La FAO à l’appui du secteur semencier en République arabe syrienne


Par Mike Robson, Représentant de la FAO en République arabe syrienne

Préparation des semences de blé pour la plantation - FAO/Sheam Kaheel

22/12/2021

L’agriculture peut être un moteur du relèvement en République arabe syrienne. Cependant, pour garantir la productivité et la résilience de l’agriculture, les producteurs doivent pouvoir accéder à des semences de qualité, de variétés qui soient bien adaptées et préférentielles parmi les principales cultures stratégiques.

Avant la crise, l’Organisation générale pour la multiplication des semences (GOSM) assurait la production d’environ 300 000 tonnes de semences certifiées, destinées aux cultures stratégiques (le blé, l’orge et les principales légumineuses). Toutefois, la destruction des installations et la perte des capacités humaines engendrées par le conflit ont réduit la production de semences à un niveau bien inférieur à celui d’avant la crise. Pour la campagne de semis de 2020, la GOSM a distribué environ 75 000 tonnes de semences de blé aux agriculteurs, soit seulement 25 pour cent de la quantité qu’elle livrait avant la crise. Rétablir les capacités ne se limite pas à la production; concrètement, il s’agit aussi de la recherche et de la fourniture de semences, ainsi que de services connexes tels que le crédit et la commercialisation. Compte tenu de la situation économique difficile, la production de semences n’atteindra peut-être pas le même niveau qu’avant pour toutes les cultures et il faudra peut-être envisager d’autres stratégies pour produire et fournir des semences de qualité, en complément des efforts déployés par la GOSM.

A gauche, en haut: Les agriculteurs du gouvernorat de Hama se préparent à planter leurs semences de blé - FAO/Sheam Kaheel A droite, en bas: Un agriculteur pionnier vérifie ses semences dans le cadre de l'intervention de multiplication de semences de la FAO - FAO/Mazen Haffar

La pénurie de semences de blé dans le pays a contraint les petits producteurs soit à se rabattre sur l’achat sur le marché de semences dont la provenance est inconnue, soit à utiliser de graines de leur précédente récolte qu’ils avaient conservées. Il est certain que ces deux stratégies d’adaptation ont des répercussions importantes sur la production et, par conséquent, sur la sécurité alimentaire du pays, qui est déjà vulnérable.

Consciente que la pénurie de semences pèse de manière critique sur la filière alimentaire, la FAO a concouru au rétablissement de la sécurité alimentaire dans les régions syriennes en proie à des troubles civils.

L’Organisation a mené une étude sur la sécurité semencière, qui a mis en évidence les difficultés auxquelles était confronté le secteur semencier, en s’intéressant plus particulièrement au cas des petits exploitants agricoles. Les principales recommandations émanant de l’étude sont les suivantes:
• affiner les approches relatives à la fourniture de semences à titre d’aide en situation d’urgence;
• améliorer la filière d’approvisionnement en semences de qualité;
• améliorer l’accès des producteurs aux semences;
• tirer parti des marchés locaux;
• favoriser l’accès des producteurs aux cultures et variétés nouvelles.

La FAO contribue activement à la mise en œuvre de ces cinq recommandations.

Des agriculteurs et des experts de la FAO discutent des semences de qualité produites dans le cadre de l'intervention de multiplication de semences de la FAO - FAO/Mazen Haffar

Depuis 2013, l’Organisation – dans le cadre d’un programme humanitaire – a distribué 31 000 tonnes de semences de blé à quelque 155 000 ménages. La distribution a concerné 10 gouvernorats, à savoir Alep, Damas/zone rurale, Deir ez-Zor, Deraa, Hama, Hassaké, Homs, Idlib, Raqqa, Soueïda.
Depuis 2018, la FAO, appuyée par ses partenaires d’exécution (par exemple, le Centre international de recherche agricole dans les zones arides [ICARDA]), a lancé une initiative de production de semences à assise communautaire destinée à générer des revenus, afin de compléter l’approvisionnement en semences mis en place dans le pays par la GOSM. En outre, l’Organisation a mis au point un programme relatif à la multiplication des semences de première génération (semences de pré-base et semences de base) pour les principales variétés de blé, d’orge, de pois chiches et de lentilles. Au total, environ 18 tonnes de semences de pré-base et près de 114 tonnes de semences de base ont été distribuées à des agriculteurs de première ligne en vue de la multiplication, parallèlement à d’autres intrants agricoles, intégrés dans le cadre d’une formation spécialisée et grâce à la supervision et au suivi nécessaires (le besoin annuel de semences de pré-base dans le pays est de 10 à 15 tonnes, tandis que celui des semences de base est de 230 à 260 tonnes). Ensuite, les semences produites ont été injectées dans le système, ce qui a permis de renforcer la disponibilité des semences de bonne qualité au profit des agriculteurs vulnérables.
Soutenir la création de groupes de producteurs de semences
En collaboration avec ses partenaires, la FAO aide les agriculteurs soucieux de progresser à s’organiser en groupes informels de production de semences. Le fait que des producteurs s’organisent en vue de produire et de commercialiser les semences pourrait améliorer l’accès et la disponibilité de semences de qualité, en particulier pour les régions et les cultures/variétés que la GOSM ne peut actuellement pas couvrir. La production semencière décentralisée et dirigée par les producteurs, qui a été efficacement développée en Syrie, est venue compléter la production du secteur officiel, ce qui a permis d’améliorer l’accès des agriculteurs à des semences de qualité. Deux groupes de producteurs de semences ont été créés dans les gouvernorats de Homs et d’Alep et un troisième groupe est en passe de voir le jour à Deir ez-Zor – sous l’égide du programme d’appui aux petits producteurs de la FAO et en coordination avec l’ICARDA et la GOSM. À ce jour, 24 agriculteurs produisent des semences de manière active dans le pays et génèrent des dizaines de tonnes de semences de qualité supérieure, lesquelles font l’objet d’une inspection et d’une certification par l’autorité semencière nationale et sont injectées dans le système.


Récemment, le Ministère de l’agriculture et de la réforme agraire a demandé à la FAO de l’aider à examiner les politiques, les capacités et les contraintes relatives au système semencier. Une équipe a été mise sur pied et comprend des experts de l’Organisation affectés au Siège à Rome, qui sont chargés d’étudier les politiques et les pratiques liées aux semences. L’étude permettra de: i) formuler des recommandations visant à assurer la production et à garantir la qualité des semences de blé (et d’autres espèces cultivées); ii) formuler des recommandations relatives à la réforme des politiques et des procédures; iii) définir les étapes à suivre en priorité pour renforcer l’accès à des semences de qualité pour les cultures (et les agriculteurs) que le système officiel prend moins bien en compte. L’étude devrait être achevée prochainement.
En guise de conclusion, pour la FAO, le secteur semencier figure au premier rang des priorités et des objectifs de son programme: aider les agriculteurs vulnérables à avoir accès à des semences de qualité contribuera à réduire l’insécurité alimentaire, à améliorer les moyens de subsistance et à lutter contre la pauvreté.

2. Zero hunger, 8. Decent work and economic growth, 12. Responsible consumption and production