Le Pape François aux délégués de la FAO: l’éradication de la faim est une obligation

Le chef de l’Eglise catholique souligne l’importance de la solidarité pour assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et réduire le gaspillage alimentaire

11 juin 2015, Rome/Cité du Vatican – La communauté internationale doit répondre à l'impératif moral consistant à assurer l'accès à la nourriture en le considérant comme «un droit pour tous», a dit aujourd'hui le Pape François aux délégués à la 39e Conférence de la FAO au cours d'une audience spéciale qu'il leur a accordée en la Cité du Vatican. 

«Si tous les Etats membres travaillaient les uns pour les autres, un consensus sur l'action de la FAO ne tarderait pas à naître et, en outre, on redécouvrirait le rôle original de la FAO: fiat panis, ‘du pain pour tous'», a déclaré le Pape citant la devise en latin figurant sur le logo de l'Organisation.

Dans ses observations délivrées devant les représentants de plus de 120 pays en présence du Directeur général de la FAO José Graziano da Silva et du président en exercice de la Conférence Le Mamea Ropati Mualia (îles Samoa), le Pape a souligné l'importance, tour à tour, de la réduction du gaspillage alimentaire, de l'éducation en matière de nutrition et de la responsabilisation pour assurer la sécurité alimentaire pour tous.

«Les statistiques sur le gaspillage alimentaire sont préoccupantes», a dit le Pape en référence aux données de la FAO selon lesquelles plus d'un tiers des aliments produits dans le monde serait perdu ou gaspillé.

Nous devons tous nous «engager de manière décisive» pour modifier nos modes de vie et utiliser les ressources naturelles d'une façon plus durable, a affirmé le Pape avant d'ajouter: «La sobriété n'est pas contraire au développement. Il apparaît, en effet, de nos jours que l'une est la condition nécessaire de l'autre.»

Au cours d'une brève rencontre avec le Directeur général de la FAO, le Pape devait indiquer qu'il comptait débattre de sa prochaine encyclique notamment avec la FAO et d'autres institutions.

François a également souligné l'importance de l'effort de décentralisation en cours à la FAO «pour être au milieu du monde rural et appréhender les besoins des gens qu'on veut servir».

D'autre part, le Souverain Pontife a invité ses interlocuteurs à réfléchir sur les conséquences de la spéculation sur les marchés des produits agricoles de base et sur la volatilité des prix, notamment en ce qui concerne leurs effets sur la sécurité alimentaire et notamment celle des agriculteurs familiaux.

«La volatilité des prix alimentaires empêche les pauvres de planifier à l'avance ou de compter sur un niveau minimum de nutrition», a fait remarquer le Pape.

«Recherchons une autre voie», a-t-il dit en évoquant la valeur sacrée de la nourriture, une valeur que lui confère le labeur quotidien des gens, des familles et des communautés.

Le Pape a invité les délégués à placer l'agriculture au cœur de leurs activités économiques nationales et à appuyer le renforcement de la résilience des communautés afin qu'elles puissent surmonter les catastrophes naturelles ou causées par l'action de l'homme.

Le Pape a par ailleurs exprimé sa préoccupation à l'égard de l'accaparement massif des terres par des multinationales ou des gouvernements qui «non seulement privent les agriculteurs d'un bien essentiel» mais «portent également atteinte à la souveraineté nationale des Etats».

Enfin, le Pape a évoqué sa participation en novembre dernier à la deuxième Conférence internationale sur la nutrition (CIN2) au cours de laquelle il avait exhorté les leaders du monde à transposer leurs déclarations en actions tangibles afin d'améliorer les niveaux nutritionnels de leurs populations. Il s'agit, a-t-il dit en substance, d'agir de manière responsable en répondant aux besoins des personnes qui souffrent de la faim et aux aspirations de tous ceux qui cherchent à améliorer leur situation grâce à l'agriculture.

Photo: ©Osservatore Romano
La Pape François reçoit en audience les délégués de la Conférence de la FAO