Le Tadjikistan adopte une nouvelle approche pour lutter contre la malnutrition infantile

Un indicateur qualitatif global de la nutrition permet au Tadjikistan de surveiller les régimes alimentaires des ménages et d’améliorer la nutrition au niveau national.

Points clés

Malgré les progrès récemment accomplis pour réduire le chômage et la pauvreté au Tadjikistan, la malnutrition reste généralisée. Parmi les enfants de moins de cinq ans, 50% souffrent de carences en iode, et 25% ont un retard de croissance, ce qui compromet leur avenir. En outre, l’obésité et les maladies liées à l’alimentation, comme les maladies cardiovasculaires et l’hypertension, sont en augmentation. Cela a incité le Gouvernement à adhérer à l’Initiative SUN (Scaling Up Nutrition) et à s’engager à renforcer la nutrition dans le pays. Avec un appui technique de la FAO, les membres de l’Agence des statistiques de la région de Khatlon ont reçu une formation à la collecte et à l’analyse des données sur le Score de diversité alimentaire des femmes (SDAF) et ils ont fourni une assistance pour la conduite d’une enquête pilote locale. Le SDAF est un indicateur qualitatif global de la nutrition, qui compte le nombre de groupes d’aliments consommés par une personne au cours des 24 heures précédant l’enquête. L’objectif est d’intégrer un élément sur la nutrition dans l’enquête annuelle sur le budget des ménages (EBM). Au vu du succès de la formation, le Gouvernement a décidé d’intégrer les données sur le SDAF dans l’EBM et la FAO a été invitée à fournir un appui pour étendre la formation aux autres régions du pays.

Le Tadjikistan a une population jeune. Sept habitants sur dix sont âgés de moins de 30 ans, et le pays considère cette jeune génération en expansion comme un atout majeur sur lequel miser pour l’avenir. Au cours des dernières années, d’importants progrès ont été accomplis pour réduire la courbe du chômage et lutter contre la pauvreté, et l’attention est désormais centrée sur la nutrition.

La malnutrition est généralisée au Tadjikistan. Les régimes alimentaires sont riches en sucres et en acides gras saturés et pauvres en fruits et légumes riches en minéraux, de sorte que les problèmes liés à l’alimentation comme l’obésité, l’hypertension, les maladies cardiovasculaires et la dénutrition persistante sont répandus, en particulier parmi les jeunes. En effet, parmi les enfants de moins de 5 ans, 50% souffrent de carences en iode et 25% ont un retard de croissance.

L’Initiative SUN
Le gouvernement a réagi en adhérant en septembre 2013 à l’Initiative SUN et en s’engageant à améliorer la nutrition pour tous. Les problèmes de malnutrition dans le pays étant principalement liés à une mauvaise alimentation, la première priorité a été de mettre en place un système d’information adéquat pour comprendre et surveiller la qualité et la diversité des régimes alimentaires de la population. Grâce à ce système, les autorités nationales devraient pouvoir planifier et concevoir des programmes appropriés pour remédier de manière efficace et durable aux causes profondes de la malnutrition dans le pays.

Qu’avez-vous mangé au cours des dernières 24 heures?
Avec un appui technique de la FAO (et un financement de l’Union européenne), l’Agence des statistiques et le Ministère de la santé du Tadjikistan ont mis en œuvre une enquête pilote d’évaluation des régimes alimentaires dans la région de Khatlon, dans le cadre du projet de renforcement du système national d’information sur la sécurité alimentaire au Tadjikistan. L’objectif était de fournir à l’Agence des données sur la variété et la qualité des régimes alimentaires locaux, en réponse aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le projet vise principalement à introduire le Score de diversité alimentaire des femmes (SDAF), un indicateur qualitatif global de la nutrition simple, qui compte le nombre de groupes d’aliments consommés par une personne sur une période de 24 heures.

L’indicateur est centré sur les femmes car elles ont des besoins nutritionnels spécifiques (notamment pour les mères et les futures mères) et elles s’occupent plus particulièrement de la nutrition de la famille; or, il est statistiquement démontré que les femmes font passer les besoins alimentaires des membres de leur famille avant les leurs. Si leurs besoins nutritionnels importants sont satisfaits, on peut donc en déduire avec un degré de certitude élevé que ceux des autres membres de la famille le sont aussi. Ces données sont collectées car l’on pense qu’elles montreront quels sont les aliments les plus et les moins consommés par les populations. L’objectif de cette opération est d’intégrer une composante sur la nutrition dans l’enquête annuelle sur le budget des ménages.

«Je pense que cette enquête sur la diversité des régimes alimentaires nous aidera à comprendre les problèmes au niveau des ménages», a indiqué le Professeur Azonov, de l’Institut de la nutrition du Tadjikistan. «Elle nous aidera à mieux prévenir la malnutrition, et à améliorer la situation nutritionnelle au Tadjikistan».

Renforcer les capacités locales
En mai 2014, les employés de l’Agence des statistiques ont été invités à un atelier de formation d’une durée de six jours. Les quatre premiers jours étaient consacrés à des cours, des exercices de groupe, des groupes de réflexion et des jeux de rôle. Les cours portaient sur les concepts fondamentaux de l’évaluation de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, les différents types d’indicateurs alimentaires et la marche à suivre pour intégrer les données sur le SDAF dans les évaluations. Durant les deux derniers jours, des visites sur le terrain ont été organisées pour démontrer par la pratique comment collecter des données sur le SDAF auprès des membres des familles et des communautés locales.

«Cet atelier a été très utile, de même que le processus d’adaptation du groupe d’aliments», a déclaré Abdugaffor Sultonov, Conseiller principal de l’Agence de statistiques à Kurgan Tyube. «Nous connaissons maintenant mieux les denrées et les repas couramment consommés et nous avons intégré ces données dans nos outils de surveillance des régimes alimentaires».

Facile et fiable
Le SDAF repose sur une méthode facile et fiable. Il fournit des données qui permettent au gouvernement de suivre les progrès accomplis pour améliorer les régimes alimentaires et la nutrition, et de concevoir et de mettre en œuvre des politiques et des programmes efficaces. Jusqu’à présent les résultats de l’atelier et l’appui au programme ont été très positifs.

Les résultats de la collecte et de l’analyse des données ont été présentés au gouvernement en octobre 2014. Compte tenu du succès de la phase pilote, l’Agence des statistiques a sollicité une assistance de la FAO pour continuer à former des locaux dans les autres districts du pays.

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