>> French version <<

Avant toute intervention, il est nécessaire de vous féliciter pour l'ouverture de cette discussion en ligne. En tant qu'acteur de développement agricole et rural dans une ONG Internationale et avec une certaine expérience en Afrique de l'Ouest, je pense que l'une des vrais limites et la problèmatique du développement agricole et la lutte contre la faim réside dans les politiques agricoles en elles mêmes. Aux réponses à vos questions, je dirai:

1. Quelle gouvernance régionale effective et efficiente pour la Sécurité Alimentaire et la Nutrition en Afrique de l’Ouest?

En matière de gouvernance régionale, il y a par moment une disparité entre les politiques agricoles de la CEDEAO, du CILSS, de la CENSAD et du NEPAD et celles des politiques nationales. Il faut une nécessaire et vitale convergences de ces politiques qui sont des références pour les acteurs étatiques et non étatiques que nous sommes.

En même temps, il y a l'Accord de Partenariat Economique entre l'UE et la CEDEAO dont on a l'impression qu'il est beaucoup plus orienté vers les intérêts de l'UE que des Etats de la CEDEAO. Malgré les contributions des OSC et des Organisations paysannes comme le ROPPA, une telle ouverture de notre marché agricole sans un minimum protection des agriculteurs familiaux ne peut qu'être un désastre quand on sait que les Européens sont enclins à détruire des stocks alimentaires pour maintenir les prix de leurs producteurs.

Donc il faut une réelle et franche collaboration et convergence entre ces politiques et un observatoire de l'impact de toutes ces politiques agricoles sur l'agriculture dans la zone CEDEAO et d'en apporter les solutions palliatives.

Cette gouvernance Régionale et surtout au niveau nationale devrait être basée sur les réalités des pays et de la Région et non se focalisé sur les financements des différents donateurs. Les politiques doivent être souveraines et guider les programmes de développement agricoles et de lutte contre la faim. Et ce sont ces programmes s'inspirant des politiques qui devraient pouvoir s'aligner sur les missions de donateurs mais malheureusement il est commun d'entendre des décideurs dire "qu'ils sont obligés d'aligner les politiques agricoles sur les exigences des bailleurs de fonds". Dans ce cas le rôle d'anticipation et de définition des visions propre à la Région telle "Zéro faim dans la zone CEDEAO" propre à nos Etats porteront les germes de leur limites car les exigences des bailleurs sont dynamiques et les politiques agricoles ne doivent pas changer du jour au lendemain sans évaluation préalable.

2. Quel rôle et quelle place pour les OSC/acteurs non étatiques (niveau de représentation et participation aux décisions) dans le dispositif institutionnel de mise en œuvre de l’ECOWAP et des politiques agricoles et de SAN en général tant au niveau national que régional?

Les OCS et notamment les organisations paysannes doivent jouer un rôle centrale dans le dispositif institutionnels car très souvent les Etats sont limités par des exigences qui influencent négativement leurs actions mais les OSC peuvent dans ce cadre de figure être le rempart et avoir la liberté de parole et d'action basée sur les réalités locales et régionale.

Il ne faut commettre l'erreur d'implication passive et de consultation seulement mais plutôt un rôle de participation active et leur donner les moyens nécessaires pour leurs actions notamment des organisations faitières Régionales et Nationales. Malgré des efforts qui sont faits il ressort très souvent que pour contenter des donateurs on travaille à éviter les OSC de s'exprimer en connaissance de cause (lecture et consultation des documents en avance avant toute rencontre de concertation) et à les impliquer de façon furtive et avoir leur nom sur la liste de présence des comptes rendus d'atelier/conférence e réunions. Ce jeu de cache - cache doit faire place à une franche et ouverte collaboration entre les OSC/Acteurs non étatiques et les acteurs étatiques et Régionaux.

3. Quelle plateforme multi-acteurs et multi-secteurs pour faciliter le dialogue et les négociations sur les politiques, programmes et investissements, la redevabilité, etc. ?

Le problème est que très souvent les plateformes multi acteurs mais pas multi secteurs. Je me suis souvent retrouver dans des cadres nationaux de concertation et de négociation sur le développement agricole avec beaucoup d'acteurs très limité dans la connaissance des sujets en débats et cela est aussi une des grosses limites des OSC/Acteurs non étatiques. Pour ce faire il faut corriger la représentation et la représentativité aux différents dialogues et consultation par des personnes bien informées et avec les compétences techniques et professionnelles pour apporter un contribution efficace et non se borner à des réactions qui ne font pas avancer les dossiers. En tant qu'acteur de la société civile, j'insiste que cela est un impératif à prendre en compte.

Les plates formes et autres cadre de concertations doivent accorder des places aux ONG/Associations de développement, aux Organisations paysannes, au secteur privé, aux syndicats de travailleurs dans une diversité sectorielle selon les réalités nationales et sous régionale.

Merci

>> English translation <<

Before any intervention, I would like to congratulate you for opening this online discussion. Being an actor in rural and agricultural development in an international NGO and with some experience in West Africa, I believe that some of the real limits and problems for agricultural development and the fight against hunger stem from the agricultural policies themselves. In answer to your question, I will say:

1. What will be an effective and efficient regional governance for Food Security and Nutrition in West Africa?

In terms of regional governance, there is at the moment a disparity between the agricultural policies of ECOWAS, CILSS, CENSAD and NEPAD and certain national policies. It is necessary if not vital that the policies which are a reference for state and non-estate actors such as we are should be harmonized.

At the same time, there is an Economic Partnership Agreement between the EU and ECOWAS which gives the impression that it is more orientated towards the interest of the EEC than to the ECOWAS states.  In spite of the contributions of civil society and farmers organizations like ROPPA, the opening up of our agricultural market without a minimum protection for family farmers cannot but be a disaster when we know that the Europeans are inclined to destroy food stocks in order to maintain the prices of their producers.

Therefore, a real and frank collaboration and convergence is required for these policies together with observation of the impact of all these agricultural policies over agriculture in the ECOWAS area in order to provide palliative solutions.

Regional governance, especially at the national level, should be based on the real situations of the countries and the Region and not focused on the funding of the different donors. The policies must be sovereign and guide the programs for agricultural development and the fight againt hunger. And it is these programs, derived from the policies, which should be aligned on the donor missions, but unfortunately, it is common to learn that the decision makers say "that they are forced to align the agricultural policies with the demands of the donors of funds." In this case, the roles of creation and definition of visions belonging to the Region, such as Zero Hunger in the ECOWAS area, adopted by our states, bear within them the seeds of their own limitations because the demands of their funders are changeable whereas agricultural policies should not change from one day to the next without a prior assessment.

2. What role and which place will have the non-state actors /civil society organizations (level or representation and participation in the decisions) in the institutional system of implementation of the ECOWAP and the agricultural policies and the NFS [National Food Security] in general both at national and regional level?

The civil society organizations and in particular farmers organizations must play a central role in the institutional apparatus, because very often the States are limited by obligations that have a negative influence on their freedom of action, but the civil society organizations can, figuratively speaking mount the ramparts and have freedom of speech and action based on regional and local realities.

One should not commit the error of solely passive involvement and consultation but rather have an actively involved role, giving them the means required for their actions, especially the Regional and National operational organizations.

Despite the efforts made, very often it emerges that to keep the donors happy we work to prevent the civil society organizations from expressing themselves based on prior knowledge of the case in point (prior reading and consultation of documents before any joint meeting) and to involve them in a furtive fashion and to have their names on the attendees lists   for reports given on conferences, workshops and meetings. This game of hide and seek should give way to frank and open collaboration between civil society organizations/non state actors and state and Regional actors

3. Which multi-actors and multi-sector platform should be used to facilitate dialogue and negotiations on policies, programs and investments, accountability, etc.?

The problem is that very often the platforms are multi-actors but not multi-sector. I have very often found myself in national organizations for meeting and negotiation on agricultural development where many of those involved had very limited knowledge of the topics of debate and that is also one of the main limits of civil society organizations and non-estate actors. To do this, we must correct the representation and required qualifications at different dialogues and consultations to include people well informed and with the technical and professional competences to make an efficient contribution and not be restricted to reactions that do not move things forward. As an actor for civil society, I insist that this absolutely must be taken into account.

The platforms and other frameworks of meetings must award places to NGOs, /development associations, farmers’ organizations, private sector and workers unions with a diversity of sectors according to national and sub-regional realities.

Thank you.