Face aux quatre famines imminentes, nous devons agir dès maintenant

La présidente du Comité de la sécurité alimentaire mondiale invite tous les intervenants à soutenir une intervention immédiate et sur le long-terme

17 mai 2017, Rome - «Les gouvernements, les groupes civils et les entreprises doivent se mobiliser pour apporter leur aide aux populations qui vivent dans des pays risquant de sombrer dans la famine et pour mettre en place des initiatives sur le long terme, qui leur permettront de se rétablir et de retrouver leurs moyens d'existence», a déclaré aujourd'hui Mme Amira Gornass, Présidente du Comité de la sécurité alimentaire mondiale.

L'état de famine a été déclaré dans certains comtés du Soudan du Sud et selon la FAO et d'autres organisations onusiennes, le nombre de personnes proches de la catastrophe est dangereusement élevé dans le nord-est du Nigéria, en Somalie et au Yémen. Près de 30 millions de personnes dans ces quatre pays ne sont pas certaines de pouvoir se nourrir dans un futur proche ou bien dépendent de l'aide humanitaire.

«Je vous invite à agir dès maintenant afin de soulager ces populations des souffrances qui les attendent et d'empêcher une détérioration majeure de leurs moyens d'existence», dit la lettre de Mme l'Ambassadrice Gornass adressée aux membres du CSA et aux intervenants, ainsi qu'à la communauté internationale, au sens large du terme, qui milite pour le renforcement de leur intervention face aux crises en cours dans ces quatre pays.

Le CSA est un organisme intergouvernemental dont l'objectif est de parvenir à un monde libéré de la faim. Sa plateforme inclusive est structurée de façon à permettre aux participants issus de la société civile, du secteur privé et aux autres acteurs non étatiques, en particulier ceux en situation d'insécurité alimentaire, d'avoir leur mot à dire lors des discussions.

Des mécanismes existent

Les conflits sont principalement à l'origine du risque de famine existant dans ces quatre pays car ils ont perturbé la production alimentaire, bloqué l'acheminement de l'aide et des produits vers les communautés vulnérables et ont contribué à une hausse insoutenable des prix pour les populations.

«Le Comité permanent interorganisations (IASC), le principal mécanisme chargé de la coordination de l'aide humanitaire, des interventions et des secours d'urgence, peut répondre aux besoins immédiats s'il est financé correctement», a ajouté Mme l'Ambassadrice Gornass, réitérant ainsi les appels lancés par M. António Guterres, Secrétaire général de l'ONU.

«Tout le monde devrait faire son possible pour soutenir l'IASC et pour mobiliser les ressources nécessaires afin de permettre la poursuite des interventions et des activités de secours», a-t-elle précisé.

Les famines à venir

«Si les secours d'urgence sont une priorité immédiate, il est également important de soutenir les plans d'aide à moyen et long terme visant à aider au rétablissement et à empêcher de futures famines», a averti la Présidente du CSA.

«Les populations affectées dans ces quatre pays ont besoin de notre aide dès maintenant. Nous, la communauté internationale, devons agir de manière urgente et nous devons nous unir pour mettre en place des actions efficaces», a-t-elle déclaré.

Le CSA a approuvé en 2015 le Cadre d'action pour la sécurité alimentaire et la nutrition lors des crises prolongées (CSA-CDA) qui offre des approches stratégiques en mesure de renforcer la résilience. Tous les intervenants, publics et privés, devraient appliquer les principes et actions présentés dans ce document, non seulement dans ces quatre pays mais partout où il existe une crise prolongée qui menace la sécurité alimentaire et la nutrition.

«Je compte sur vous pour répondre à cet appel de manière à ce que les secours à court terme soient correctement financés et que des mesures à moyen et long terme soient prises en vue de renforcer la résilience et d'éradiquer la faim et la malnutrition pour de bon».

Contexte

Le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) est la principale plateforme internationale et intergouvernementale visant à ce que l'ensemble des intervenants travaillent ensemble afin d'assurer la sécurité alimentaire et la nutrition pour tous. Grâce à une approche inclusive et multipartite, le CSA développe et approuve des recommandations et des directives politiques sur un vaste éventail de sujets liés à la sécurité alimentaire et à la nutrition. Elaborées par le Groupe d'experts de haut-niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition (HLPE) et/ou en partenariat technique avec l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO)le Fonds international de développement agricole (FIDA), le Programme alimentaire mondial (PAM) et les représentants du Groupe consultatif du CSA, ces recommandations se basent sur des rapports scientifiques et des preuves. Le CSA se réunit chaque année au mois d'octobre en session plénière à la FAO, à Rome.

Photo: FAO/Karel Prinsloo
Des éleveurs somaliens déplacent leurs troupeaux à la recherche de nourriture.