Le développement rural comme instrument de paix, un exemple pour le reste du monde
Le Directeur général réitère l’engagement de la FAO pour la consolidation de la paix
05 juillet 2017, Rome - Les progrès réalisés en Colombie grâce au développement rural en tant qu'instrument de paix après plus d'un demi-siècle de guerre civile peuvent « combler le monde entier d'espoir et lui apporter de précieux enseignements » a affirmé aujourd'hui M. José Graziano da Silva, Directeur général de la FAO.
« Le seul chemin vers la paix est celui du dialogue, de la négociation, de la coopération, de l'inclusion et de l'égalité. C'est aussi la voie qui nous conduira au développement durable où personne n'est laissé pour compte. Tout le monde espère que ce qui se passe en Colombie puisse servir de modèle ailleurs, » a-t-il ajouté.
La FAO travaille aux côtés du gouvernement et des organisations de la société civile en conseillant politiquement trois nouvelles institutions : l'agence nationale des terres, l'agence de développement rural et l'agence pour la rénovation du territoire.
Les 53 ans de conflits armés ont pris fin plus tôt dans le mois lorsque les membres du groupe rebelle, les FARC, ont déposé leurs armes conformément à un accord de paix, négocié ces dernières années et formalisé en 2016. Les terres, les pratiques agricoles et les moyens d'existence de la population continuent d'être affectés par les impacts d'un conflit qui a touché une grande partie du pays.
Le gouvernement colombien est actuellement à pied d'œuvre pour appliquer 80 lois spéciales et développer 1000 programmes rentrant dans le cadre de l'accord de paix, à savoir des projets d'électrification rurale, des programmes de recyclage professionnel, des systèmes d'aide au revenu pour les anciens membres de milices et des incitations fiscales pour les entreprises qui construisent des infrastructures publiques. La Colombie tient également à donner aux ex-membres des FARC un rôle clé à jouer dans le cadre de sa campagne de grande envergure visant à retirer les mines anti personnelles. Après l'Afghanistan, la Colombie est le pays avec le plus grand nombre de mines sur son territoire.
Le plan intégral de réforme du gouvernement colombien devrait bénéficier à près de 14 000 petits agriculteurs et requiert d'engager le dialogue avec les groupes locaux afin de mettre en œuvre les plans de développement pour chaque district.
« Le conflit s'est surtout manifesté dans les zones rurales et par conséquent, les opportunités des colombiens qui vivaient là sont nettement inférieures à ceux des colombiens vivant dans les villes » a déclaré aujourd'hui M. Rafael Pardo, ministre en charge du post-conflit colombien, des droits de l'homme et de la sécurité et l'un des principaux protagonistes du processus de paix dans le pays.
« La très large expérience de la FAO et sa présence dans le pays » en font un « compagnon essentiel pour toutes les activités liées au développement rural durant les 15 années pendant lesquelles l'accord de paix devra être mis en œuvre » a-t-il ajouté.
Le rôle crucial de la réforme agraire et des droits fonciers
M. Rafael Pardo a souligné la création d'un cadastre des terres, avec l'aide de la FAO. Les questions relatives aux droits fonciers sont fondamentales afin de stimuler l'énorme potentiel agricole d'un pays où le conflit a détruit des millions de ménages, où certaines personnes vivent maintenant dans des parcs nationaux, où la culture de coca,bien qu'illégale, est répandue et où seul un quart des terres arables sont cultivées.
« Les terres étaient à l'origine du conflit armé mais ce sont aussi les terres qui apporteront la plupart des solutions » a déclaré M. Rafael Zavala, Représentant de la FAO en Colombie.
M. Rafael Pardo a également présenté les programmes du gouvernement destinés à inciter les agriculteurs à abandonner la culture des feuilles de coca et à les remplacer par des cultures alternatives, disant qu'il espérait obtenir l'adhésion de plus de 50 000 foyers d'ici la fin de l'année.
La Colombie comme un exemple pour les autres pays victimes d'un conflit
« Chaque pays a ses propres procédés et dynamiques mais fondamentalement, c'est le dialogue qui permet de trouver des solutions aux problèmes » a déclaré M. Pardo.
« La leçon la plus importante à tirer de l'accord de paix colombien est qu'il dépasse les thèmes des accords de paix traditionnels, tels que la démobilisation, le désarmement et la réintégration. Il s'agit d'un accord complet qui vise à transformer et à améliorer la vie et les moyens d'existence en milieu rural. »
« Une population dont la sécurité alimentaire n'est pas garantie, n'aura pas la possibilité de parvenir à la paix. » a-t-il ajouté.
