Les feutrines de l’artisanat montagnard: le dernier cri de la mode?
Une créatrice de mode Italo-haïtienne et des femmes kirghizes travaillent ensemble pour proposer des modèles traditionnels sur le marché international
Des montagnardes du Kirghizistan collaborent avec la créatrice de mode italo-haïtienne Stella Jean pour proposer à la mode internationale leurs feutrines traditionnelles. ©FAO/Mirbek Kadraliev
Au Kirghizistan, où les températures hivernales peuvent descendre jusqu’à -40, le feutre est indispensable pour se préserver du froid et occupe une place centrale dans la culture locale. C’est le matériau traditionnel servant à décorer les yourtes et confectionner des couvertures et des vêtements. L’art de fabriquer le feutre est transmis de génération en génération, de mère en fille, depuis des siècles.
«Autrefois, le feutre était considéré comme un matériau sacré dans notre culture. Selon une vieille croyance, il nous protégeait des mauvais esprits et des forces ennemies, autant que du froid extrême», évoque Mme Zhamilya Mambetkulova, soixante-cinq ans, enseignante dans une école de village à Barskoon dans l’Issyk-Kul, région de l’extrême nord-est du Kirghizistan. Cette spécialiste de la dentelle et des modèles traditionnels de vêtement et de parure enseigne son art aux jeunes filles du pays depuis 40 ans.
En 2017, elle a créé avec d’autres femmes kirghizes un groupement nommé Topchu, composé d’artisanes qui s’emploient à produire et commercialiser ensemble des soieries et des articles de feutrine.
«Nous utilisons des motifs kirghizes traditionnels pour créer des textiles, des tapis, des vêtements, des étoles de soie et des tapisseries ornées de feutre. Nous les commercialisons ensuite dans des magasins et des boutiques de la ville de Bishkek, et parfois à l’international. Topchu compte aujourd’hui une quinzaine d’artisanes», nous dit Zhamilya.