L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture a organisé du 9 au 13 décembre à Bangkok, une formation de formateurs destinée à renforcer les capacités de son partenaire AsiaDHRRA (Asian Partnerhsip for the Development of Human Resources in Rural Asia) afin de faire participer les jeunes à l’investissement responsable dans l'agriculture et les systèmes alimentaires dans la région. La formation a réuni 24 membres du réseau AsiaDHRRA, provenant du Cambodge, du Myanmar, du Laos, du Viet Nam, de la Thaïlande et des Philippines.

La formation avait deux objectifs principaux. Le premier était de mieux faire comprendre aux participants les Principes du CSA pour un investissement responsable dans l’agriculture et les systèmes alimentaires, premier accord mondial spécifiant ce qu’est l’investissement responsable dans l’agriculture et les systèmes alimentaires. D’autres cadres de politique régionaux qui fournissent des orientations dans ce domaine, comme par exemple Asean Guidelines on Promoting Responsible Investment in Food, Agriculture and Forestry (en anglais seulement), ont également été examinés. Les membres du partenariat AsiaDHRRA seront ainsi en mesure d’intensifier le plaidoyer dans leurs pays respectifs.

Le second objectif était de former les membres d’AsiaDHRRA à l’utilisation de l’outil d’analyse rapide des capacités élaboré par la FAO: Augmenter les investissements responsables dans l’agriculture et les systèmes alimentaires par et pour les jeunes. Cet outil est conçu pour appuyer l’application des Principes du CSA pour un investissement responsable dans l’agriculture et les systèmes alimentaires au niveau des pays, tout particulièrement le principe 4 «Faire participer les jeunes et renforcer leur autonomie». Il aide les professionnels à effectuer une analyse multi-acteurs des capacités existantes et nécessaires pour faire participer les jeunes à l’investissement responsable dans l'agriculture et les systèmes alimentaires.

«L’outil d’analyse des capacités couvre quatre domaines clés: le cadre institutionnel dans lequel s’inscrivent les processus d'élaboration des politiques liées aux investissements dans l’agriculture et les systèmes alimentaires; les politiques, les lois et les mesures d’incitation; les organisations et les services qui renforcent l’autonomie des jeunes intervenant tout au long des chaînes d'approvisionnement agricole; et les capacités individuelles nécessaires pour renforcer l’autonomie des jeunes dans l’agriculture» a indiqué Michael Riggs de la FAO.

«Cette formation de formateurs nous a donné l’occasion de comprendre en profondeur l’outil, y compris la manière de concevoir et de faciliter des ateliers nationaux. L’application de l’outil dans nos pays sera essentielle pour déterminer les principaux défis et opportunités et établir une feuille de route pour libérer le potentiel des jeunes agri-entrepreneurs», a déclaré Mags Catindig, Responsable de programme d’AsiaDHRRA.

Contexte mondial

La FAO estime que la réalisation des deux premiers ODD - élimination de la pauvreté et de la faim - nécessite un investissement soutenu de 140 milliards d’USD par an dans l’agriculture et le développement rural. Il est cependant essentiel que l’investissement soit durable et bénéficie à toutes les parties prenantes conformément aux Principes du CSA pour un investissement responsable dans l’agriculture et les systèmes alimentaires.

Parallèlement, la participation des jeunes dans l’agriculture est un enjeu immédiat. Aujourd’hui, peu de jeunes croient qu’ils ont une place dans l'agriculture compte tenu des difficultés auxquelles ils se heurtent comme le manque d’accès à la terre, au crédit et aux marchés. De plus, ils connaissent des taux de chômage élevés et quittent souvent les zones rurales à la recherche d’une vie meilleure.

À travers le Programme-cadre «Soutenir les investissements responsables dans l’agriculture et les systèmes alimentaires», la FAO aide différentes parties prenantes à appliquer les Principes du CSA au niveau national.

Défis

M. Cezar Belangel, Responsable de programme d’AsiaDHRRA, a mentionné que «le défi n’était pas seulement d’accroître l’investissement dans l'agriculture, mais aussi de garantir un investissement “meilleur” et responsable». Il a en outre déclaré: « le monde doit produire plus d’aliments sûrs et nutritifs, mais nos agriculteurs vieillissent; et les jeunes ont tendance à rejeter l’idée de travailler dans l’agriculture en raison des difficultés perçues et des faibles revenus potentiels. Qui produira nos aliments à l’avenir?»

M. Maung Kyaw Khaing Htoo, jeune agriculteur membre de l’Organisation d’agriculteurs de Lin Yaung Thi au Myanmar a indiqué: «nous avons besoin d’appui pour l’analyse des capacités, j’espère que davantage d’organisations agricoles viendront aider les jeunes agriculteurs».

Fort des expériences acquises dans la communauté, M. Siripol Penghom, un jeune agriculteur thaïlandais et coordinateur de Retour volontaire dans le pays d’origine, a encouragé les participants, en particulier les jeunes, à «avoir une pensée positive à l’égard des questions de l’agriculture», et a déclaré «Je vois l’agriculture comme mon bonheur. Ce que je fais dans la communauté c’est pour ma vie et ma famille, si une catastrophe arrive, je ne mourrais pas de faim. Mais, maintenant que je connais les Principes du CSA, je veux en savoir davantage et me perfectionner».

Pour Mme Ho Thi Thoan, conférencière au Collège d’agriculture et de développement rural du Vietnam du nord (NVCARD), le Vietnam a mis l’accent sur la nécessité de renforcer l’autonomie des jeunes conformément aux principes du CSA, « Parce qu’ils sont l’avenir, à long terme, nous devons commencer par les jeunes».

« La participation des jeunes à l’agriculture est possible si nous améliorons les systèmes de soutien comme les facilités de crédit, les régimes fonciers, l’infrastructure rurale, les installations agricoles modernes, etc… l’agriculture ce n’est pas seulement les questions liées à la production, mais c’est aussi tous les services qui gravitent autour, notamment l’amélioration de la qualité des produits, la mécanisation, les systèmes d’information, la consolidation du marché, l’emballage, la transformation, etc..», a déclaré M. Belangel.

Perspectives d’avenir

En 2020, le réseau AsiaDHRRA, CamboDHRRA, MyanDHRRA, LaoDHRRA, VietDHRRA, ThaiDHRRA et PhilDHRRA, organiseront et animeront des ateliers de renforcement des capacités dans leurs pays respectifs, à titre de premières mesures visant à intégrer les Principes du CSA pour un investissement responsable dans l’agriculture et les systèmes alimentaires ainsi que les jeunes dans leurs plans stratégiques et leurs programmes.

De plus, l’importance des points ci-après a été soulignée au cours de l’atelier: a) coopération avec le secteur privé, le secteur public, et maximisation de différentes plateformes; b) investissement dans la documentation de cas; et c) traduction des documents de base concernant les Principes du CSA dans les langues nationales, afin de faire progresser le programme de plaidoyer concernant ces principes et les jeunes.

La FAO et AsiaDHRRA organiseront un Forum régional sur l’investissement responsable dans l’agriculture et les systèmes alimentaires afin de promouvoir le dialogue et partager les difficultés rencontrées et les enseignements acquis dans l’application des principes du CSA pour un investissement responsable dans l’agriculture et les systèmes alimentaires dans la région.