en République centrafricaine.
Singa a été alerté par un garde forestier qui lui a signalé la carcasse d’une antilope bongo. « Il est possible qu’un pathogène jusqu’alors inconnu se cache dans les forêts, ce qui pourrait être le début de la prochaine pandémie. » Afin de comprendre et empêcher la propagation d’infections dangereuses, l’Institut Helmholtz pour One Health (HIOH) soutiendra le fonctionnement et l’expansion des laboratoires de terrain et apprendra aux gardes forestiers locaux comment prélever des échantillons d’animaux sauvages.
FAO met actuellement en place un portail de données complet qui rassemblera toutes les informations pertinentes provenant des différents partenaires et de diverses sources. Il s'agit notamment des résultats des analyses de laboratoire, de la biosurveillance, des observations des forêts par les communautés, intégrées aux données de télédétection en temps quasi réel sur la déforestation en provenance de SEPAL.
Cela permettra aux partenaires de croiser les données sanitaires et les données sur l'utilisation des terres, afin d'évaluer les indications de risque zoonotique. En outre, les régions situées en dehors des zones protégées qui méritent une gestion particulièrement améliorée, telles que les corridors fauniques cruciaux et les zones à forte perte forestière, pourront être identifiées.
Avec la création d’OECM, la mise en œuvre d’un système d’alerte précoce et l’implication des communautés locales, le projet peut favoriser des forêts saines et intactes qui protègent la santé et favorisent un meilleur climat pour tous dans le monde.