Peuples Autochtones

Echange intergénérationnel autochtone des savoirs traditionnels pour la sécurité alimentaire au CSA44


25/10/2017 - 

A l’occasion de la 44ème Session du Comité de la Sécurité Alimentaire Mondiale (CSA), la FAO et ses partenaires ont organisé un évènement parallèle intitulé: “Un échange intergénérationnel des savoirs: gestion forestière autochtone et sécurité alimentaire dans le contexte du changement climatique – Jeunes et Aînés autochtones présentent des mécanismes pour la foresterie durable et l’adaptation au changement climatique”.  

L’évènement parallèle a été organisé en partenariat avec le Gouvernement de Norvège, le Gouvernement du Panama, l’Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones (IPNUQA), le Fond pour le Développement des Peuples Autochtones d’Amérique du Sud et des Caraïbes (FILAC – acronyme anglais), le Caucus Mondial des Jeunes Autochtones (GIYC), Le Groupe de Travail International pour les Affaires Autochtones (IWGIA – acronyme anglais), l’Alliance mésoaméricaine des peuples et forêts (AMPB – acronyme espagnol), ainsi que le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) – UNREDD. 

L’évènement parallèle a permis un dialogue entre Représentants des peuples autochtones, Agences des Nations Unies, Représentants des Gouvernements, Institutions académiques, Organisations de la Société Civile, et experts des questions autochtones. Ce dialogue fut particulièrement opportun, faisant suite à la sortie cette année, du rapport du Groupe d’experts de haut niveau sur la Gestion durable des forêts au service de la sécurité alimentaire et de la nutrition, qui fut l’un des sujets prioritaires des débats du CSA. Dans ce contexte, la discussion a tourné autour de l’importance de préserver les savoirs traditionnels gardés depuis des générations par les peuples autochtones, en tant que dépositaires des forêts, tout comme les pratiques d’adaptation et d’atténuation du changement climatique qu’ils ont développé, fournissant ainsi des enseignements importants pour la réalisation de l’Objectif du Développement Durable n°2 – Faim “Zéro”. 

Mariam Wallet Aboubakrine – Présidente de l’Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones (IPNUQA), qui également participé à la semaine du Comité de la Sécurité Alimentaire Mondiale dans son intégralité, a parlé du rôle et des savoirs des peuples autochtones et, de l’importance d’assurer des échanges entre les générations et de préserver les savoirs traditionnels. Au cours du temps, les savoirs traditionnels développés et maintenus en contexte de préservation des écosystèmes, des systèmes alimentaires, et des plantes médicinales pour n’en citer que certains, ont été cruciaux tant pour les communautés autochtones que pour les écosystèmes qu’ils ont habité. En effet, les territoires autochtones, s’ils ne représentent que 22% de la surface mondiale, détiennent 80% de la biodiversité restante de la planète.     

Comme expliqué par Marcial Arias Medina, Analyste du ministère de l’Environnement du Panama, “Les savoirs traditionnels sont importants car les Aînés ont une cosmovision de la gestion des forêts, et c’est grâce à ces savoirs qu’ils les ont gérées et préservées jusqu’à présent”. 

On estime que 200 millions de peuples autochtones dépendent principalement des forêts pour leurs moyens de subsistance, particulièrement au travers de la chasse, de la cueillette et de l’agriculture itinérante. Il n’est donc pas surprenant que les peuples autochtones aient imaginé des moyens ingénieux de gérer les forêts sans appauvrir les ressources naturelles, au cours des siècles. Maintenant, le défi relève de préserver et de transmettre ces savoirs dans un contexte de changements sociaux, économiques et environnementaux majeurs. 

Pour autant, les échanges inter- et intra-générationnels de connaissance sont en péril.    

La migration hors des communautés autochtones, faute de formations, d’opportunités de travail, et du fait de la perte des terres, sont parmi les principaux défis que les jeunes autochtones identifient pour la préservation des savoirs traditionnels. Comme expliqué par Q”apaj Conde, co-Président du Caucus Mondial des Jeunes Autochtones, on observe une tendance croissante de la migration des jeunes autochtones en quête d’opportunités, vers les villes. Cela accroît la distanciation entre les aînés et les jeunes, qui s’en suit le déclin de la transmission des savoirs traditionnels. Cette distanciation produit souvent de la marginalisation et de l’isolement, que l’on peut lier aux cas d’automutilation et de suicide chez les jeunes autochtones. 

La discussion interactive avec les panélistes fut l’opportunité de montrer différentes expériences d’adaptation des savoirs traditionnels à la situation actuelle. Par exemple, Sergio Raul Ortiz, de l’Alliance de de Mésoamérique des Peuples et Forêts, a partagé son expérience de combiner les savoirs traditionnels avec les nouvelles technologies, comme les drones pour surveiller les forêts et territoires autochtones au Guatemala. 

Edmond Dounias, Représentant de l’Institut de Recherche pour le Développement – France (IRD) pour l’Indonésie et le Timor Leste, a souligné l’importance de compléter la transmission inter-générationnelle entre les aînés et les enfants, par une transmission intra-générationnelle entre les enfants eux-mêmes dans les sociétés de chasseurs-cueilleurs, puisque les transmissions verticales et horizontales sont essentielles à la préservation des savoirs et des savoir-faire. Ces mécanismes, tout comme la préservation de la langue, nécessitent d’être soutenus par les systèmes d’éducation formels.       

Dans ce contexte, Inge Nordang, Ambassadeur et Représentant Permanent de la Norvège pour les organisations des Nations-Unies basées à Rome, a invité les Gouvernements à adopter une approche proactive et à travailler main dans la main avec les peuples autochtones : “Les Gouvernements doivent répondre à ces défis en formulant des politiques publiques et des législations qui s’harmonisent avec les savoirs et pratiques autochtones ”.

Accédez aux photos de l’évènement ici.