La FAO entend mettre à profit le potentiel de l’Afrique pour éliminer la faim et la malnutrition

Le Directeur général, M. QU Dongyu s’adresse à la Conférence régionale de la FAO pour l’Afrique

Rome/Harare, 27 octobre 2020 - Le Directeur général de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), M. Qu Dongyu, déclare que le potentiel de l'Afrique suscite en lui l'espoir que la bataille contre la pauvreté et la faim peut être gagnée. Il a produit cette allocution pour l'ouverture de la réunion ministérielle qui s'est tenue aujourd'hui dans le cadre de la 31ème session de la Conférence régionale pour l'Afrique.

«Nous nous réunissons dans un moment éprouvant, mais les perspectives qui s'offrent à nous suscitent en moi un espoir», a déclaré le Directeur général, M. QU.

 « L'Afrique est le continent au potentiel inexploité, et demeure pour moi une priorité majeure. Je suis convaincu que le développement agricole et rural est déterminant pour gagner la bataille contre la pauvreté et la faim en Afrique.»

La Conférence, que le Gouvernement du Zimbabwe accueille à distance en collaboration avec la FAO, réunit plus de 95 ministres et fonctionnaires de 48 pays, soit une participation record. Y participent également des représentants de pays observateurs, d'organisations donatrices, d'organisations de la société civile et du secteur privé, ce qui en fait la plus grande réunion de la FAO en Afrique.

« La Conférence régionale de la FAO pour l'Afrique qui se tient cette année est une plateforme multisectorielle exceptionnelle », a déclaré le Président du Zimbabwe, M. Emmerson Mnangagwa, dans son allocution d'ouverture. Le Zimbabwe assure la présidence de la Conférence, succédant au Soudan.

« Nous devons échanger nos expériences et proposer des solutions aux problèmes communs qui touchent la région Afrique...L'élimination de la faim en Afrique et la réponse aux différents défis structurels auxquels nous sommes confrontés en tant que continent nécessitent des partenariats, une collaboration et un engagement fermes entre les différentes parties prenantes », a-t-il déclaré.

Des solutions dans les moments difficiles

La Conférence se tient alors que s'observe une incidence croissante de la faim en Afrique, sous l'effet du changement climatique, des conflits et des ralentissements économiques. La pandémie de covid-19 exacerbe l'insécurité alimentaire présente.

Au nombre des mesures s'attaquant à ces défis, le Directeur général a mentionné les exemples concrets de partenariats entre la FAO, les Membres et les partenaires donateurs, soit notamment l'Action mondiale contre la chenille légionnaire d'automne, destinée à assurer une approche étroitement coordonnée au niveau national, régional et mondial, ainsi que les progrès notables réalisés dans la lutte contre le criquet pèlerin.

« En Afrique de l'Est, l'approche anticipatrice adoptée dans la lutte contre la résurgence acridienne a été couronnée de succès, les gouvernements nationaux ayant prêté leur collaboration à la FAO et ses partenaires, ce qui a permis de protéger les cultures d'un sinistre estimé à 580 millions de dollars des États-Unis, soit l'équivalent des besoins annuels en céréales de 13 millions de personnes », a précisé M. QU.

Le Directeur général a aussi indiqué que l'égalité hommes-femmes faisait partie de la solution. «Nous devons donner l'égalité des chances et des droits aux femmes en milieu rural», a-t-il déclaré. Il a également fait état des perspectives africaines de transformation des systèmes agroalimentaires, en mentionnant notamment les nouveaux emplois qu'engendrent la croissance des marchés alimentaires, l'essor de la classe moyenne urbaine sur le continent et l'adoption rapide des technologies numériques, en particulier chez les jeunes africains.

Il a rappelé le programme de mutation entamé par la FAO en vue de donner naissance à une organisation dynamique, souple et inclusive, qui œuvre au service de ses Membres en vue d'obtenir des améliorations sur quatre plans: la production, la nutrition, l'environnement et les conditions de vie, soit ce qu'il désigne comme «les quatre mieux».

Le Directeur général a salué l'initiative africaine qui donne la priorité au développement agricole à travers le Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine (PDDAA) et la Déclaration de Malabo de 2014 sur la transformation de l'agriculture, avant de dire sa reconnaissance aux Membres de la FAO pour leur contribution au Fonds fiduciaire africain de solidarité.

Il a invité les délégations des pays à désigner des sites destinés à participer au nouveau projet 1 000 villages numériques de la FAO, qui fera de certains villages et bourgs des centres numériques, reconnaissant que les liaisons numériques et le tourisme rural pourraient être des moteurs pour la résilience et la diversification des revenus des agriculteurs, et aider à reconstruire en mieux.

« Ceci est votre conférence, la session de l'organe directeur régional. Mes collègues et moi-même écouterons avec attention vos points de vue et vos suggestions », a tenu à ajouter le Directeur général, M. QU.

Il a invité les délégations à faire part des priorités qu'elles souhaitent voir figurer dans le nouveau cadre stratégique de la FAO en préparation, ainsi que de leurs attentes envers le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires de 2021, et a encouragé les pays à désigner des champions régionaux en vue de ce sommet et à les rallier à sa cause.

Le Directeur général a aussi évoqué les priorités nationales de la transformation des systèmes agroalimentaires et les engagements politiques forts que suppose la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), en particulier l'ODD 2 et l'ODD 1 au niveau des pays.

La pandémie du COVID-19

La FAO apporte une aide aux gouvernements africains dans l'analyse prévisionnelle des répercussions indirectes que la pandémie de covid-19 est susceptible d'avoir sur les systèmes alimentaires, les marchés et l'agriculture. On estime que 12 millions de personnes sur l'ensemble du continent ont à ce jour bénéficié de cet effort.

Le Directeur général a souligné l'importance du Programme d'intervention et de redressement dans le contexte du COVID-19, par lequel la FAO poursuit ses actions de lutte contre la pandémie de manière globale et intégrée en atténuant ses effets immédiats tout en renforçant sur le long terme la résilience des systèmes alimentaires et des moyens de subsistance, se conformant en cela à l'approche des Nations Unies qui consiste à «construire pour transformer» dans la poursuite des objectifs de développement durable.

Ce programme est aussi étroitement lié à l'initiative Main dans la main qui illustre le nouveau modèle de collaboration de la FAO, articulé sur un large éventail de partenariats, et qui tire parti des capacités techniques et des données de l'Organisation afin de déterminer les choix les meilleurs pour toucher les plus vulnérables et peser le plus fortement dans la lutte contre la pauvreté et la faim.

Nous sommes tous du même bord

M. Mark Lowcock, Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, a appelé à agir sur plusieurs fronts : financer intégralement tous les plans d'intervention humanitaire, investir dans la réduction des risques de catastrophe et recentrer la coopération multilatérale afin de s'attaquer aux causes profondes de la faim. « Tout cela est réalisable si nous convenons d'œuvrer ensemble en faisant nôtre l'idée qu'il en va de notre intérêt collectif. Nous sommes véritablement tous du même bord », a-t-il déclaré.

La représentante du secteur privé, Mme Lucy Muchocki, du Consortium panafricain pour le secteur agroalimentaire et agro-industriel, a déclaré : « Nous tenons à saluer les efforts engagés par la FAO pour mobiliser le secteur privé sur des dossiers qui comptent parmi les plus importants de l'agriculture et du commerce en Afrique. Nous espérons que les dialogues de ce type deviendront des manifestations régulières, car nous devons entretenir cette dynamique pour engendrer les solutions pratiques et orientées vers l'action qui appellent des efforts collectifs.»

Mme Josefa Sacko, Commissaire à l'économie rurale et à l'agriculture de la Commission de l'Union africaine, a salué la forte collaboration dont s'entoure la FAO pour conduire une action multipartite contre la pandémie du COVID-19, notamment en créant un groupe de travail conjoint.

Parmi les autres intervenants à la séance d'ouverture d'aujourd'hui figuraient M. Khalid Mehboob, Président indépendant du Conseil de la FAO, et M. Thanawat Tiensin, Président du Comité de la sécurité alimentaire mondiale.

Une première historique pour la Conférence régionale

Pour la première fois de son histoire, la Conférence tient sa session en téléréunion en raison de la pandémie du COVID-19. Le mode de la téléréunion a permis à un plus grand nombre de personnes d'assister à la Conférence en s'y connectant, ce qui en fait la plus grande Conférence régionale pour l'Afrique jamais tenue. Des centaines de délégués ont participé aux sessions Zoom, et beaucoup d'autres suivent la retransmission en direct sur le web.

D'autres séances se sont tenues aujourd'hui qui avaient trait aux répercussions de la pandémie sur la sécurité alimentaire, et la nutrition et à l'initiative Main dans la main de la FAO. La Conférence se déroule jusqu'au mercredi 28 octobre.

Photo: ©FAO/
Conférence régionale de la FAO pour l’Afrique, (de gauche à droite) : QU Dongyu, Directeur général de la FAO, Emmerson Mnangagwa, Président de la République du Zimbabwe, Khalid Mehboob, Président indépendant du Conseil, Abdulgadir Muhammad Hassan Noureddin, Président de la 30eme session de la Conférence régionale de la FAO pour l’Afrique, Josefa Sacko, Commission de l’Union Africaine, Thanavat Tiensin, Président du Comité de la sécurité alimentaire mondiale, Mark Lowcock, Sous-Secrétaire général des Nations Unies pour les affaires humanitaires et coordinateur des secours d’urgence, Porte-parole des organisations de la société civile et Porte-parole du secteur privé.