Le Programme EAF-Nansen: une plateforme mondiale pour la promotion des femmes dans les sciences
La Journée internationale des femmes et des filles de science, déclarée chaque année le 11 février par les Nations Unies, reconnaît le rôle important des femmes et des filles dans la science – non seulement en tant que bénéficiaires, mais aussi en tant qu'agents du changement, en vue d'atteindre les Objectifs mondiaux de développement durable d'ici 2030.
Arriver à l'égalité entre les femmes et les hommes et offrir aux femmes la possibilité de participer à des activités scientifiques est également l'une des principales priorités du Programme EAF-Nansen. L'objectif à long terme de l'initiative est de renforcer les capacités nationales – tant humaines qu'institutionnelles – des pays partenaires du Programme, en améliorant les capacités individuelles en matière d'océanographie et de gestion des pêches, par exemple, en obtenant des qualifications universitaires plus élevées. En conséquence, le Programme EAF-Nansen a lancé une série d'appels aux étudiants diplômés des pays partenaires, déjà admis à un programme de maîtrise ou de doctorat. Les travaux de recherche des candidats retenus doivent, toutefois, correspondre à l'un des domaines thématiques du plan scientifique du Programme EAF-Nansen en vue d'une éventuelle collaboration.
Nous vous présentons ci-dessous les profils de trois jeunes femmes parmi tant d'autres qui bénéficieront de cette opportunité unique en 2022 et ouvriront la voie à d'autres femmes scientifiques à l'avenir:
Hayat Ben-ayad (24 ans, Maroc) est étudiante en Master à la Faculté des Sciences de l'Université Hassan II à Casablanca. Dans le cadre de ses études, soutenues par le Programme EAF-Nansen, Hayat apprend, entre autres, à utiliser le système d'information géographique (SIG) afin d'analyser les données utilisées pour les décisions prises en matière de gestion et de planification de l'espace marin. À long terme, cela permettra d'assurer une interaction humaine durable avec l'océan sans épuiser ses ressources marines et sans nuire aux écosystèmes. Le projet de Master de Hayat porte sur l'occurrence et l'écologie des récifs coralliens d'eau froide au large de l'Afrique du Nord-Ouest. Elle travaille sur la base de données collectées lors d'une campagne réalisée par le Programme EAF-Nansen en 2020 afin de cartographier les habitats des récifs de Lophelia pertusa en eau froide et la riche faune qui leur est associée, et de rechercher des moyens de protéger ces hauts lieux de la biodiversité contre les dommages physiques potentiels, notamment ceux causés par les activités de pêche pratiquée sur les fonds marins. Les résultats de ses travaux seront publiés sous la forme d'un article dans une revue scientifique et seront présentés lors de conférences nationales et internationales.
«La participation à ce projet de master a considérablement influencé mon développement professionnel», déclare Hayat. «Je suis particulièrement reconnaissante aux superviseurs de l'Institut norvégien de recherche marine (IMR) et de l'Institut marocain de recherche sur la pêche (INRH), qui m'ont aidée à améliorer mes connaissances actuelles en biologie marine et en océanographie, ainsi que l'utilisation des techniques SIG. Sous leur supervision, j'ai également développé des compétences en matière de rédaction scientifique. Tous ces bénéfices font de cette expérience l'une des meilleures réalisations de ma vie», conclut-elle.
Ester Shoopala (27 ans, Namibie) – Chercheuse dans le domaine des pêches, elle travaille sur un programme sur le merlu au Centre national d'information et de recherche marine du Ministère de la pêche et des ressources marines à Swakopmund, où elle est chargée de l'analyse des données et de la rédaction de rapports techniques. Les travaux d'Ester portent sur la dynamique des populations de poissons (notamment, la structure des stocks, la croissance, la répartition), la biologie des poissons et l'évaluation des stocks d'espèces marines. Ester, en tant que future doctorante, avec le soutien du Programme EAF-Nansen, étudiera les «outils d'analyse de la structure des stocks pour certaines espèces démersales telles que le merlu, la baudroie et l’abadèche du Cap dans la région de Benguela». Cette recherche correspond à l'un des thèmes du Plan scientifique du Programme EAF-Nansen.
Le projet de doctorat d'Ester devrait permettre d'améliorer les connaissances actuelles sur les espèces démersales de la région de Benguela (un vaste écosystème qui s'étend de l'Angola à l'Afrique du Sud, Namibie comprise), de faire progresser la mise en œuvre de nouvelles mesures de gestion et d’évaluation de ces espèces et de contribuer à une exploitation plus durable des ressources halieutiques pour les années à venir.
«Le programme de bourses d'études EAF-Nansen représente une occasion unique de faire progresser mes connaissances scientifiques actuelles en termes de rédaction, de compétences de recherche et d'analyse de données, pour ne citer que quelques-uns des aspects à retenir», explique Ester. «En bref, je suis convaincue que ce programme de doctorat me permettra d'acquérir les connaissances scientifiques nécessaires pour faire progresser les travaux dans mon domaine de recherche et qu'il m'offrira une évolution de carrière», résume-t-elle.
Bibiana Nassangole (31 ans, Mozambique) – est écologiste à la Faculté des sciences naturelles de l'Université Lúrio à Pemba. Outre ses cours, Bibiana mène des recherches sur les récifs coralliens, la cartographie des écosystèmes (dont les herbiers marins et la gestion des pêches) et la surveillance des pêches. Son futur projet de doctorat à l'Université d'Aveiro (Portugal), dans le cadre du programme de bourses EAF-Nansen, portera sur l'occurrence et la distribution des coraux mous, avec pour principal objectif d'améliorer leur compréhension globale. L'absence ou l'insuffisance de connaissances sur les coraux mous et les menaces récentes liées au changement climatique, à la surpêche et à l'activité humaine nécessitent des recherches plus approfondies sur les coraux mous dans les eaux du Mozambique. Ainsi, les connaissances nouvellement acquises contribueront à l'élaboration de politiques appropriées de gestion et de conservation des récifs coralliens dans le pays. Au cours du projet de doctorat, Bibiana utilisera des méthodes taxonomiques traditionnelles de collecte de données (photographies et échantillons de tissus), soutenues par des analyses génétiques telles que le codage à barres de l'ADN. En outre, elle travaillera avec les données existantes recueillies lors de la campagne du Programme EAF-Nansen réalisée en 2018 au large du nord du Mozambique, à laquelle elle a également participé.
«Le Programme EAF-Nansen m'a offert une opportunité unique d'entreprendre un doctorat, qui me permettra d'améliorer mes connaissances de base et de me développer professionnellement en tant que scientifique», déclare Bibiana. «Le Programme soutiendra également mes recherches approfondies et ma participation à des formations et des conférences où j'aurai l'occasion de partager les résultats de mon étude. Globalement, grâce à ce projet de doctorat, j'espère devenir une experte des coraux mous et contribuer à faire avancer les politiques de gestion existantes sur les récifs coralliens dans les eaux du Mozambique», ajoute-t-elle.
Le programme de bourses d'études EAF-Nansen n'est qu'un moyen parmi d'autres d'intégrer les problématiques d'égalité des sexes et de promouvoir l'autonomisation des femmes. Plus récemment, le Programme a soutenu le lancement d'un ‘Bureau de la parité’ en collaboration avec le Ministère de l’élevage et de la pêche de la République-Unie de Tanzanie, l'un des pays partenaires du Programme – afin de promouvoir l'égalité hommes-femmes dans le secteur de la pêche. D'autres pays, comme le Sénégal et la Gambie, suivent désormais cet exemple.
Faire progresser l'égalité entre les femmes et les hommes et offrir des opportunités pour une participation effective des femmes dans toutes les activités fait également partie de la stratégie de genre du Programme EAF-Nansen. Le renforcement des capacités des partenaires favorise en outre la collaboration Sud-Sud, en créant des réseaux pour aborder des questions d'intérêt commun. Estelle et Hawa se sont rencontrées lors des campagnes de recherche du Programme EAF-Nansen. Leur relation, née à bord du Dr Fridtjof Nansen, se poursuit aujourd'hui bien au-delà de l'expérience commune en mer: «Le volet ‘Développement des capacités’ du Programme EAF-Nansen est très bien organisé», commente Estelle. «Je ne connaissais pas Hawa auparavant; nous nous sommes rencontrées à bord du N/R Dr Fridtjof Nansen en 2019 et nous continuons à partager et échanger des connaissances. Il en va de même pour les autres collègues.»