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Il est temps d’ajouter le cactus au menu

Transformer un aliment de dernier ressort pour la sécurité alimentaire et le fourrage en culture commerciale

30 novembre 2017, Rome -La figue de Barbarie devrait être considérée comme un atout précieux, en particulier pour l'alimentation et la nourriture  du bétail dans les zones arides.

La FAO a réuni des experts spécialistes des plantes afin qu'ils mettent en commun leurs connaissances et tentent d'aider les agriculteurs et les décideurs politiques à utiliser de manière plus efficace et stratégique leurs ressources naturelles qui, trop souvent, ne sont pas appréciées à leur juste valeur. 

Lors de la période d'intense sécheresse qui a frappé le Sud de Madagascar, le cactus s'est révélé être une source essentielle de nourriture, de fourrage et d'eau pour les populations locales et leurs animaux. Cette même région a également connu une grave famine après avoir tenté d'éradiquer la plante que certains considéraient comme une espèce envahissante et inutile. Très vite, elle fut réintroduite.

Alors que la plupart des cactus ne sont pas comestibles, les espèces Opuntia ont beaucoup à offrir, surtout si elles sont traitées comme une culture et non comme une mauvaise herbe.

Aujourd'hui, les sous-espèces Opuntia ficus-indica d'origine agricole - dont les épines ont été enlevées mais refont surface en période de stress - sont cultivées dans 26 pays au-delà de sa région d'origine. Son endurance en fait un aliment de dernier ressort et contribue aux efforts en faveur de l'agriculture durable et de l'amélioration des systèmes d'élevage.

Pour diffuser les connaissances liées à la meilleure manière d'exploiter les figues de barbaries, la FAO et l'ICARDA ont lancé Ecologie des cultures, culture et utilisation des figues de barbarie, un livre proposant des informations actualisées sur les ressources génétiques de la plante, ses caractères physiologiques, ses préférences par rapport au sol et sa vulnérabilité face aux parasites. Le nouveau livre offre également des astuces sur la meilleure manière d'exploiter les qualités culinaires de la plante, comme cela est d'ailleurs le cas au Mexique depuis des siècles et depuis peu en Sicile.«Le changement climatique et les risques élevés de sécheresse sont autant de raisons pour actualiser le statut du cactus et lui donner le rôle de culture essentielle dans de nombreuses régions», a déclaré Hans Dreyer, Directeur de la Division de la production végétale et de la protection des plantes à la FAO.

La culture des figues de barbaries gagne peu à peu du terrain face à la nécessité de renforcer la résilience des populations confrontées à des situations de sécheresse, de températures élevées ou encore de sols dégradés. Le cactus fait partie des traditions mexicaines, où il est né, où la consommation annuelle de nopalitos - aussi appelées cladodes -  pour chaque habitant s'élève à 6,4 kg. Les Opuntias sont cultivées dans des petites fermes et récoltés à l'état sauvage sur plus de trois millions d'hectares. Dans les petites exploitations agricoles, les techniques d'irrigation au goutte à goutte sont de plus en plus utilisées pour les cultiver, ce qui en fait l'une des cultures principales ou secondaires.

Aujourd'hui, le Brésil possède plus de 500 000 hectares de plantations de cactus dont l'objectif est d'être utilisé comme fourrage. La plante est également cultivée dans les fermes d'Afrique du Nord, tandis que sur les 360 000 hectares recouvrant la région du Tigray en Ethiopie, la moitié concerne des cactus.


Un potentiel en tant que source d'aliment et de fourrage

La capacité des figues de barbarie à s'épanouir dans des conditions climatiques sèches et arides en font un contributeur essentiel de la sécurité alimentaire. En plus de son rôle en tant que source de nourriture, les branches du cactus stockent de l'eau, faisant office de puits botanique capable de fournir jusqu'à 180 tonnes d'eau par hectare, soit assez pour abreuver cinq vaches adultes. En période de sécheresse, le taux de survie du bétail élevé dans des fermes possédant des plantations de cactus est beaucoup plus important.

Les menaces pesant sur les ressources en eau à l'avenir font du cactus «l'une des cultures les plus importantes du 21ème  siècle», a indiqué M. Ali Nefzaoui, chercheur à l'ICARDA (Centre international de recherche agricole dans les zones arides) de Tunis.

Plusieurs chapitres du livre traitent du potentiel lié à la culture du cactus, comme celui sur les plantations d'orge dont la croissance est favorisée par la culture de cactus, lorsque celle-ci est faite dans les environs, ou encore sa capacité à améliorer les sols des cultures intercalaires. Des recherches préliminaires ont suggéré qu'intégrer le cactus dans les régimes alimentaires du bétail contribuait à réduire la méthanogénèse des ruminants et, a fortiori, contribuerait donc à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Les récoltes du cactus Opuntia varient de manière importante selon les régions, cultivars et techniques de cultures. Récolter plus de 20 tonnes du fruit par hectare est plutôt commun en Israël et en Italie. Quelques cas semblables - 50 tonnes de rendement - ont été enregistrés au Mexique, dans les régions ayant recours aux systèmes d'irrigation, mais les rendements sont plutôt faibles dans la plupart des régions arides et dépendantes des précipitations.

Les figues de barbarie possèdent des priorités biologiques particulières: le métabolisme acide crassulacéen, un type de photosynthèse qui permet aux plantes d'absorber l'eau pendant la nuit. La plante comporte pourtant des limites. Des températures inférieures au niveau de congélation peuvent causer des dégâts irréversibles aux branches et aux fruits. Si l'espèce O. ficus-indica peut généralement survivre à des températures allant jusqu'à 66 degrés Celsius, sa capacité photosynthétique commence à ralentir au-dessus des 30 degrés, ce qui explique pourquoi on ne les voit que très peu dans les déserts du Sahel ou encore de Mojave.

Photo: ©FAO/Giulio Napolitano
Une femme découpe des branches de cactus pour nourrir ses vaches en Ethiopie.