La délicate protection des végétaux à l’ère de la mondialisation
La Convention internationale pour la protection des végétaux vient de tenir sa réunion annuelle: deux normes phytosanitaires ont été révisées et mises à jour
12 avril 2013, Rome - Aujourd'hui, il y a de fortes chances pour que les aliments dans notre assiette proviennent de l'autre hémisphère. Pas moins de 1.100 milliards de dollars américains de produits agricoles sont échangés chaque année à l'échelle internationale, les denrées alimentaires représentant 82 % du total.
Et là où l'on trouve fruits et végétaux, l'on peut trouver aussi des éléments moins appétissants. Les œufs de mouche des fruits dissimulés dans la peau des oranges passent inaperçus. Les scolytes creusent les palettes en bois, échappant aux contrôles. Les spores fongiques s'insinuent entre les joints des conteneurs en métal et parcourent ainsi bien plus de kilomètres qu'avec la seule force du vent.
Si aucune mesure n'est prise pour les éliminer dès leur arrivée, les conséquences peuvent être désastreuses : chaque année, la production agricole mondiale chute de quelque 20 à 40 % à cause des organismes nuisibles et des maladies, selon le Secrétariat de la Convention internationale pour la protection des végétaux (CIPV) basé à la FAO. Les chiffres précis manquent, mais une grande part de ces organismes est introduite par les échanges internationaux.
La menace cependant ne pèse pas sur la seule production alimentaire. Les forêts aussi, partout dans le monde, sont durement frappées, alors que 1,6 milliard d'individus en dépendent d'une manière ou d'une autre pour survivre.
Outre les «suspects habituels» - à savoir la mouche méditerranéenne des fruits, la rouille du blé et la chenille défoliante -, toute une panoplie de coupables ravagent les cultures et compromettent les moyens d'existence des agriculteurs dans le monde. Parmi eux: le foreur de l'aubergine, la bactériose du manioc, le nématode doré de la pomme de terre, le ravageur de la vigne, et l'escargot Pomacea ravageur du riz. La liste est longue.
Au-delà de leur impact immédiat sur les rendements agricoles et sur la sécurité alimentaire, ces envahisseurs peuvent avoir d'autres répercussions.
La lutte contre l'introduction et les infestations d'organismes nuisibles coûte aux autorités, aux agriculteurs et aux consommateurs des milliards de dollars chaque année. Une fois les espèces établies, leur éradication s'avère souvent impossible, et les mesures pour y faire face représentent alors un pourcentage important du coût de la production alimentaire. D'où la création de la CIPV.
Les normes, outil essentiel
Face au volume croissant des échanges agricoles, la communauté internationale s'était accordée en 1952 pour instaurer un mécanisme permettant aux nations de collaborer afin d'éviter que les nuisibles et les maladies des plantes ne se propagent par le biais du commerce agricole.
La CIPV constitue en ce sens un réseau, au sein duquel les pays partagent des informations sur l'apparition de ces organismes, sur les mesures de lutte, sur les réglementations phytosanitaires et sur les bonnes pratiques - soutenant leurs efforts pour protéger les ressources végétales et les échanges en toute sécurité. D'autres actions déterminantes de la CIPV visent à mettre en œuvre des normes en favorisant le renforcement des capacités et la résolution des litiges commerciaux.
La principale activité liée à la CIPV consiste à établir des normes internationales qui s'appuient sur des éléments scientifiques et détaillent comment traiter les végétaux et les produits végétaux lors des échanges; ce sont les normes internationales pour les mesures phytosanitaires (NIMP).
Cinquante NIMP ont été élaborées jusqu'à présent, qui couvrent des thèmes allant du traitement à réserver aux produits végétaux ou aux matériaux d'emballage en bois avant l'exportation, aux procédures et aux méthodologies à appliquer par les inspecteurs, en passant par les procédures d'analyse des risques et le format requis pour les certificats phytosanitaires. Quatre-vingt-dix autres sujets sont à l'étude.
«La mondialisation et l'interconnexion incroyable dans laquelle nous vivons multiplient les risques de voir les ravageurs et les maladies des plantes se propager d'un pays à l'autre. Il est beaucoup plus rentable de réduire ces risques, de prévenir et de minimiser cette propagation que de chercher à éradiquer nuisibles et maladies ou à gérer leur survenue a posteriori», explique M. Craig Fedchock, chargé de coordonner le Secrétariat de la CIPV.
«De cette manière, nous protégeons les agriculteurs de la catastrophe économique que représente pour eux la propagation des ravageurs et des maladies, épargnons aux industries et aux consommateurs les coûts de leur gestion ou de leur éradication et prévenons les pertes de biodiversité, tout en contribuant au maintien d'écosystèmes viables, en bon fonctionnement», ajoute M. Fedchock.
Actualisation de deux normes : les conteneurs maritimes sous le feu des projecteurs
Cette semaine, l'organe dirigeant de la CIPV, la Commission des mesures phytosanitaires (CMP), a approuvé deux NIMP révisées au cours de sa réunion annuelle (du 8 au 11 avril 2013).
La première concerne la mise à jour de la NIMP n° 11, Analyse des risques phytosanitaires pour les organismes de quarantaine, incluant l'analyse des risques pour l'environnement et des organismes vivants modifiés, ajoutant des recommandations détaillées sur l'analyse des risques à laquelle doivent procéder les autorités pour déterminer si une plante importée peut être néfaste pour les végétaux sauvages ou cultivés, s'il faut réglementer leurs importations et comment définir des mesures phytosanitaires qui réduisent les risques à un niveau acceptable.
La NIMP n° 15, Réglementation des matériaux d'emballage en bois utilisés dans le commerce international, a quant à elle été révisée pour inclure des recommandations plus spécifiques.
La CMP a aussi accepté d'entamer l'élaboration d'une nouvelle NIMP visant à réduire la propagation des ravageurs et des maladies des plantes par le biais des conteneurs maritimes. (Ceux-ci représentent environ 90 % des transports de biens dans le monde, près de 5 millions se trouvant en transit en mer à chaque moment.)
Les membres de la CMP ont également discuté de différentes options qui permettraient d'améliorer la surveillance et la lutte contre les ravageurs dans le transport international des céréales.
Et là où l'on trouve fruits et végétaux, l'on peut trouver aussi des éléments moins appétissants. Les œufs de mouche des fruits dissimulés dans la peau des oranges passent inaperçus. Les scolytes creusent les palettes en bois, échappant aux contrôles. Les spores fongiques s'insinuent entre les joints des conteneurs en métal et parcourent ainsi bien plus de kilomètres qu'avec la seule force du vent.
Si aucune mesure n'est prise pour les éliminer dès leur arrivée, les conséquences peuvent être désastreuses : chaque année, la production agricole mondiale chute de quelque 20 à 40 % à cause des organismes nuisibles et des maladies, selon le Secrétariat de la Convention internationale pour la protection des végétaux (CIPV) basé à la FAO. Les chiffres précis manquent, mais une grande part de ces organismes est introduite par les échanges internationaux.
La menace cependant ne pèse pas sur la seule production alimentaire. Les forêts aussi, partout dans le monde, sont durement frappées, alors que 1,6 milliard d'individus en dépendent d'une manière ou d'une autre pour survivre.
Outre les «suspects habituels» - à savoir la mouche méditerranéenne des fruits, la rouille du blé et la chenille défoliante -, toute une panoplie de coupables ravagent les cultures et compromettent les moyens d'existence des agriculteurs dans le monde. Parmi eux: le foreur de l'aubergine, la bactériose du manioc, le nématode doré de la pomme de terre, le ravageur de la vigne, et l'escargot Pomacea ravageur du riz. La liste est longue.
Au-delà de leur impact immédiat sur les rendements agricoles et sur la sécurité alimentaire, ces envahisseurs peuvent avoir d'autres répercussions.
La lutte contre l'introduction et les infestations d'organismes nuisibles coûte aux autorités, aux agriculteurs et aux consommateurs des milliards de dollars chaque année. Une fois les espèces établies, leur éradication s'avère souvent impossible, et les mesures pour y faire face représentent alors un pourcentage important du coût de la production alimentaire. D'où la création de la CIPV.
Les normes, outil essentiel
Face au volume croissant des échanges agricoles, la communauté internationale s'était accordée en 1952 pour instaurer un mécanisme permettant aux nations de collaborer afin d'éviter que les nuisibles et les maladies des plantes ne se propagent par le biais du commerce agricole.
La CIPV constitue en ce sens un réseau, au sein duquel les pays partagent des informations sur l'apparition de ces organismes, sur les mesures de lutte, sur les réglementations phytosanitaires et sur les bonnes pratiques - soutenant leurs efforts pour protéger les ressources végétales et les échanges en toute sécurité. D'autres actions déterminantes de la CIPV visent à mettre en œuvre des normes en favorisant le renforcement des capacités et la résolution des litiges commerciaux.
La principale activité liée à la CIPV consiste à établir des normes internationales qui s'appuient sur des éléments scientifiques et détaillent comment traiter les végétaux et les produits végétaux lors des échanges; ce sont les normes internationales pour les mesures phytosanitaires (NIMP).
Cinquante NIMP ont été élaborées jusqu'à présent, qui couvrent des thèmes allant du traitement à réserver aux produits végétaux ou aux matériaux d'emballage en bois avant l'exportation, aux procédures et aux méthodologies à appliquer par les inspecteurs, en passant par les procédures d'analyse des risques et le format requis pour les certificats phytosanitaires. Quatre-vingt-dix autres sujets sont à l'étude.
«La mondialisation et l'interconnexion incroyable dans laquelle nous vivons multiplient les risques de voir les ravageurs et les maladies des plantes se propager d'un pays à l'autre. Il est beaucoup plus rentable de réduire ces risques, de prévenir et de minimiser cette propagation que de chercher à éradiquer nuisibles et maladies ou à gérer leur survenue a posteriori», explique M. Craig Fedchock, chargé de coordonner le Secrétariat de la CIPV.
«De cette manière, nous protégeons les agriculteurs de la catastrophe économique que représente pour eux la propagation des ravageurs et des maladies, épargnons aux industries et aux consommateurs les coûts de leur gestion ou de leur éradication et prévenons les pertes de biodiversité, tout en contribuant au maintien d'écosystèmes viables, en bon fonctionnement», ajoute M. Fedchock.
Actualisation de deux normes : les conteneurs maritimes sous le feu des projecteurs
Cette semaine, l'organe dirigeant de la CIPV, la Commission des mesures phytosanitaires (CMP), a approuvé deux NIMP révisées au cours de sa réunion annuelle (du 8 au 11 avril 2013).
La première concerne la mise à jour de la NIMP n° 11, Analyse des risques phytosanitaires pour les organismes de quarantaine, incluant l'analyse des risques pour l'environnement et des organismes vivants modifiés, ajoutant des recommandations détaillées sur l'analyse des risques à laquelle doivent procéder les autorités pour déterminer si une plante importée peut être néfaste pour les végétaux sauvages ou cultivés, s'il faut réglementer leurs importations et comment définir des mesures phytosanitaires qui réduisent les risques à un niveau acceptable.
La NIMP n° 15, Réglementation des matériaux d'emballage en bois utilisés dans le commerce international, a quant à elle été révisée pour inclure des recommandations plus spécifiques.
La CMP a aussi accepté d'entamer l'élaboration d'une nouvelle NIMP visant à réduire la propagation des ravageurs et des maladies des plantes par le biais des conteneurs maritimes. (Ceux-ci représentent environ 90 % des transports de biens dans le monde, près de 5 millions se trouvant en transit en mer à chaque moment.)
Les membres de la CMP ont également discuté de différentes options qui permettraient d'améliorer la surveillance et la lutte contre les ravageurs dans le transport international des céréales.

Pas moins de 1.100 milliards de dollars de produits agricoles sont échangés chaque année à l’échelle internationale