Point d’inflexion atteint dans la campagne visant à éradiquer la faim

Aider les agriculteurs familiaux et assurer l’accès à la nourriture sont les vrais défis d’aujourd’hui, selon le Directeur général de la FAO

Un agriculteur prend soin de sa ferme dans le nord de la Colombie.

©Photo: ©Patrick Zachmann/Magnum Photos

27/11/2017

28 novembre 2017, Rome/Londres - «La lutte contre la faim a atteint un «tournant» aujourd'hui et soutenir les agriculteurs familiaux est essentiel pour mener à bien ce combat», a déclaré hier le Directeur général de la FAO devant les législateurs britanniques.

«De nos jours, le manque de nourriture n'est pas la principale cause de la faim, mais plutôt le manque d'accès à la nourriture», a-t-il précisé alors qu'il s'exprimait devant le Groupe parlementaire multipartite sur l'agriculture et l'alimentation au service du développement.

C'est un paradoxe que les agriculteurs familiaux - ceux qui produisent la plupart de la nourriture mondiale - soient aussi les plus exposés à l'insécurité alimentaire. M. Graziano da Silva a appelé à  sensibiliser davantage le public sur ce problème et à soutenir ces populations, alors que la situation s'aggrave - nombre d'entre eux vivent dans les zones rurales des pays en développement et «arrivent à peine à survivre» - face aux répercussions du changement climatique et des conflits civils.

Les investissements visant à les aider à améliorer leur productivité et leur utilisation des ressources naturelles sont essentiels, a-t-il indiqué, notant que de nombreux foyers dans les pays en développement ne sont pas en mesure de se permettre des investissements qui contribueraient à stimuler leur résilience, tels que des systèmes d'irrigation au goutte à goutte en mesure d'économiser de l'eau.

«C'est une route à double sens : les agriculteurs familiaux ont besoin de notre aide et nous avons besoin d'eux pour assurer un avenir alimentaire durable», a expliqué M. Graziano da Silva.

Cela est particulièrement vrai alors que les techniques agricoles industrielles ont démontré leurs limites. Alors qu'elles ont permis d'augmenter la production alimentaire par habitant de 40 pour cent depuis les années 60, la faim n'a toujours pas été éradiquée. Près de 815 millions de personnes souffraient de sous-alimentation chronique l'année dernière, même si le monde produit assez de nourriture pour tous. «Les défis d'aujourd'hui liés aux systèmes alimentaires portent sur les émissions de gaz à effet de serre, la distribution économique et l'incidence croissante de l'obésité et du surpoids. De tels problèmes doivent être combattus en gardant à l'esprit le rôle des agriculteurs», a-t-il précisé.

Une protection sociale intégrée

«Les programmes de protection sociale pour les agriculteurs familiaux vulnérables sont également nécessaires et offrent une chance de tirer des profits systématiques", a déclaré M. Graziano da Silva aux membres du Parlement, prenant l'exemple du Brésil qui a réussi à associer les transferts d'argent aux ménages pour que les enfants continuent d'aller à l'école. A cela s'ajoute des lois qui requièrent un approvisionnement alimentaire local dans le cadre des programmes d'alimentation scolaire, un projet qui a permis d'améliorer les débouchés commerciaux pour les petits agriculteurs, tout en améliorant la nutrition.

«La FAO, le Programme alimentaire mondial, le gouvernement du Brésil et le Département britannique pour le développement international ont travaillé ensemble afin de développer des variantes locales du programme brésilien en Éthiopie, au Malawi, au Mozambique, au Niger et au Sénégal», a-t-il ajouté.

Le rôle du corps législatif

«Lorsque les parlementaires promulguent des lois et approuvent des budgets, ils se doivent de contribuer à la sécurité alimentaire et à la nutrition, qui sont des problèmes publics requérant une bonne gouvernance, des normes et une législation spécifique», a souligné M. Graziano da Silva.

«Nous avons constaté que lorsque les politiques et programmes publics sont ancrés dans des législations appropriées, les indicateurs de nutrition s'améliorent nettement», a-t-il insisté.

La FAO a soutenu la création d'un Front parlementaire contre la faim et la malnutrition pendant près d'une décennie et une nouvelle alliance a été récemment établie au Japon pour accompagner celles qui existent déjà en Amérique latine, en Afrique et au Parlement européen.

Contacts

Christopher Emsden FAO Actualités et Médias (Rome) (+39) 06 570 53291 [email protected]