Action contre la désertification

Le 20 mai 2020 - Journée mondiale des abeilles: les abeilles engagées dans la restauration des terres dégradées

Les activités de renforcement de la filière apicole du projet Action Contre la Désertification ont permis de soutenir la restauration les terres dégradées, améliorer la biodiversité et les revenus des communautés locales


20/05/2020

Les abeilles, les arbres et les paysages sont interdépendants. Les abeilles sont dépendantes d’habitats bio-diversifiés pour se nourrir, et sont elles-mêmes indispensables à la pollinisation de nombreuses plantes et arbres, et pour la régénération d’écosystèmes sains. L’apiculture améliore la pollinisation de plantes sauvages et cultivées, et augmente les rendements agricoles. La gestion des abeilles pour la production de miel et d’autres produits apicoles apporte des revenus et contribue à la nutrition des populations rurales, et favorise ainsi la protection des paysages et la gestion durable des arbres, arbustes et herbacées à fleurs.

Ce lien symbiotique est la raison pour laquelle le programme Action Contre la Désertification (ACD), une initiative conçue pour mettre en œuvre des activités de restauration des terres pour la combattre la réduction de la biodiversité et la désertification, appuie également les apiculteurs en Afrique, dans les Caraïbes et dans le Pacifique. En soutenant les apiculteurs dans leurs efforts de bonne gestion des colonies mais également de production et de vente de miel, ACD ambitionne de renforcer la résilience des communautés rurales. Parallèlement, les activités de restauration des terres mises en œuvre avec les communautés se basent entre autres sur l’utilisation d’espèces mellifères arborées et arbustives telles qu’Acacia mellifera, Acacia senegal, Acacia seyal, Balanites aegyptiaca, et Ziziphus mauritiana. Ce choix permet non seulement de renforcer la filière apicole et de stimuler les revenus mais également d’améliorer la biodiversité à l’échelle du paysage.

Renforcement de la filière apicole et amélioration de la biodiversité à Grand’Anse, Haïti

Dans de nombreuses communes de Grand’Anse en Haïti, l’apiculture est pratiquée depuis longtemps avec des ruches traditionnelles en terre et paille. En 2016, ACD a apporté son soutien à 60 producteurs et apiculteurs de Bonbon et de Cap-Haïtien, à travers la formation sur le traitement des parasites des abeilles, la conservation de colonies locales, l’élevage de reines de grande qualité et la gestion des ruches, le tout avec un appui en équipement moderne et adapté au contexte local.

« La mise en œuvre de bonnes pratiques de traitement du varroa, un parasite des abeilles domestiques, m’a permis de limiter fortement les pertes de production. J’ai également une meilleure compréhension de l’organisation des colonies d’abeilles, ce qui m’a permis d’améliorer la production des reines et de choisir des cellules plus productives et efficientes. » explique Hilarion Célestin, 44 ans, apiculteur et père de trois enfants.

« Auparavant je récoltais environ 190 litres par an. A présent je récolte 1 500 litres, ce qui correspond à 1 200 000 gourdes, soit 13 300 dollars. Ce revenu m’a permis de construire ma maison, prendre soin de ma famille et acquérir de nouvelles terres » affirme Célestin.

Sur quelques années, ACD a transformé l’apiculture dans la zone en une filière lucrative. Ensemble, les producteurs ACD, dont Hilarion, ont récolté 15 000 litres de miel en trois ans. Certains de ces apiculteurs ont augmenté leur nombre de ruches et font au moins deux ou trois récoltes par an.

Avec l’appui d’ACD, Célestin et 29 autres apiculteurs se sont regroupés en association de producteurs afin de réduire les coûts et améliorer le potentiel de commercialisation. Une structure permanente a été établie pour la manutention, le conditionnement et l’étiquetage de leur miel. Ensemble, ils partagent les coûts du matériel, des emballages et des étiquettes. Leur souhait est d’améliorer leurs ventes en vendant le miel sous une étiquette commune ce qui permettrait d’améliorer la traçabilité de leur production et gagner la confiance du consommateur.

« En nous organisant, nous avons amélioré notre visibilité sur les marchés nationaux et locaux » explique ainsi Hilarion.

ACD a permis la restauration de plus de 30 hectares de terres autour des ruches, y compris avec des essences mellifères, afin de créer un environnement favorable à l’apiculture dans la région. Un total de 11 600 hectares de terres dégradées ont été restaurés dans le Département de Grand’Anse depuis le démarrage d’ACD il y a quatre ans.

L’association des apiculteurs de Bonbon espère pérenniser son travail en collaboration avec d’autres organisations d’apiculteurs dans le département par le développement d’un label géographique spécifique. Ceci permettrait aux apiculteurs d’étendre la commercialisation de ce miel régional.

« Le projet m’a véritablement permis d’améliorer mes conditions de vie, tout comme la gestion durable de nos ressources naturelles. La restauration des terres a été le moteur de ce renouveau » confie Hilarion.

Restauration des terres et amélioration des moyens d’existence à Fiji

A Fiji, la dégradation des terres provoque la perte de plus de 50 tonnes de terres par hectare chaque année par érosion, ce qui équivaut à plus de quatre fois la moyenne observée en zone tropicale. ACD travaille avec 64 communautés à travers le pays pour restaurer les terres dégradées. Ce travail va de pair avec l’amélioration des moyens d’existence et des filières locales, y compris celle de l’apiculture.

Avec le soutien d’ACD, le Ministère de l’Agriculture de Fiji a formé des apiculteurs dans sept villages sur les meilleures pratiques apicoles et la co-gestion des ruches par les groupements féminins et de jeunes.

« Cette formation est gagnant-gagnant pour les villages et pour l’environnement car la communauté en tire un bon revenu, et c’est également un incitant pour la protection et la gestion des plantes à fleur » indique Maika Daveta, Coordonnateur national de ACD aux Fidji.

« Le miel constitue un produit idéal. Il peut être consommé localement, et est à cet égard une alternative plus saine que le sucre. Mais il a également une valeur écologique à travers les abeilles et la pollinisation des zones environnantes » ajoute Daveta.

La formation a également couvert les aspects de création d’entreprise, et les apiculteurs ont reçu du petit matériel tels que des ruches, des outils, des vêtements de protection et du matériel de stockage. Ces mêmes communautés sont celles ayant été impliquées dans les activités de restauration des terres dégradées par la plantation d’espèces locales et riches en nectar telles que le qumu (Acacia richii), le tiri (Rhizophora mangle, ou palétuvier), le yasiyasi (Santalum yasi) ou encore le tamarin (Tamarindus indica). Depuis 2016, des plantations ont été effectuées sur plus de 1 100 hectares de terres dégradées aux Fidji afin de les restaurer et accroître leur productivité.

Partenaire de longue date de la Grande Muraille Verte africaine qui vise à lutter contre le changement climatique, la perte de biodiversité et la désertification, et d’aider à renforcer la résilience des populations des terres arides, Action Contre la Désertification est appuyé financièrement par l’Union Européenne. Grace à son approche éprouvée, ACD étend ses activités aux Caraïbes et au Pacifique, par des interventions qui combinent la restauration des paysages avec des espèces locales et le développement de filières au profit des communautés rurales.