FAO à Haïti

Les solutions sociales, financières et agricoles soutiennent la résilience des ménages dans le Nord‘Est

24/11/2022

La FAO définit la résilience comme « la capacité à prévenir les catastrophes et les crises ainsi qu’à anticiper, absorber les chocs et adapter ou rétablir la situation d’une manière rapide, efficace et durable. Cela comprend la protection, la restauration et l’amélioration des systèmes des moyens d’existence face à des menaces ayant un impact sur l’agriculture, la sécurité nutritionnelle et alimentaire et la sécurité des aliments ». C’est en s’appuyant sur cette compréhension de la résilience que la FAO en Haïti, en partenariat avec le Gouvernement haïtien et avec le soutien financier de l’Union européenne a lancé le projet « Amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et renforcement de la résilience des populations vulnérables du département du Nord ‘Est » en juillet 2021.

Depuis plus d’une décennie, le peuple haïtien connait une augmentation progressive des chocs et des crises qui l’affecte. D’origines humaines pour la plupart, ces chocs sont souvent de nature économique et s’accompagnent de troubles socio-politiques qui entraînent des conséquences importantes sur la vie de la population. En outre, les catastrophes naturelles font partie du lot de difficultés auxquelles est confronté Haïti. Parmi les régions du pays les plus affectées par l’ensemble de ces crises, le département du Nord ‘Est est une région frappée par une série de catastrophes naturelles, notamment l’ouragan Irma (2017). Ce département a également connu de longues périodes de sécheresse durant l’année 2017 et entre 2019 et 2020.

Classifié en phase 4 du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) sur la période allant de juin 2022 à janvier 2023, le département du Nord ‘Est est en situation d’urgence alimentaire, ce qui constitue une régression très inquiétante compte tenu que la région était en phase 3 « crise » depuis 2017. Actuellement, 55% de la population connait la faim dans le département et nécessite une action urgente.

Après maintenant plus d’un an d’opérationnalisation, et malgré les défis réguliers auquel le pays a fait face depuis son lancement, ce projet prévu pour une durée de 36 mois est désormais bien engagé. L’approche adoptée dans le cadre de sa mise en œuvre est celle des « caisses de résilience ». Cette dernière est un concept initié par la FAO dans plusieurs pays d’Afrique qui permet de couvrir simultanément trois angles clé de la résilience a savoir : les capacités communautaires, financières et productives. Les « caisses de résilience » comportent également un volet de renforcement des institutions nationales dans la mise en œuvre de politiques clés.

L’appui aux capacités productives passe aussi par les Champs école paysan chers à la FAO et au Ministère de l’agriculture. Cette méthode d’éducation est fondée sur une approche participative et non formelle des adultes– le champ constitue la salle de classe et l’apprentissage se fait par la pratique, l’expérimentation, l’observation, les discussions et la réflexion. Un exemple réalisé au cours de la première année de mise en œuvre, est l’appui à 12 Groupements de Production Artisanale de Semences (GPAS), en partenariat avec le Service National Semencier (SNS), une entité du MARDNR.

Cent quatre-vingts membres des 12 GPAS ont ainsi été formés sur les techniques de production, le conditionnement et le stockage de semences et de matériel végétal de plantation. Suite à cette formation, les groupements ont reçu des boutures de manioc, de patate douce, d’arachide de riz de variété locale « Jaragua » pour en assurer la multiplication de semences, ainsi que des silos métalliques pour assurer la conservation post-récolte. Certains groupements ont aussi reçu des semences de haricot noir, variété DPC-40. Les productions des GPAS fourniront dès la saison prochaine, des semences de qualité dans le Nord ‘Est, et permettront un approvisionnement local de semences de qualité, de variétés adaptées et contribueront ainsi à la disponibilité de quantité suffisantes et à un prix abordable de semences sur le marché local.

Le soutien aux capacités financières, outre l’augmentation des revenus par l’appui technique lié aux capacités productives pour l’adoption d’activités génératrices de revenus, passe également par l’appui aux Associations Villageoises d’Épargne et de Crédit (AVEC). Les capacités communautaires se font notamment à travers le soutien à une bonne nutrition (jaden lakou, formation sur la nutrition) et l’approche communautaire des clubs Dimitra. Ces derniers sont des groupes de femmes, d’hommes et de jeunes ruraux qui s’organisent, discutent de leurs problèmes de développement, trouvent des solutions et prennent des mesures collectives pour améliorer leurs moyens de subsistance et prennent le contrôle de leur propre vie.

Ce projet est implémenté en étroite collaboration avec le MARDNR, la CNSA, la Direction Départementale Agriculture du Nord ‘Est (DDA-NE), les Bureaux Agricoles des Communes d’intervention. Il est aligné sur la Politique Nationale Semencière et la PSNSSANH.