Les interventions de la FAO contribuent à améliorer la condition féminine et à renforcer le secteur avicole en Inde

La FAO met en œuvre des activités durables d’élevage à petite échelle de petits ruminants et de volailles en Inde

Points clés

Dans le cadre du Programme pour des politiques d'élevage en faveur des pauvres en Asie du Sud (SAPPLPP), la FAO a contribué à renforcer les capacités et les connaissances en matière de mise en œuvre d’activités durables d'élevage de volailles à petite échelle et de petits ruminants dans deux districts sélectionnés en Inde. À travers l'exécution de projets sur le terrain visant à démontrer comment surmonter les principales contraintes rencontrées par les petits éleveurs et comment établir des systèmes institutionnels (y compris des institutions communautaires), le projet biennal doté d’un budget de 385 000 USD a permis aux petits éleveurs d’accéder collectivement aux intrants dont ils avaient besoin et de tirer profit du marché en pleine expansion des produits provenant des petits ruminants.

La FAO et le National Dairy Development Board (NDDB – Office national chargé du développement du secteur laitier) ont conjointement mis en œuvre des projets de terrain dans les États du Rajasthan et du Madhya Pradesh. Ces projets, conçus comme des interventions «intégrées», visait à établir des liens entre chaque étape des chaînes de valeur des petits ruminants/de l’aviculture à petite échelle: de l’amélioration de la productivité et de l’accès aux intrants, à l’appui aux institutions des petits éleveurs en vue d'accéder collectivement aux marchés.

Le projet, mis en œuvre sur le terrain par plusieurs ONG, s’est efforcé de soutenir des initiatives communautaires visant à renforcer les petites exploitations d’élevage, et de fournir aux gouvernements (à l’échelle nationale et des États) des conseils stratégiques et fondés sur des données probantes. Il a ainsi permis d’améliorer la sécurité alimentaire et d’accroître les revenus dans les États du Madhya Pradesh et du Rajasthan.

De la lutte pour atteindre l’équilibre financier au poste de vétérinaire expert de son village – l’histoire de Dittu Bai.

Le village de Sad, qui se situe dans une région reculée et montagneuse du centre de l'État du Madhya Pradesh en Inde, compte quelque 350 maisons où l’élevage de volailles de basse-cour constitue la principale source de subsistance. La vente de poulets sur le marché local est une activité particulièrement lucrative. Toutefois, les villageois ont souvent des difficultés à joindre les deux bouts en raison des infections virales qui provoquent des vagues de décès chez les volailles.

La maladie de Newcastle est le principal coupable, capable de décimer des élevages entiers. «Le taux de mortalité des poulets avait atteint 75 pour cent mais notre murgi sakhi (‘amie des poulets‘  en hindi – des femmes locales formées pour acquérir des compétences vétérinaires avicoles de base) a fait reculer le taux de mortalité à environ 40 pour cent», dit-Prem Thakur de Sampark, membre de l’ONG indienne responsable de la mise en œuvre du projet soutenu par la FAO. Les choses ont bien changé depuis que la murgi sakhis a commencé la vaccination et le déparasitage des animaux en 2014.

Dittu Bai Parmar, de la tribu Patelia, est une murgi sakhi très recherchée à Sad et dans les environs. Diplômée de l'école secondaire, elle a suivi une formation résidentielle de cinq jours avec 16 autres sakhis. Dittu Bai attribue la baisse de la mortalité de la volaille principalement aux campagnes de vaccination et de déparasitage effectuées par les murgi sakhis, et aux protocoles de bonne gestion qui ont été mis en place. Selon elle, «Ranikhet», le nom local de la maladie de Newcastle, était la principale cause de mortalité chez les oiseaux. Maintenant, si quelqu'un, à Sad ou dans les environs, découvre qu’une de ses volailles est malade, il peut facilement joindre Dittu Bai sur son téléphone portable. C’est généralement l'hôpital vétérinaire du gouvernement qui fournit les vaccins et les médicaments. «Lorsque je me rends dans un village pour le déparasitage ou un autre traitement, je les préviens également des prochaines dates de vaccination.» Ses tarifs pour les services de vaccination et de déparasitage ne dépassent pas les deux roupies, un peu plus de 0,03 USD par oiseau.

Au début du projet, Dittu Bai gagnait 1 000 roupies (16 USD). Elle gagne aujourd’hui entre 1 500 et 2 000 roupies (environ 25-35 USD) par mois. C’est peu par rapport aux standards de la ville mais, comme elle le dit, «je ne dois pas demander qu’on me prête de l'argent quand il faut acheter des livres ou des uniformes scolaires pour les enfants ou faire face à de petits problèmes de santé.»

Une autre «vétérinaire» communautaire, Shruti Bai, était devenue tellement populaire auprès des autres villageois de Sad en tant que murgi sakhi qu'elle s’est présentée aux élections locales et qu’elle dirige désormais le conseil du village. Profitant de ses techniques d'élevage de volaille, son mari a acheté environ 400 poussins de Kadaknath, une race autochtone rare, et la famille a fait fortune en vendant leurs volailles adultes sur le marché.

Les formations vétérinaires de base contribuent à mettre en valeur le rôle des femmes et permettent de réduire la mortalité animale

À Jharnia, à quelque 200 km de la ville d’Indore, le projet relatif à l’élevage caprin est en plein développement. Ce sous-district se classe parmi les plus pauvres du pays. Ici, les pashu sakhis (‘amies des animaux’ – des femmes locales formées pour apporter des soins vétérinaires de base au bétail) sont en train de bousculer les codes de l'économie du village. Comme pour la volaille, l’astuce est la même: vaccination et déparasitage des chèvres.

Ces activités ont permis de réduire considérablement la mortalité caprine. «Avant notre intervention, la mortalité s’élevait à 35 pour cent. Elle est tombée à 4 pour cent», affirme Bharat Mogre, qui dirige le Programme Aga Khan de soutien rural.

Dans l'école primaire du village de Saka, une réunion en présence d’un groupe de pashu sakhis vient de commencer. Neema Bai, de la communauté autochtone Bhil, explique comment elle effectue son travail dans le village et les environs. «Quand une chèvre est malade dans le village, les villageois m’en informent et je soigne l'animal. Les gens des villages voisins amènent souvent leurs animaux malades directement chez moi où je peux les traiter.»

La réunion des pashu sakhis est interrompue par un groupe de chèvres et leur berger, Jaswant, un homme du village qui jette un coup d’œil. Trouve-t-il le travail des pashu sakhis utile? Avec un large sourire, il répond: «Elles nous aident énormément avec les vaccins et les médicaments.»

Grâce à l’intervention des pashu sakhi, la population caprine a augmenté à Jhirniya, où une chèvre saine peut se vendre environ 7 000 roupies (110 USD). Cela peut s’avérer utile pour faire face aux dépenses familiales courantes ou pour parer à tout autre imprévu. En outre, donner aux enfants du lait de chèvre assure une meilleure nutrition.

Quant aux femmes sakhi, elles sont devenues plus indépendantes et plus autonomes sur le plan économique.

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