L'écologie des pêches dans les plaines inondables africaines. CIFA Technical Paper No. 3 (Fr).
Malgré les travaux considérables effectués ces dernières années sur la pêche dans les eaux continentales africaines, il est curieux de constater que l'on en a consacré très peu à la biologie des poissons de rivière. Or, ces derniers contribuent peut-être pour près de la moitié du total du poisson d'eau douce pris sur le continent, et quelques unes des pêcheries les plus importantes d'Afrique sont installées sur les cours d'eau. La méconnaissance des mécanismes écologiques qui règlent la population ichtyologique des systèmes fluviaux pourrait avoir de graves conséquences pour l'avenir de ces pêcheries. Les plans d'eau douce, les fleuves et les rivières en particulier, sont nécessaires à toute une gamme d'usages domestiques, industriels et agricoles, qui, faute d'être convenablement réglementés, peuvent être contradictoires avec la permanence de stocks ichtyologiques viables. La mise en valeur intégrée d'un système fluvial, dans le cadre d'utilisations polyvalentes, suppose donc avant tout que l'on en ait une connaissance suffisante pour pouvoir évaluer l'incidence sur les poissons de toute modification de l'écosystème.
On sait depuis longtemps que les pêcheries fluviales les plus importantes sont situées soit sur les larges biefs inférieurs des cours d'eau, soit sur les plaines inondables intérieures qui se forment dans certains systèmes. Il existe une corrélation étroite, en fait, entre la largeur de la plaine inondable et la pêche dans le bief correspondant du cours d'eau (Welcomme, sous presse). La présence de ressources halieutiques importantes a donné lieu à l'étude, tout au moins, de certaines plaines inondables. Le mieux documenté de ces systèmes est peut-être celui du Kafué, en Zambie, où un certain nombre de spécialistes travaillent depuis déjà un certain temps sur les pêcheries et sujets connexes. Plus récemment, les plaines inondables du fleuve Sénégal et de l'Ouémé ont fait l'objet de recherches, et, actuallement, on s'intéresse à la biologie de zones similaires sur le Shiré et le Pongolo. Sans doute est-il symptomatique qu'à peu près ces études aient été entreprises, soit pour prévoir l'incidence de la construction ou de l'exploitation d'un barrage édifié à toute autre fin, soit pour expliquer la dégradation d'une pêcherie et essayer de l'améliorer.
Le présent document doit être considéré comme un “abrégé sur l'habitat” des plaines africaines inondables, accompagné de vues sur leurs pêcheries qui combleront certaines lacunes dans la connaissance générale du sujet et serviront de base aux travaux futurs.