Comprendre les moyens d'existence pour réussir la restauration des terres dégradées à grande échelle à Djibouti
Un nouveau rapport met en lumière les principales caractéristiques socio-économiques des zones de la Grande Muraille Verte du pays
Djibouti – 25 septembre 2025. Dans le cadre de son appui continu à la mise en œuvre de la Grande Muraille Verte (GMV), le programme Action contre la désertification (ACD) de la FAO a réalisé une étude socio-économique de référence à Djibouti afin de mieux concevoir les actions de restauration des terres et pour permettre le suivi des impacts des interventions dans le pays. Grâce à une enquête approfondie auprès des ménages, le programme a recueilli des informations essentielles sur les moyens de subsistance des communautés rurales vivant dans quatre des cinq régions du pays : Ali Sabieh, Arta, Dikhil et Tadjourah.
409 ménages ont été enquêté, fournissant ainsi une base de référence fiable pour suivre les impacts socio-économiques de la restauration des terres et orienter les interventions futures, adaptées aux besoins de la population. Les résultats révèlent des vulnérabilités et des lacunes importantes, mais aussi des possibilités d'améliorer les moyens de subsistance des communautés rurales à Djibouti. L'insécurité alimentaire touche 33 % de la population échantillonnée, dont 22 % souffrent d'une insécurité alimentaire sévère. L'agriculture reste fragile en raison du climat aride de la région, ce qui entraîne une forte dépendance à l'égard des importations alimentaires et, dans certains cas, à l'aide alimentaire. L'élevage est largement pratiqué, mais il est tout aussi fragile en raison du déclin de la végétation fourragère. La plupart des ménages (environ 60 %) perçoivent un état général de dégradation des terres. Le changement climatique est profondément ressenti et l'assèchement des sources d'eau, la dégradation des forêts et la modification des régimes pluviométriques sont des préoccupations courantes. Les niveaux d'éducation sont faibles et les ménages ont exprimé un besoin de renforcement des capacités techniques en élevage et en agriculture.
Mais l'évaluation a également mis en évidence des opportunités prometteuses. Le sens de la communauté est fort et les femmes sont de plus en plus actives dans les groupes d'entraide et les associations communautaires, ou encore les entreprises dans les domaines de l'agriculture et de l'artisanat.
Les ménages dépendent fortement des plantes sauvages locales pour leur alimentation, leur fourrage et leurs médicaments, des espèces telles que l'Acacia asak jouant un rôle essentiel dans leur subsistance quotidienne. Au moins 24 espèces d'arbres différentes sont importantes pour les moyens d'existence, ainsi qu'un certain nombre d'espèces herbacées telles que l'Aloe djiboutiensis et l'Acalypha ciliata.
L'enquête a été réalisée à l'aide de KoboCollect, une innovation numérique basée sur l'utilisation de tablettes et de téléphones portables qui permet une collecte rapide et précise des données, minimisant les erreurs et améliorant la fiabilité. Des améliorations méthodologiques sont déjà en cours, notamment l'affinement des questions ouvertes et l'ajout des noms en langue locale pour les espèces végétales afin de réduire les marges d'erreur.
Cette évaluation marque une étape cruciale en fournissant de nouvelles données socio-économiques de référence sur les zones de la GMV de Djibouti. Elle témoigne en outre du succès de l'approche de la FAO, désormais largement utilisée par les pays membres, qui combine la collecte de données biophysiques et socio-économiques pour mettre en oeuvre la restauration des terres dégradées et la conservation de la diversité végétale tout en tenant compte des besoins, des préoccupations et des préférences réels des communautés locales.
Djibouti fait partie du projet Knowledge for GGW action (K4GGWA), financé par l'UE afin de consolider des approches intégrées et efficaces et d'accélérer les interventions sur le terrain. Il fait également partie des huit pays membres de SURAGGWA, une initiative majeure de la FAO soutenue par le Fonds Vert pour le Climat (FVC). SURAGGWA est entré dans sa phase de démarrage avec la signature d'accords nationaux par les gouvernements des pays participants, marquant ainsi une étape clé dans les efforts régionaux de lutte contre le changement climatique et la dégradation des terres au Sahel. Cet investissement sur dix ans rassemble les pays du Sahel afin de restaurer à grande échelle les terres dégradées, en consolidant et en s'appuyant sur les succès de l'Action Contre la Désertification sur le terrain. SURAGGWA contribuera à l'atténuation du changement climatique, créera des emplois verts et renforcera les institutions nationales et régionales de lutte contre la dégradation des terres à travers le Sahel.