Centre d'investissement de la FAO

Des politiques et des investissements axés sur les consommateurs essentiels pour garantir la sécurité alimentaire

Marché aux fruits et légumes à Freetown

©FAO/Sebastian Liste

04/11/2024

« Ne craignez pas d'investir dans les consommateurs pour aider les agriculteurs ». Tel était le message clé de l'événement organisé récemment par Agrinatura, le Centre d'investissement de la FAO et l'Union européenne en marge de la 52e édition du Comité de la sécurité alimentaire mondiale.

 

Afin de répondre à la question « les agriculteurs nourrissent-ils les consommateurs ou les consommateurs nourrissent-ils les agriculteurs ? », l'événement hybride organisé le 25 octobre en parallèle du Comité a réuni environ 70 participants pour débattre sur la façon dont des politiques orientées sur la consommation peuvent contribuer à transformer les systèmes agroalimentaires.

 

Dans ce contexte, Mohamed Manssouri, directeur du Centre d'investissement de la FAO, a accueilli les participants et insisté sur l’importance de concevoir des investissements pertinents et des politiques pour remédier au faible pouvoir d'achat, prendre en compte la croissance démographique et les besoins nutritionnels et améliorer les infrastructures, tout cela pour encourager la sécurité alimentaire et une bonne nutrition.

 

Tristan Le Cotty, économiste au Centre de recherche agronomique pour le développement international (CIRAD), membre de l'alliance Agrinatura, a introduit l'événement en soulignant que les politiques axées sur l'offre, qui encouragent les agriculteurs à produire plus et mieux, sont largement répandues. Cependant, "la faible demande alimentaire résultant des faibles revenus rend les investissements dans les nouvelles technologies pour augmenter la production alimentaire inefficaces. Si personne ne peut acheter ces nouveaux produits, les agriculteurs ne peuvent pas les vendre et l'insécurité alimentaire demeure".

 

Il a plaidé pour que l'accent soit davantage mis sur les politiques visant à stimuler la consommation, et ainsi la demande de production alimentaire et l'augmentation des revenus des agriculteurs.

 

Martin Bwalya, consultant régional sur les systèmes alimentaires (Afrique), pour le Pôle de coordination des systèmes alimentaires des Nations Unies, a insisté sur ce point en déclarant qu’"en Afrique, malgré des décennies d'investissements massifs axés sur la production et la productivité agricoles, celles-ci sont restées bien en deçà des moyennes mondiales et ne se sont pas traduites par une réduction de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire pour les populations africaines".

 

Il a plaidé en faveur d'une approche systémique de la sécurité alimentaire, promouvant une combinaison de politiques et d'investissements économiques, sociaux, environnementaux et climatiques. Une approche qui encourage une meilleure compréhension du contexte local de la consommation alimentaire et de la nutrition suscitera une nouvelle énergie et galvanisera de nouveaux acteurs pour conduire la transformation des systèmes agroalimentaires.

 

Du côté des consommateurs, un meilleur revenu garantit-il un accès à une alimentation saine ? Julia Tagwireyi, directrice du conseil d'administration d'Africa Catalyzing Action for Nutrition (AfriCAN), a expliqué qu'en Afrique subsaharienne, les régimes alimentaires conventionnels actuels ne suffisent pas pour avoir une alimentation saine, principalement en raison de la diversité réduite des aliments disponibles. Même avec des revenus plus élevés, les gens ont besoin de connaître la valeur des différents aliments. Les politiques devraient encourager la production de tous les types de nourriture, y compris les insectes comestibles, par exemple.

 

Lorenzo Giovanni Bellù, économiste senior en charge du rapport de la FAO sur l'avenir de l'alimentation et de l'agriculture, a mis en évidence deux actions qui permettraient d’amorcer la transformation du pouvoir d'achat des consommateurs : la sensibilisation des consommateurs et des citoyens à des régimes alimentaires sains et durables et une meilleure répartition des revenus et des richesses du secteur agroalimentaire dans les pays producteurs.

 

Le passionnant débat et les questions du public ont convergé sur la capacité des consommateurs d’influencer l’efficacité, la performance et la durabilité des systèmes agroalimentaires.

 

L'événement était organisé dans le cadre de l'initiative Intelligence pour des systèmes agroalimentaires durables (SASI), financée par l'Union européenne et mise en œuvre par Agrinatura et le Centre d'investissement de la FAO.