Soutenir les investissements responsables dans l'agriculture et les systèmes alimentaires

Favoriser les investissements des jeunes agri-entrepreneurs pour assurer la sécurité alimentaire et la croissance économique durable – voix du terrain en Tunisie

28/10/2019

La Tunisie a fait des efforts considérables pour soutenir les investissements dans les filières agricoles et encourager les  jeunes ruraux à devenir des agri-entrepreneurs. Cependant, des défis considérables doivent être surmontés  pour stimuler et soutenir des investissements en quantité et qualité suffisantes pour freiner l’exode rural et réduire le taux de chômage des jeunes ruraux. La FAO et l’Institut National de la Recherche Agronomique de Tunisie (INRAT) par le biais d’une équipe de recherche du Laboratoire d’économie rurale, visent à identifier des solutions pour surmonter ce défi. Un premier atelier multi-acteurs a été organisé le 14 octobre 2019 pour développer une vision pour rendre l’agriculture et l’agroalimentaire plus attractifs pour les jeunes tunisiens et les encourager à se lancer dans l’agri-entrepreneuriat.

La marginalisation des jeunes tunisiens a été considérée comme l’un des déclencheurs de la révolution du 14 janvier 2011, ainsi que leur exclusion de la participation politique et du processus de développement. La jeunesse des régions rurales et agricoles a été à l’avant-garde des revendications. D’importants efforts ont depuis été entrepris, notamment par l’Agence de promotion des investissements agricoles (APIA), pour permettre aux jeunes agri-entrepreneurs en milieu rural à investir et soutenir leurs exploitations et entreprises. Les prêts fonciers, primes et appuis techniques sous forme de coaching ne sont que les plus emblématiques des services fournis. L’agence a même développé une carte nationale énumérant toutes les opportunités d’investissements prioritaires par région.  

Malgré tous ces efforts le taux de chômage parmi les  jeunes, et notamment des diplômés de l’enseignement supérieur, reste  élevé, frôlant les 30%.  

La  région du Nord-Ouest de la Tunisie est  particulièrement touchée par des taux plus élevés. En même temps, elle offre  un vrai  potentiel de développement territorial basé sur la différenciation, la labellisation et la commercialisation de plusieurs produits agricoles, notamment dans les filières oléicoles et laitières. Ceci pourra contribuer à créer des opportunités d’emploi ou d’entreprenariat dans les services agricoles dans chacune de ces filières.

Suite à ce constat, la FAO et l’INRAT, en partenariat avec l’APIA, soutenus par la Suisse et appuyés techniquement par la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires, réalisent un diagnostic sous requête du Ministère de l’agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche. Celui-ci devrait déboucher sur des recommandations concrètes pour renforcer les capacités des jeunes agri-entrepreneurs du Nord-Ouest opérant, ou souhaitant opérer, dans ces deux filières.

Un premier atelier multi-acteurs a été organisé le 14 octobre à Tunis par l’INRAT et la FAO suite à des recherches initiales et de consultations sur le terrain. Une trentaine de participants représentant les jeunes agri-entrepreneurs et les parties prenantes issues de diverses branches provenant des deux filières ont été amenés afin d’identifier une vision d’un environnement attractif aux  investissements par et pour les jeunes et qui répond à leurs besoins.

Dans un premier temps, des jeunes agri-entrepreneurs issus des deux filières ont présenté leurs projets et ont exposé les défis auxquels ils ont été confrontés, ainsi que les facteurs encourageants. Par la suite, les participants ont été amenés à réfléchir dans des groupes de travail aux questions suivantes : comment renforcer l’attractivité de l’agriculture et des filières identifiées ? Comment améliorer le financement des investissements agricoles et agroalimentaires ? Comment renforcer les conditions-cadre favorisant des investissements dans l’agriculture ? Comment améliorer l’accès à l'information et à l'encadrement ?  Enfin, les participants ont développé des arbres à problèmes et à solutions et priorisé les différentes interventions nécessaires.

L’atelier a débouché sur des conclusions claires qui pourraient servir d’une feuille de route, dressée par des jeunes pour les jeunes:

- Il est essentiel de renforcer les projets et programmes existants en assurant une mise en cohérence et une meilleure coordination entre les différents acteurs, et en partageant  davantage les informations sur les opportunités d’appui disponibles – les Technologies d’Information et de Communication (TIC) pourraient jouer un rôle important dans ce contexte.

-  Il est crucial de faciliter l’accès aux services financiers, à travers plusieurs options innovatrices, y compris la création d’un fonds de garantie des crédits et l’amélioration du cadre juridique et politiques liés aux  conditions d’octroi des prêts. L’adoption de taux préférentiels pour les jeunes agri-entrepreneurs, et des périodes de grâce réalistes et liées au cycle de la production agricole (selon le type de l’activité), pourraient être des pistes importantes à explorer.

- Il est important de créer une dynamique de  coaching et d’accompagnement des jeunes agri-entrepreneurs, et renforcer davantage les cadres existants.

Sur la base de ces résultats, l’INRAT mènera une analyse situationnelle et présentera sa vision globale à partir des  propos recueillis durant ce premier atelier, proposant des solutions potentielles.

Les jeunes agri-entrepreneurs tunisiens seront présents au deuxième atelier en février 2020 pour valider et affiner les solutions proposées par  la FAO et l’INRAT.