Programme FAO-UE FLEGT

Bassin du Congo: les technologies utilisées pour la traçabilité du bois favorisent l’application des réglementations et le contrôle des forêts

11/05/2016

Un « système de traçabilité de véhicule d’exploitation forestière » est testé dans le Bassin du Congo pour intercepter le bois illégal à différents niveaux de la chaîne d’approvisionnement des produits forestiers. Une organisation de la Société civile, Resource Extraction Monitoring (REM), est à l’initiative de cette nouvelle approche. REM a développé des technologies de traçabilité de véhicules pour renforcer l’application des réglementations et le contrôle des forêts. L’idée est que la technologie permettra aux agences forestières et aux sociétés gérant les ressources forestières de gagner en efficacité et d’améliorer la responsabilité et la traçabilité. À ce stade, les résultats sont prometteurs. 

« Le système de traçabilité en direct de véhicules d’exploitation forestière développé et testé sur le terrain grâce à cette initiative permet d’obtenir des données d’une grande utilité afin d’aider les autorités responsables de l’application des réglementations et les autres organismes de contrôle dans leurs activités quotidiennes, » explique Valerie Vauthier, Directrice de REM.

Elle ajoute : « La visibilité en temps réel des ressources et leur localisation géographique précise peut potentiellement aider à faire face à la surexploitation, à l’exploitation illégale, et réduire le besoin de contrôle sur le terrain/d’application des réglementations, long et onéreux. Cela présente également des avantages importants pour les sociétés d’exploitation, entre autres la preuve de la légalité, un meilleur contrôle de la répartition des véhicules ainsi qu’une gestion des opérations d’exploitation avec un impact limité ». 

Il répond à une demande d’informations fiables et précises.

Les organismes chargés de l’application des réglementations basés dans les pays producteurs et dans l’Union européenne (UE), y compris les autorités compétentes des États membres de l’UE, qui, dans le cadre du Règlement Bois de l’UE, ont la responsabilité d’empêcher l’entrée dans l’UE de bois produit ou commercialisé illégalement, ont de plus en plus besoin d’informations fiables et précises. 

Le Bassin du Congo Basin abrite la deuxième forêt tropicale la plus grande du monde, couvrant une zone de quelques 300 millions d’hectares. Riche en biodiversité et ressources cruciales pour la stabilisation du climat mondial, il a été suggéré que les essences d’arbres du Bassin du Congo représentent peut-être des réservoirs de carbone plus importants que ceux d’Amazonie, en raison de leur plus grande taille. La FAO estime cependant que la région a perdu quelques 700 000 hectares de forêt chaque année entre 2000 et 2010. L’exploitation illégale contribue à cette perte.

Le recours à la technologie pour le suivi du bois a été testé dans le passé pour combattre l’exploitation illégale par le biais du Réseau mondial de suivi du bois (Global Timber Tracking Network) par exemple, qui utilisait l’ADN et des marqueurs isotopiques stables pour suivre la chaîne logistique des produits bois. Dans cette optique, le Département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) a produit un système automatisé de suivi du bois (Machine Vision Automated Wood ID System (MV)), une unité portable autonome qui identifie des échantillons de bois provenant de bois commercialisé en Amérique centrale, qui se base sur l’hypothèse que l’identification botanique du bois et des produits bois est un facteur limitatif dans l’application des règlementations, et que le processus doit être automatisé. L’approche de REM, cependant, est quelque peu différente. Après de nombreuses années de suivi indépendant dans le secteur forestier, il est apparu clairement que les systèmes de gestion forestière basés sur la rotation pour les concessions à grande échelle n’étaient pas respectés. Cela fut identifié durant les quinze années de suivi indépendant comme une infraction majeure à l’application des réglementations et à la gouvernance dans le Bassin du Congo et ailleurs. REM a tenté de faire face à cette infraction récurrente – une des raisons fondamentales de l’entrée de bois produit illégalement dans la chaîne logistique – en développant le Live Monitoring System pour suivre les véhicules utilisés dans l’exploitation forestière. 

« Disposer d’agents responsables de l’application des réglementations sur le terrain lors de l’abattage de chaque arbre, enregistrant toutes les actions, n’est ni pratique, ni faisable, en particulier dans des environnements ouverts aux pots de vins et à la collusion », explique Stuart Wilson d’REM. « En même temps, il est impossible de transporter une bille de plusieurs tonnes sans grosses machines, et ceci devrait pouvoir être contrôlé ». 

Jusqu’à présent, le premier prototype d’un dispositif de suivi d’un camion grumier a été construit et testé sur le terrain au Royaume Uni et en République démocratique du Congo (RDC). Des deuxième et troisième prototypes ont également été testés avec succès en RDC en partenariat avec une société d’exploitation. 

Compléter l’innovation technologique par le développement des capacités.

Cependant, l’utilisation de technologies dans le secteur forestier a été critiquée en raison des difficultés rencontrées au niveau du pays. Concevoir et fournir de tels systèmes est complexe et onéreux, pas uniquement pour développer le système mais également pour l’utiliser à long terme. Il faut tenir compte du coût des licences et de la maintenance de ces solutions technologiques, des capacités nécessaires pour les mettre en œuvre, ainsi que des difficultés de mise en œuvre telles que la connectivité et l’alimentation électrique une fois le système développé. En un mot, la technologie n’est pas la panacée.
Mais REM a tenu compte de ces difficultés dans son approche en complétant l’innovation technologique par un développement des capacités. Dans ce projet en particulier, REM a travaillé au Cameroun, en Côte d'Ivoire, en République démocratique du Congo et en République du Congo en soutenant la mise en œuvre du suivi indépendant réalisé par des organisations nationales.

“REM continue à fournir des conseils stratégiques et un appui technique à distance aux ONG et à leurs partenaires qui ont entrepris un suivi indépendant régional. Dans ce projet précis, notre objectif était d’assurer un transfert harmonieux des responsabilités vers les organisations locales afin de ne pas réduire le flux d’informations fiables sur la légalité forestière vers tous les acteurs qui en ont besoin », explique Vauthier. « Présenter des informations sur les illégalités forestières documentées par les ONGs responsables du suivi dans un format utile pour les autorités compétentes de l’UE ou les acheteurs de bois souhaitant appliquer la diligence raisonnée sera crucial dans les années à venir afin de maximiser leur exploitation », ajoute-t-elle.

Une liste d’infractions génériques applicable aux pays africains a également été dressée afin de soutenir la consolidation des données du suivi indépendant. REM prévoit à terme de se retirer en tant qu’organisation principale afin de permettre à cette nouvelle capacité de continuer à se développer et d’assumer davantage de responsabilités. Le rôle de REM se limitera à un appui technique et à des conseils stratégiques dans le développement de nouveaux projets dans le bassin du Congo.

Cette initiative est financée par le Programme FLEGT de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.



Pour de plus amples informations, veuillez consulter : http://www.flegt.org/map-of-projects/#projects/136.