Une initiative mondiale sans précédent fait entrevoir un monde libéré de la rage

Plusieurs partenaires mondiaux annoncent un plan pour mettre un terme aux décès survenus à la suite de morsures de chiens infectés par la rage d’ici à 2030

28 septembre 2017, Genève - La Journée mondiale de la rage est marquée par l'annonce de la plus vaste initiative mondiale de lutte contre la rage. L'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE), l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et l'Alliance mondiale contre la rage (GARC) ont présenté leur initiative très ambitieuse visant à mettre un terme aux décès survenus à la suite de morsures de chiens infectés par la rage d'ici 2030.

Le plan «Unis contre la rage» se base sur l'approche «Une seule santé» et appréhende la maladie de manière holistique et multisectorielle, tout en soulignant le rôle important joué par les services vétérinaires, sanitaires et de formation dans la prévention et la lutte contre la rage.

«Le plan s'assure de l'adoption des meilleures pratiques de lutte contre la rage afin de soutenir les pays dans l'élaboration de leurs programmes nationaux et leur propose des formations innovantes, ainsi que des outils éducatifs utilisés à travers les différents réseaux régionaux de lutte contre la rage», a expliqué le Dr. Bernadette Abela-Ridder qui s'exprimait au nom du Groupe directeur du plan Unis contre la rage.

«Les vaccins représentent une composante essentielle du plan mondial et un élément indispensable pour les programmes nationaux. Le plan Unis contre la rage apporte l'encadrement nécessaire et milite pour mobiliser les ressources essentielles en vue de parvenir à un monde sans décès provoqués par la rage d'ici  2030», a-t-elle ajouté.

«Unis contre la rage» s'appuie sur plus de dix ans de partenariat, de recherche et de preuves mondiales pour démontrer que les cas de rage transmise par des chiens peuvent être éradiqués. Le plan met l'accent sur le problème des décès provoqués par la rage et contribue à faire de cette maladie une priorité aux yeux des organisations internationales et des gouvernements.

Mettre un terme aux décès survenus à la suite de morsures de chiens infectés par la rage

Le monde possède le savoir, la technologie et les vaccins nécessaires pour éradiquer la rage. Soutenu par les quatre partenaires précédemment cités, le plan vise à :

  • Prévenir et faire face aux cas de rage transmise par des chiens, en améliorant la sensibilisation et l'éducation, en réduisant les risques de transmission de la rage aux humains par le biais de campagnes massives de vaccination de chiens et en améliorant l'accès aux soins de santé, aux médicaments et aux vaccins pour les populations à risque;
  • Avoir un impact et le mesurer en mettant en œuvre des directives destinées à lutter contre la rage, qui ont prouvé leur efficacité, et en surveillant l'utilisation des nouvelles techniques de surveillance pour se rendre compte des progrès accomplis afin de réaliser l'Objectif «Zéro d'ici à 30»;
  • Démontrer l'impact du plan «Unis contre la rage» au sein des programmes nationaux, régionaux et mondiaux d'éradication de la rage afin de s'assurer de l'implication continue des intervenants à tous les niveaux, ainsi que d'un financement durable afin de réaliser l'Objectif «Zéro d'ici 30».

La rage est évitable à 100%

La rage - une maladie contagieuse que l'on retrouve dans plus de 150 pays et territoires - est généralement mortelle une fois que les symptômes sont apparus.  Les cas de rage transmise par les chiens représentent près de 99 pour cent des décès humains provoqués par cette maladie. Selon certaines estimations, 59 000 personnes meurent chaque année de la rage.

La rage est une maladie associée à la pauvreté, à la négligence. Les personnes les plus pauvres au monde sont les plus affectées car elles ne peuvent se permettre de traitement ou se payer le transport vers les centres de santé. Les moyens d'existence de ces personnes sont également affectés car selon certaines estimations, lorsque le bétail est infecté par la rage, les pertes financières peuvent dépasser les 500 millions de dollars chaque année.

Assurer l'accès à un traitement vital suite aux morsures de chiens et vacciner les chiens afin de réduire les risques et d'éliminer la maladie à la source, à savoir chez l'animal, permettrait pourtant d'éviter la rage à 100%. En finir avec les décès humains provoqués par la rage requiert également le renforcement des services de santé humains et animaux, ainsi qu'un certain engagement politique.

De nombreux pays où la rage est une source d'inquiétude la reconnaissent comme une maladie transmissible prioritaire, avec un impact important sur la santé de la population et sur l'économie du pays. Souvent, cela ne se reflète malheureusement pas dans l'attribution de ressources adéquates et dans la prise de mesures nécessaires afin d'éradiquer la rage. En d'autres termes, la rage glisse entre les mailles du filet.

«Travailler dans divers secteurs pour éliminer les décès humains provoqués par la rage correspond à la mission de l'OMS consistant à ne laisser personne pour compte pour bâtir un avenir meilleur, plus sain, pour les gens à travers le monde», a déclaré le Dr. Ren Minghui, Directeur général adjoint de l'OMS chargé du VIH/Sida, de la tuberculose, du paludisme et des maladies tropicales négligées. «Œuvrer en vue d'éliminer les décès humains provoqués par la rage contribue à fournir des soins de santé abordables et équitables, tout en travaillant avec nos partenaires pour prévenir la maladie chez les chiens, qui sont la principale source d'infection», a-t-il ajouté.

«Alors que la vaccination massive des chiens est reconnue de manière unanime comme l'approche principale à adopter pour éradiquer la maladie chez les humains, le plan Unis contre la rage représente une étape cruciale pour réunir les intentions, les ressources et les actions caractéristiques de notre objectif commun», a souligné le Dr. Monique Eloit, Directrice générale de l'OIE. «L'élimination des cas de rage transmise par des chiens est faisable et nous nous assurerons d'y parvenir», a-t-elle ajouté.

«La FAO est ravie de faire partie de la mise en œuvre de l'initiative Unis contre la rage visant à éliminer les cas de rage transmise par les chiens. Les communautés rurales sont celles qui souffrent le plus de cette maladie évitable. La rage ne met pas seulement leurs vies et leur bien-être en danger mais aussi les vies de leurs animaux, qui sont souvent un élément important, voire central, de leurs moyens d'existence. La FAO a soutenu des campagnes de vaccination et le développement de programmes communautaires afin de prévenir et d'éradiquer la rage. Cette nouvelle initiative poursuivra sur cette voie et jouera un rôle primordial vis-à-vis de l'objectif global de la FAO consistant à renforcer les communautés rurales», a indiqué M. Ren Wang, Directeur général adjoint de la FAO.

«Il n'y a pas de raison pour que quelqu'un meure de la rage dans le monde d'aujourd'hui et les pays où la rage est endémique ont fait de son éradication une priorité. Grâce à un engagement fort et continu de la part des secteurs de la santé humaine et animale, nous pouvons et mettrons un terme à cette maladie mortelle. Le plan Unis contre la rage est une initiative vitale faisant collaborer le GARC, l'OMS, la FAO et l'OIE entre eux afin d'aider ces pays à atteindre leur objectif de zéro décès liés à la rage d'ici  2030», a souligné le Professeur Louis Nel, Président directeur général du GARC.     

Photo: ©FAO/Celis
Une famille prenant soin de ses chiens aux Philippines. Les cas de rage transmise par des chiens sont à l’origine de la plupart des cas de rage chez les êtres humains.