La FAO renforce la résilience des communautés agricoles et pastorales à travers la récupération mécanique des terres dégradées
Au Niger, les agriculteurs et éleveurs perdent chaque année près de 100 000 hectares de terres sous l’effet de la dégradation. Une telle situation limite leurs espaces d’activités productives et leur espoir d’atteindre la souveraineté alimentaire et nutritionnelle. La dégradation continue des terres explique, en grande partie, les déficits céréaliers et fourragers cycliques dans le pays exposant ainsi les ménages d’agriculteurs et d’éleveurs à des crises alimentaires récurrentes.
Dans son rôle d’appui aux efforts du Niger dans le développement de systèmes agroalimentaires plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables pour améliorer la production, la nutrition, l’environnement et les conditions de vie en ne laissant personne de côté, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à travers son programme Action Contre la Désertification (ACD) s’est investie dans la restauration des terres dégradées à des fins agricoles et pastorales en soutien à la mise en œuvre de la Grande Muraille Verte (GMV). Cet appui se concentre sur les actions de récupération des terres dégradées, leur ensemencement, l’entretien des plants, la structuration des communautés bénéficiaires en comité de gestion, le renforcement des capacités des membres sur la vie associative, la gestion et la commercialisation, la répartition des bénéfices issus de l’exploitation des sites et le réseautage.
Au total, la FAO a aidé à récupérer et exploiter plus de 20 000 hectares répartis sur 55 sites dans les régions de Tillabéri et Tahoua et Dosso. Le travail mécanisé du sol est réalisé avec une charrue Delfino d’une capacité de plus de 15 hectares par jour. Cette machine confectionne des demi-lunes favorisant l’infiltration et le stockage de jusqu’à 1000 litres d’eau de pluie dans le sol, ce qui donne le maximum de chance aux arbres, arbustes et fourrages de grandir et survivre au cours des premiers mois après la plantation.
L’unité tracteur-charrue Delfino est devenue un outil central dans la collaboration FAO-Agence Nationale de la GMV car elle permet de traiter des grandes superficies et de réduire durablement le travail manuel du sol. L’autre qualité de la charrue Delfino est qu’elle traite les superficies avec rapidité et efficacité. Sa maintenance est la responsabilité de la FAO.
Sur le site de Awanchalla de Bagaroua dans la région de Tahoua, les communautés se disent impressionnées la charrue Delfino qui a récupéré en très peu de temps 100 hectares dans une localité où la main d’œuvre se fait de plus en plus rare. « Notre rêve vient d’être réalisé, celui de voir notre site récupéré par cet engin. Cette superficie, nous l’avons abandonnée pendant des décennies car elle était impropre à la pratique de l’agriculture et de l’élevage. Le travail de la Delfino est impressionnant, rapide et permet de gagner du temps. Les demi-lunes confectionnées sont plus améliorées que celles que nous réalisons avec la main. » a confié Bizo Abarchi, âgé de 63 ans, marié et père de 19 enfants dont 8 filles, habitant de Awanchalla, représentant du chef de village.
Pour Issa Matto, 32 ans, marié et père de trois enfants dont une fille, bénéficiaire du site récupéré de Awanchalla « avec ce site récupéré, fini ma souffrance de migrant, ce site récupéré me permettra de me fixer au village. Avec l’appui de la FAO, nous allons produire des fourrages à vendre, une activité très rentable dans notre zone pastorale. En plus, nous allons bénéficier d’un apport en plants selon les variétés que nous avions choisies, nous allons les entretenir jusqu’à profiter des fruits pour les commercialiser. Avec ces travaux qui augmentent notre espace de culture, je reprends espoir que ma vie va changer positivement d’ici peu ».
Pour assurer l’entretien et le bénéfice durable de ce site « nous comptons donner le meilleur de nous-mêmes. Nous avons déjà mis en place le comité de gestion. Nous avons réfléchi sur tout le dispositif pour réussir l’exploitation, la commercialisation, la répartition des bénéfices, la collaboration avec les autorités communales, la prévention et la gestion de conflit entre les exploitants et avec les populations localement. » a affirmé Abdoul Moumouni Djimraou, âgé de 25 ans, marié et père de deux enfants dont une fille.
En favorisant l’utilisation mécanique de la charrue Delfino pour la reprise des labours des terres dégradées à grande échelle, grâce au projet K4GGWA financé par l’Union européenne, la FAO crée les conditions favorables à la réalisation de la Grande Muraille Verte au Niger et le renforcement de la résilience des communautés agricoles et pastorales.