EAF-Nansen Programme

La campagne de recherche Nansen sur l'écosystème marin de Cabo Verde: principaux résultats

15/12/2021

Après un mois de recherche dans l'archipel de Cabo Verde, le navire de recherche Dr Fridtjof Nansen est retourné au port de Las Palmas, en Espagne.


@IMR/Diana Zarea Perez

Au total, plus de 400 espèces de poissons et d'invertébrés ont été recensées au cours de cette expédition qui s'est déroulée du 19 novembre au 15 décembre dans le cadre du programme EAF-Nansen. Plus de 8000 individus ont été mesurés et pesés dans le but d'obtenir des informations sur l'abondance et la distribution des ressources démersales et pélagiques autour de l'archipel. Le projet a mobilisé seize scientifiques du Cabo Verde, qui ont apporté leurs connaissances sur les ressources et l'écosystème marins et ont contribué à l'échantillonnage des poissons, à la recherche sur le plancton et à l'océanographie. Ils ont également été formés sur place à l'utilisation de divers équipements, aux procédures d'échantillonnage et à l'identification des espèces par les scientifiques de l'Institut de recherche maritime (IMR) de Bergen, en Norvège, et par un expert en taxonomie de l'Institut espagnol d'océanographie (IEO), respectivement.

Si l'on compare les résultats obtenus en 2021 avec ceux des deux précédentes études Nansen menées au Cabo Verde, en 1981 et en 2011, on constate un déclin considérable des espèces pélagiques et démersales au fil du temps. Des espèces comme Decapterus macarellus (comète maquereau), D. punctatus (comète quiaquia) et D. rhonchus (comète coussut) représentaient les principales espèces pélagiques documentées lors de la campagne de recherche Nansen de 2011 à Cabo Verde. En revanche, lors de cette dernière campagne, les chercheurs n'ont pu capturer que quelques individus de decapterus punctatus et aucune des deux autres espèces. Bien que ces résultats doivent être évalués avec soin, ils soulèvent quelques inquiétudes quant à l'état de ces stocks.

L'étude a également révélé des caractéristiques océanographiques intéressantes, telles que de forts courants et un échange important de masses d'eau dans certaines zones, ce qui affecte probablement le transport des œufs et des larves des différentes espèces de poissons autour des îles du Cabo Verde. Des études complémentaires sont nécessaires pour identifier les principales zones de frai et pour analyser dans quelle mesure les fermetures spatiales et temporelles de ces zones pourraient accroître la durabilité de la pêche. Les données et les informations sur l'occurrence des espèces et leur cycle de vie, ainsi que sur les variables environnementales dans lesquelles elles évoluent, fournissent des connaissances utiles sur les préférences environnementales ou les dits « habitats essentiels ».

« Les préférences environnementales varient selon les espèces. Comprendre ces préférences peut par exemple aider à déterminer les effets potentiels du changement climatique sur la distribution et l’abondance des espèces », explique Kathrine Michalsen, coordinatrice de la campagne à l'IMR et responsable de l'expédition de recherche au Cabo Verde.

Au cours de cette mission, quelques espèces rares ont également été découvertes, dont le mollusque diadora tereza, découvert pour la première fois lors de la campagne de Nansen de 2011 par un expert local. Parmi les découvertes intéressantes figure aussi la capture d'une espèce de perche de sable (parapercis atlantica), un poisson endémique rare capturé pour la première fois il y a 138 ans par le navire français Talisman dans le canal São Vicente - Santo Antão. Il a ensuite été capturé à nouveau, 128 ans après, lors de la campagne de 2011 au Cabo Verde par le navire de recherche Dr Fridtjof Nansen et lors de l'expédition de 2021, une décennie plus tard.

Les scientifiques ont également prêté attention à la présence de débris marins et de microplastiques dans la zone d'étude. Seules quelques particules de microplastique ont été observées dans les eaux de surface, probablement du fait des vents violents et des fortes vagues qui ont rendu les particules inaccessibles aux appareils d'échantillonnage. L'équipe de l'expédition a trouvé des débris marins, notamment des engins de pêche perdus, récupérés par des chaluts jusqu'à 150 m de profondeur. 

Toutes les données et les échantillons recueillis lors de cette campagne seront analysés dans le détail, en étroite collaboration avec les scientifiques de l'Institut de la mer (IMAR) à Cabo Verde. Le rapport et les publications scientifiques liés à cette étude seront bientôt publiés afin d'améliorer la gestion des pêches et des océans.