Initiative Pêches Côtières

L'IPC en action : luttant pour les mangroves de fond en comble

Des millions de pêcheurs artisanaux dépendent des mangroves pour leurs moyens de subsistance, déclare l'Initiative Pêches Côtières de la FAO/FEM à l'occasion de la Journée internationale pour la conservation de l'écosystème de la mangrove

26/07/2022

26 juillet, Abidjan/Dakar/Lima/Quito/Rome - Les forêts de mangroves sont vitales pour les communautés côtières en Afrique, Asie et Amérique latine : elles abritent nombreux crustacés, poissons et mollusques, fournissant nourriture et moyens de subsistance aux pêcheurs artisanaux du monde entier.

Plus de 70 espèces de ces conifères poussent le long des côtes subtropicales, formant des écosystèmes uniques entre la terre et la mer qui agissent comme des filtres à eau et des tampons naturels contre les ondes de tempête, l'élévation du niveau de la mer et l'érosion.

Les mangroves hébergent une riche biodiversité : des huîtres aux barracudas, des hérons aux singes, des algues aux abeilles. Alors qu'elles ne couvrent que 0,1 % de la surface de notre planète, elles stockent jusqu'à 10 fois plus de carbone par hectare que les forêts terrestres, ce qui les rend essentielles à la lutte contre le changement climatique.

Les communautés utilisent également leurs feuilles, écorces et fibres pour le tissage, pour obtenir des teintures et pour fabriquer des médicaments, selon le Dr Yacoub Issola, représentant de la Convention d'Abidjan.

"Il existe une relation directe entre la vitalité et la santé de l'écosystème de la mangrove et le renouvellement des stocks de poissons", le Dr Issola, qui est également Coordinateur des résultats de la gestion durable des mangroves pour l'Initiative Pêches Côtières en Afrique de l'Ouest (IPC-AO), a déclaré lors d'un récent CFI Talk.

"Restent debout 15,2 millions d'hectares de mangroves, mais malheureusement  depuis 1980 le monde a perdu 3,6 millions d'hectares à cause de l'aquaculture et de l'urbanisation", a déclaré Xavier Chalen de Conservation International (CI) en Équateur.

CI est le partenaire de mise en œuvre de l'Initiative Pêches Côtières en Amérique latine (IPC-AL), dirigée en Équateur par le Ministère de la Production, du Commerce extérieur, de l'Investissement et de la Pêche et par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

La restauration des mangroves : un effort communautaire

Les mangroves sont en train de disparaîre de trois à cinq fois plus vite que l'ensemble des pertes forestières mondiales. Cependant, des projets tels que l'IPC ont démontré que le travail d'équipe avec les communautés locales, les autorités et les ONG peut aider à restaurer ces précieux écosystèmes.

C'est le cas en Côte d'Ivoire et au Sénégal où en 2020-2021, l'IPC-AO a restauré 60 hectares de mangroves et travaillé avec les autorités et les communautés locales pour mettre en protection 290 hectares supplémentaires dans chaque pays, soit un total de 700 hectares.

"La sensibilisation à l'importance des mangroves a entraîné des changements dans le comportement des pêcheurs et des communautés côtières", a souligné le Dr Issola. "Impliquer les communautés et les autorités locales est essentiel."

De même au Pérou, l'un des sites pilotes de l'IPC-AL est le Sanctuaire National des Mangroves de Tumbes, de 2 972 hectares : il est géré via un accord de gestion participative entre le SERNANP, l'organe directeur du système des parcs nationaux, et les communautés locales.

"Nous pensons que ce modèle de gestion inclusive est le plus durable dans le temps", a commenté Marco Arenas, qui dirige l'Unité Opérationnelle Fonctionnelle de Gestion Participative de la Direction de la Gestion des Aires Naturelles Protégées au SERNANP.

"Cela profite aux communautés locales, soutient le développement régional et préserve la biodiversité", a ajouté Arenas. "Ce n'est qu'en générant des opportunités pour les communautés locales que nous pouvons garantir la conservation."

Le SERNANP a conclu un contrat de cogestion de 20 ans avec le Northeast Peru Mangrove Consortium, qui représente six associations de pêcheurs et de récolteurs de crabes et de crustacés.

"Ce contrat a marqué une étape importante pour la conservation et pour notre pays", a expliqué Rosa García, responsable du Sanctuaire National des Mangroves de Tumbes.

Au Pérou, l'IPC-AL est dirigée par le Ministère de l'Environnement et le PNUD, avec la participation du Ministère de la Production et du Gouvernement Régional de Tumbes.

Une conservation réussie vient de la base, mais aussi du haut

Les mangroves ont tendance à passer entre les mailles du filet de la responsabilité institutionnelle : ce sont des forêts, mais elles font aussi partie des écosystèmes marins, et les instances qui régissent la terre et la mer n'adoptent pas toujours d'approches intégrées. Des études montrent que là où la protection officielle est absente, la conservation des mangroves peut être une bataille difficile.

Par exemple en Côte d'Ivoire, la forêt de mangrove de Sassandra-Dagbégo, de 3 243 hectares, a diminué de 10 % en 2000-2020 en raison de l'exploitation forestière ainsi que du manque de pluie.

Au cours de la même période, la forêt de mangroves dans le Delta du Saloum au Sénégal, d'une superficie de 62 274 hectares, a augmenté de 2,72 %. Elle se situe dans la Réserve de Biosphère du Delta du Saloum de 420 586 hectares, qui comprend 11 forêts protégées et quatre aires marines protégées (AMP).

"Ces résultats démontrent que les efforts communautaires de restauration et de conservation des mangroves sont beaucoup plus efficaces dans les aires protégées", a conclu le Dr Issola.

À propos de l'IPC

Financée par le Fonds pour l'environnement mondial (FEM), l'IPC est un partenariat mondial composé de la FAO et d'autres agences des Nations Unies, de CI, de la Banque mondiale, du Fonds mondial pour la nature (WWF), de gouvernements et d'organisations de pêcheurs et de travailleurs de la pêche.