FAO in Madagascar, Comoros, Mauritius and Seychelles
Photos : AINA, 2016 – Mahavy participe à la FIERMADA 2016 pour la vente de poisson marchand et alevins

La pêche continentale est une activité courante recensée dans tout Madagascar, alors que la pisciculture est pratiquée de façon traditionnelle aux quatre coins du pays depuis quelques décennies. Cette façon de procéder n’exige ni de grands investissements ni de grands espaces. Or, pour réussir, cet élevage requiert une maîtrise des techniques avec une grande assiduité et de la persévérance.

Avec l’existence de plans d’eau toute l’année et une hydrographie assez fournie, la pisciculture a été identifiée comme une filière prioritaire dans le District de Betroka, Région de l’Anosy où le Projet AINA a investi dans la professionnalisation des pisciculteurs qui désormais peuvent tirer des revenus conséquents de cette activités. Des producteurs d’alevins, qui sont à 90% des riziculteurs à la fois, localisés dans neuf Communes du District de Betroka qui disposent de sources d’eau toute l’année ont été appuyé pour faire face aux contraintes telle que le manque de disponibilité des géniteurs pour démarrer le cycle. 

Des formations théorique et pratique sur le cycle biologique des poissons, la reproduction, l’alimentation, l’habitat, la conduite de l’élevage, le transport des produits et les techniques de vulgarisation pour les producteurs d’alevins ont été dispensées à ces bénéficiaires.

A la suite de cette formation, le Projet a appuyé les producteurs dans l’acquisition de 9 lots de géniteurs de tilapia (chaque lot est composé de 3 femelles et 1 mâle), et de 12 géniteurs de carpe royale (8 mâles et 4 femelles) pour la production d’alevins de ces espèces en vue de la diversification de la production. La production de poissons marchands, sources de protéine animale très appréciées, constitue une source de revenus conséquente pour les producteurs. La dispersion de la production dans les différentes communes rend le produit disponible au niveau local et en toute saison, en particulier le tilapia. Cette disponibilité diminue aussi les frais d’approche, facilitant leur accessibilité physique et économique. Des trocs contre du riz ont été observés au sein de la communauté.

Mahavy, est un des formés sur la production d’alevins et le grossissement de poisson. Il est très méticuleux dans l’application des techniques acquises. Sa production est au-dessus de toute espérance et avec les revenus générés par cette activité, entre autres, il s’est acheté un kit solaire pour l’éclairage de sa demeure. Mahavy raconte : « Pendant les fêtes pascales de 2016, je ne savais quoi faire pour le repas familial. J’ai alors pris mon filet et suis allé vers les étangs pour voir. Quelle bonne surprise : j’ai pu vendre du poisson pour 42.300 Ariary alors que je ramenais aussi du poisson à la maison pour le diner pascal. J’ai un peu exagéré, car nous n’avions pas pu manger la totalité durant le diner et que le reste a encore suffi pour le petit déjeuner des enfants le lendemain. Les poissons sont disponibles car il existe à peu près 8.000 alevins actuellement dans les bassins contre 30 seulement en élevage traditionnel dans un bassin au mois d'octobre 2015. Les trois géniteurs de tilapia continuent de produire 6.000 alevins en moyenne tous les deux mois. Les produits sont accessibles à tout moment à partir du mois d'avril car les bassins se trouvent à un kilomètre du village. Avant, il fallait faire 10 km pour acheter du poisson à Betroka et en plus cela coûte cher pour une famille comme la mienne. »

La vente locale des alevins et des poissons pour la consommation constitue en effet une source d'argent non moins importante pour le ménage. Mahavy a été sélectionné pour vendre ses produits au cours de la foire agricole organisée au niveau du district de Betroka. Il a pu gagner 42.000 ariary.  Il a ramené également 1.000 alevins et 10 kg de poisson tilapia au cours de la vente-exposition de la foire FIERMADA à Antananarivo au début du mois d'août pour représenter les pisciculteurs de Betroka. Au total, il a pu ramener 300.000 ariary. A ces occasions, Mahavy a pu trouver des débouchés comme les restaurateurs et les consommateurs locaux et régionaux pour les poissons et les alevins. Mahavy gagne dix fois plus de l'argent grâce à la pisciculture par rapport à la riziculture et à la culture d'oignons. La pisciculture présente une source de revenus permanente et stable. Le coût de production est très faible. Les matières premières pour la préparation de l'alimentation des poissons (arachide, son de riz, manioc, etc.) sont disponibles et accessibles localement. La pisciculture n'est pas encore exposée à des maladies. L’apport bénéficiaire concerne la construction des étangs piscicoles et l’élevage des poissons suivants les normes requises.

En huit mois après avoir reçu la formation technique en pisciculture, les étangs piscicoles de Mahavy sont passés d’un étang en octobre 2015 à huit étangs en juillet 2016. Il a transformé les 16 ares de rizières sur les 20 qu'il exploite en étangs piscicoles. Il ne gagne en une année que 4 sacs de 50 kg de paddy sur un sol calcaire dont le rendement est très faible, soit l'équivalent de 60.000 ariary.  Avec cette même superficie transformée en bassin piscicole, il a pu dégager un bénéfice de 820.000 Ariary seulement en huit mois, soit 13 fois plus par rapport à la rizière.

 

Les résultats de la première vente de 500 unités d’alevins à 500 Ariary l’unité a impressionné le père de Mahavy qui est instituteur payé par les parents d’élèves. Celui-ci a décidé de démissionner et de s’associer à son fils. Ils ont créé, avec les membres de la famille, une association de producteurs d’alevins appelée Fitantsoa. Son père s'occupe plus particulièrement de l'alimentation des poissons, le gardiennage des étangs contre les vols de poissons et l'entretien des bassins. Avec l’argent issu de la vente, Mahavy a aussi pu payer les cinq mois des loyers de ses deux sœurs cadettes qui font leurs études à Betroka, à 5 km de la Commune. Il a maintenant la possibilité de payer tous les jours le petit déjeuner et le gouter de son fils, chose qui ne pouvait faire auparavant. 

(Co-auteurs : FIDA, FAO)