FAO-EU FLEGT Programme

Renforcer la capacité des acteurs du secteur privé à participer au commerce de bois légal

04/09/2020

Grâce à l’appui technique et financier du programme FAO-UE FLEGT, les opérateurs de la filière bois au Cameroun s’arriment aux exigences de légalité de l’exploitation forestière telles que prévues par la loi forestière de 1994 en vigueur. Cela contribue directement à la mise en œuvre de l’Accord de Partenariat Volontaire (APV) pour l'application des réglementations forestières de la gouvernance et des échanges commerciaux (FLEGT), signé le 06 Octobre 2010 entre le Cameroun et l’Union Européenne (UE) et ratifié le 09 Août 2011 par l’Etat du Cameroun.

Dans ce contexte, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), à travers son programme FAO-UE FLEGT, a entrepris d’apporter au Cameroun un appui visant à formaliser des PMEs et à assurer la légalité de leur approvisionnement en bois pour le marché domestique. Débutée en 2016, cette collaboration continue à faciliter le renforcement des capacités des PMEs sur trois volets principaux.

Renforcer les capacités du secteur privé à se conformer aux exigences de légalité

En 2016, ce sont 142 opérateurs du secteur de la seconde transformation du bois qui ont été formés à la légalité dans le secteur bois. L’action s’est poursuivie en 2019, avec140 opérateurs, dont 26 femmes, qui ont été sensibilisés par la Fédération Camerounaise des Associations et des Professionnels de la Seconde Transformation du Bois (FECAPROBOIS) avec l’appui du Programme FAO-UE FLEGT, sur la réglementation en vigueur dans le secteur bois. Toujours avec le concours de la FECAPROBOIS, 35 autres opérateurs et 142 PMEs d’artisans, d’opérateurs de la seconde transformation du bois et de membres de communautés forestières du Nord Cameroun ont également bénéficié d’une formation sur les exigences de légalité, en collaboration avec la chambre de commerce nationale.

Les petits opérateurs ont également été accompagnés dans les procédures d’obtention des autorisations et agréments nécessaires (attestation de détention de matériel en qualité de transformateur du bois et certificat en qualité de transformateur du bois). Ils disposent désormais de ces documents et effectuent la transformation et le transport du bois en toute légalité.

Les opérateurs ont été appuyés au travers des associations qui les représentent, notamment sur la régularisation du statut légal de leurs associations, ainsi que leurs capacités institutionnelles et organisationnelles. L’amélioration de leurs compétences managériales doit permettre leur implication effective dans l’interprofession de la filière forêt-bois au Cameroun.

Grâce à ces différentes formes d’accompagnement, les opérateurs du secteur privé maîtrisent désormais les procédures légales pour régulariser leur statut et sont conscients des bénéfices économiques émanant du respect des exigences légales.  A ce propos, Richard Noghe, opérateur et directeur d’un établissement d’exploitation de bois, témoigne : « avant j’exerçais dans l’illégalité et je craignais beaucoup les agents du Ministère des forêts et de la faune (MINFOF) car je ne les connaissais que sous les aspects de répression; mais grâce à l’accompagnement reçu, je suis allé vers la légalité en obtenant mes documents auprès du MINFOF».

Améliorer l’approvisionnement en bois légal des artisans de la seconde transformation du bois

L’accès au bois d’origine légale reste une contrainte majeure pour le développement des PMEs de la sous-filière de transformation du bois au Cameroun. La proportion de sciages provenant de sources légales et approvisionnant le marché domestique est estimée à seulement 27 pourcent du volume total de bois d’œuvre en circulation dans les marchés des principales villes du pays[1]. Les 73 pourcent restants représentent donc la part de bois illégale fournie dans le marché domestique et ses opérateurs[2].

Différents projets financés par le Programme FAO-UE FLEGT ont permis d’initier puis de formaliser la collaboration entre les PMEs et les détenteurs des sources légales de bois au Cameroun. A cet effet, treize (13) contrats d’approvisionnement entre les petits opérateurs et les détenteurs de titres forestiers (forêts communales et communautaires) ont été signés entre 2017 et 2020. Des protocoles d’entente ont également été conclus entre certaines de ces PMEs et des industriels pour l’approvisionnement en bois légal, en collaboration avec le Groupement de la Filière Bois au Cameroun (GFBC) et la FECAPROBOIS. C’est notamment le cas de la Coopérative des professionnels de la seconde transformation du bois (COOP-CA EXTRABOICAM) appuyée par FECAPROBOIS pour l’approvisionnement en bois légal ayant abouti à la signature d’un contrat avec une entreprise forestière pour la fourniture de 50 m³ de bois légal industriel pour l’association. En moyenne, ce sont 2000 m³ de bois issus de sources légales qui ont approvisionné les différentes PMEs accompagnées entre 2019 et 2020[3].

Renforcer la participation du secteur privé à l’amélioration de la gouvernance forestière  

En parallèle, l’appui fourni par le Programme FAO-UE FLEGT a facilité la participation active et soutenue du secteur privé au processus de mise en œuvre de l’APV. Par exemple, l’implication des  opérateurs des PMEs de la première et seconde transformation du bois au processus de révision des grilles de légalité leur a permis de proposer une version simplifiée de la grille de légalité des Unités de Transformation du Bois (UTB). Cette proposition reflète les préoccupations des PMEs et des opérateurs artisanaux qui jugent la version actuelle plus adaptée aux grandes entreprises forestières. Tout au long du processus, le secteur privé a aussi apporté l’éclairage des professionnels de la filière, pointant certains vérificateurs des grilles qui ne sont pas applicables sur le terrain. Les grilles révisées ont été soumises à l’administration et feront l’objet de discussions lors du prochain Comité Conjoint de Suivi de l’APV.

Le Programme FAO-UE FLEGT continue à appuyer le secteur privé au Cameroun pour renforcer leur implication dans la mise en œuvre de l’APV. Au moment de la rédaction, le Programme soutient 05 projets en appui au secteur privé au Cameroun, tel que le projet ESSOR des transactions forestières qui a pour but d’accroitre l’usage de sciages légaux au Cameroun en augmentant la quantité produite de sciages d’origine légale sur le marché domestique, en appuyant l’émergence de demandes nationales pour du bois légal, et en facilitant les transactions entre offreurs et demandeurs de ces produits.


[1] Demandes nationales de sciages (Lescuyer et al, FAO/CIFOR 2016)

[2] Le marché domestique du sciage artisanal au Cameroun (Cerruti et Lescuyer, CIFOR 2011)

[3] Rapports d’activités projets d’ASD, GFBC, FECAPROBOIS, 2020.