Au parc ostréicole de Néma Bah en Sénégal les délégués du conseil de l’UE retrouvent le goût de l’huître
Toubacouta, Sénégal – 20 juin 2024 – Au milieu du parc ostréicole de Néma Bah, Gnima Diouf s’active aux derniers réglages. La jeune dame, ostréicultrice et Secrétaire générale du Groupement d’Intérêt Economique (GIE) de « Yoni Diofor », prépare avec ses camarades la visite d’une délégation européenne organisée par la Belgique qui assure la présidence du Conseil de l’Union européen de janvier jusqu’à juin 2024.
« Un honneur », explique Gnima Diouf, que le parc ostréicole au village de Toubacouta dans le delta du fleuve Saloum au sud du Sénégal, ait été élu pour accueillir les délégués de l’UE, le 31 mai 2024. Alors que la période de repos biologique s’approche, début juin, quand toute activité relevant de la pêche est interdite, les ostréicultrices de Toubacouta gardent tout de même le sourire.
L’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) à travers son programme FISH4ACP a accompagné une cinquantaine de délégués des groupes de travail Coopération au Développement et partenariats internationaux (CODEV) et Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP) au parc ostréicole de Néma Bah.
Le parc abrite l’une des expérimentations du projet sur les performances de captage et de grossissement des huîtres au Sénégal. La ferme est exploitée par le GIE « Yoni Diofor » des femmes de Néma-Bah. L’exploitation des huîtres est une activité traditionnelle qui mobilise plus de 80 pour cent des jeunes femmes du village.
La filière des huîtres au Sénégal est l’une des douze chaînes de valeur soutenues par FISH4ACP, une initiative de l'Organisation des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) financé par l’Union Européenne (UE) et le Ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement (BMZ).
Musique et dégustation d’huîtres au menu
Musique, huîtres fraîches, cuites ou grillées, thé et grande tablée…les ingrédients du succès sont réunis. Les délégués embarquent en pirogue avec les femmes ostréicultrices pour une visite au parc. « Nous voulions voir le travail de ces femmes et surtout ce que cela représente pour elles. On découvre comment elles sont bien organisées et surtout leur esprit d’entreprenariat », a déclaré Katrien Meersman, coordonnatrice du Groupe ACP sous la présidence belge.
« Les femmes de Néma Bah sont un brillant exemple de la façon dont FISH4ACP peut changer des vies et des moyens de subsistance », a déclaré Raschad Al-Khafaji, Directeur du Bureau de liaison de la FAO à Bruxelles, qui a exprimé sa gratitude aux femmes pour leur hospitalité.
Du côté des ostréicultrices, elles trouvent leur compte depuis le démarrage des activités du projet FISH4ACP. « Avant avec 75 kg d’huîtres fraiches en coquille, on obtenait qu’1 kg de chaire d’huitre séchée. On le vendait à 5000 FCFA. Pour vendre 40 kg, il nous fallait récolter des tonnes. Avec FISH4ACP, qui nous a installé les pochons, nos conditions de vie sont bien meilleures », explique Gnima Diouf.
«Tous les deux mois, nous captons des naissains que nous mettons dans les pochons, » ajoute Gnima Diouf. « Dans un seul pochon, on peut mettre en grossissement 10 douzaines de naissains, soit 120 huîtres . Ainsi, les huîtres grossissent mieux et elles sont plus belles. Cela nous permet de les vendre fraîches sur le marché à un meilleur prix ».
« Les femmes de Néma Bah sont en train de poser les jalons de leur autonomisation socioéconomique à travers la modernisation de leur activité et la mise sur le marché d’huîtres de meilleure qualité sanitaire et nutritionnelle », se réjouit Amy Collé Gaye, l’administratrice nationale du FISH4ACP au Sénégal.
Elle souligne : « Le renforcement de leur cohésion sociale et leur participation active au « Réseau National des Acteurs de la Chaine de Valeur des Huîtres au Sénégal » (RENACVAH), un partenariat multi-acteurs mis en place par FISH4ACP, sert également de cadre d’échanges et de concertation entre les parties prenantes de la chaine de valeur. »
Au terme de la visite, Gnima et ses camarades espèrent récolter de nouvelles opportunités. « Ce que nous voulons c’est améliorer nos conditions de travail. Et, l’installation des pochons nous le facilite grandement. Nous espérons que cette visite permettra à l’UE à vouloir davantage s’investir dans le développement des communautés », prie Gnima.