Un aperçu de l’élaboration de la stratégie de restauration des forêts et des paysages par l’approche de la méthodologie d’évaluation des opportunités de restauration
La province du Sud-Kivu a l’une des densités les plus élevées de la République Démocratique du Congo (RDC). Ceci constitue une des causes de forte pression sur les ressources naturelles et accentue la dégradation des forêts et des paysages, notamment par les pratiques agricoles inadéquates, le surpâturage, les feux de brousse, l’exploitation de bois énergie et de bois d’œuvre.
La restauration de l'écosystème, sur la base d’une stratégie provinciale de restauration des forêts et des paysages, apparaît comme une des priorités pour le Sud-Kivu. C’est dans ce cadre qu’un protocole d’accord a été signé entre la FAO et son partenaire, l’Institut des ressources mondiales - "World Resources Institute (WRI)" - pour l'élaboration d'une stratégie de restauration des forêts et paysages suivant l'approche méthodologique d'évaluation des opportunités de restauration (MEOR).
Au cours de ce processus quelques activités phares ont été réalisées. Une première mission consistant en des consultations porte-à-porte avec les institutions impliquées dans la restauration des forêts et des paysages (RFP) dégradés ont abouti à l’organisation d’un atelier participatif réunissant les parties prenantes locales.
L’atelier a permis aux participants de définir et de présenter une vision de la restauration des forêts et des paysages dégradés du Sud-Kivu, en tenant compte des problèmes et des besoins réels de la province. Au terme des travaux, les participants ont identifié et proposé des éléments clés pouvant faire partie de la stratégie provinciale de restauration des forêts et des paysages dégradés au Sud-Kivu.
Un deuxième atelier s’est penché sur les résultats d’analyses préliminaires pour l’élaboration des cartes des options de restauration des forêts et des paysages au Sud-Kivu. Cet atelier, qui a réuni une diversité d’acteurs du secteur de l’environnement, notamment des institutions de recherche et d’enseignement universitaire, des acteurs des confessions religieuses, des organisations de la société civile ainsi que des institutions étatiques, a engendré les résultats suivants:
- Les cartes préliminaires des opportunités et interventions de la RFP pour la province du Sud-Kivu;
- Les avis des autorités politico-administratives et des acteurs de la RFP ont été recueillis sur les questions foncières et les enjeux de la restauration;
- Un canevas de la stratégie provinciale de la RFP a été discuté et validé par les participants.
Au terme des travaux d’analyse des politiques publiques favorisant la RFP, différentes propositions ont été formulées. Il s’agit notamment de:
- Rétablir les gardes forestiers et les motiver pour protéger les espaces;
- Appliquer les lois pour prévenir les feux de brousse;
- Procéder à une réforme agraire pour la redistribution des terres;
- Sensibiliser les mandataires de l’État au respect de la loi en matière de protection de l’environnement.
À travers l'élaboration d'une stratégie de restauration des forêts et paysages, le projet contribue à mettre en évidence les problèmes majeurs de dégradation des écosystèmes, les classer par ordre de priorité et identifier les solutions alternatives. Cette démarche génère des informations permettant d’améliorer la prise de décision quant à l’utilisation des terres. Elle permet aussi aux acteurs de ce secteur de jeter les bases d’une stratégie provinciale et nationale de lutte contre les actions anthropiques ayant un impact négatif sur les forêts et paysages, avec comme résultats, une amélioration de la gouvernance des ressources naturelles dans la province du Sud-Kivu et en RDC.
Lors de la mise en application de la MEOR dans le contexte local, la flexibilité et la possibilité de l’utiliser dans des contextes différents ont été démontrés. Différents cas d’applications dans différents pays ont été présentés aux acteurs.
Au Sud-Kivu, le processus a été inclusif en ce sens qu’il a réuni plusieurs institutions de recherche, d’enseignement supérieur et universitaires, ce qui porte à croire que l’expertise nécessaire à la phase de mise en œuvre sera disponible.
Sur le terrain, l’approche MEOR a été réalisée en deux étapes. Dans un premier temps, une mission de consultations, suivie d’un atelier de deux jours avec les parties prenantes, a eu lieu afin d’inventorier les initiatives de restauration existantes, collecter les données nécessaires aux analyses préliminaires pour renseigner la stratégie provinciale de RFP au Sud-Kivu et définir une vision de restauration des forêts et paysages dans la province. La deuxième étape a consisté en des consultations porte-à-porte avec les parties prenantes, pour conduire à la proposition des cartes de restauration, les types d’opportunités de restauration les plus pertinentes et réalisables dans les sites évalués ; l’identification des zones jugées prioritaires pour la restauration, l’analyse des facteurs clés de réussite et les obstacles clés aux niveaux politique, juridique et institutionnel.
S’agissant des prochaines étapes du processus et tenant compte d’autres activités du projet à l'avenir, il s’avère important de:
- Poursuivre sans relâche, le processus de l’élaboration de la stratégie provinciale RFP, déjà amorcé au Sud-Kivu, jusqu’à son aboutissement;
- Rester à l’écoute des parties prenantes pour une prise en compte des aspects particuliers capables d’améliorer la stratégie RFP en cours d’élaboration à savoir: la prise en compte du genre dans le processus RFP; la prise en compte des peuples autochtones; le développement des communautés locales à travers une approche participative; la problématique de l’accès sécurisé à la terre, la gestion de la fertilité des sols, le respect des itinéraires techniques de production, le maintien de la biodiversité.
- Remettre cette initiative à l’échelle nationale pour que les responsables de la restauration soient impliqués dans la mise à l’échelle de la stratégie nationale RFP au niveau global.
Pour plus d'informations, contactez: [email protected]
Floribert Mbolela (FAO)