Lutte contre la tuberculose : première feuille de route pour enrayer la transmission de la tuberculose bovine et zoonotique

Développé par l’OMS, l’OIE la FAO et l’Union européenne, un nouvel ouvrage traite des mesures à prendre pour lutter contre la maladie en adoptant l’approche Une seule santé

Les vaches sont les animaux les plus vulnérables face à la tuberculose bovine.

©Photo: ©FAO/Chedly Kayouli / FAO

12/10/2017

12 octobre 2017, Guadalajara- La toute première feuille de route pour combattre la tuberculose animale (bovine) et éviter sa transmission à l'homme (la tuberculose zoonotique), le plus souvent due à la consommation de viande ou de produits laitiers contaminés, non traités venant d'animaux malades, préconise une collaboration étroite entre tous ceux qui œuvrent à l'amélioration de la santé humaine et de la santé animale. Elle repose sur l'approche « Une seule santé » qui tient compte des risques sanitaires et des différents secteurs.

La Feuille de route pour la tuberculose zoonotique a été présentée aujourd'hui lors de la 48e Conférence mondiale sur la santé pulmonaire, qui se tient à Guadalajara (Mexique) cette semaine. Quatre partenaires du secteur de la santé - l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE), l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et l'Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires (l'Union) - se sont alliés pour mettre au point cette feuille de route et faire face aux graves conséquences de cette maladie sur la santé et sur l'économie.

Selon de nouvelles données publiées par l'Organisation mondiale de la Santé, chaque année, plus de 140 000 personnes contractent la tuberculose zoonotique et 12 000 en meurent - principalement en Afrique et en Asie du Sud-Est.

« La lutte contre la tuberculose a progressé mais le traitement des personnes atteintes de tuberculose zoonotique accuse un retard. Les priorités énoncées dans cette feuille de route montrent qu'une action multisectorielle s'impose pour lutter contre cette forme négligée de tuberculose et atteindre les cibles des objectifs de développement durable définis par l'Organisation des Nations Unies et celles qui figurent dans la Stratégie de l'OMS pour mettre fin à la tuberculose », a déclaré le Dr Mario Raviglione, Directeur du Programme mondial de lutte contre la tuberculose de l'OMS, ajoutant : « Ensemble, nous pouvons sauver des vies et garantir des moyens de subsistance ».

La tuberculose bovine est le plus souvent transmise à l'homme lors de la consommation de produits laitiers non chauffés, venant d'animaux malades, ou de viande crue ou mal cuite. La transmission directe de la maladie entre des animaux ou des produits animaux infectés et l'homme est également possible.

Selon Dr Paula I Fujiwara, Directrice scientifique à l'Union, « cette feuille de route pluridisciplinaire fera date dans la lutte contre la tuberculose chez l'homme et chez l'animal. Il faut désormais mettre l'accent sur l'amélioration des technologies, des connaissances scientifiques et de la gouvernance pour les communautés touchées, sur lesquelles pèse la charge de la tuberculose bovine dans les zones rurales pauvres, si nous voulons éliminer la tuberculose absolument partout ».

La tuberculose zoonotique est pourtant une maladie en grande partie cachée. Les outils de laboratoire perfectionnés nécessaires pour la diagnostiquer sont rarement disponibles. Le bacille responsable de la maladie est résistant à la pyrazinamide - l'un des médicaments couramment utilisés en première intention pour traiter la tuberculose. Le diagnostic est souvent erroné et les patients reçoivent parfois un traitement inefficace.

« Pour combattre la tuberculose, nous devons reconnaître que la santé de l'être humain et celle de l'animal sont interdépendantes. En particulier, la tuberculose bovine, causée par Mycobacterium bovis, affecte le bétail, menace les moyens d'existence des populations et crée d'importantes barrières économiques et commerciales, tout en constituant un risque majeur pour la sécurité sanitaire des aliments et la santé humaine » a indiqué le Dr Berhe Tekola, Directeur de la Division de la production et de la santé animales de la FAO.

Dix mesures prioritaires pour combattre la tuberculose zoonotique chez l'être humain et la tuberculose bovine chez l'animal

La feuille de route, soutenue par les quatre partenaires, présente dix mesures prioritaires que les acteurs de la santé humaine et de la santé animale peuvent engager, et fixe des étapes intermédiaires à court et à moyen terme : 

AMÉLIORER LES CONNAISSANCES SCIENTIFIQUES

1.       Recueillir, examiner, analyser et présenter systématiquement des données de meilleure qualité sur l'incidence de la tuberculose zoonotique dans la population humaine, et améliorer la surveillance et la notification de la tuberculose bovine chez le bétail et la faune sauvage.

2.       Élargir l'accès à des outils de diagnostic adaptés et aux moyens de dépistage nécessaires pour identifier et caractériser la tuberculose zoonotique chez les humains.

3.       Recenser et combler les lacunes de la recherche en matière de tuberculose zoonotique et de tuberculose bovine, notamment dans les domaines de l'épidémiologie, des outils de diagnostic, des vaccins, des schémas thérapeutiques efficaces et des systèmes de santé et pour les interventions conduites en coordination avec les services vétérinaires.

RÉDUIRE LA TRANSMISSION À L'INTERFACE ANIMAL-HOMME

4.       Élaborer des stratégies pour améliorer la sécurité sanitaire des aliments.

5.       Renforcer les capacités du secteur de la santé animale afin de réduire la prévalence de la tuberculose dans le bétail.

6.       Identifier les populations clés et les voies à risque pour la transmission de la tuberculose zoonotique.

RENFORCER LES DEMARCHES INTERSECTORIELLES ET COLLABORATIVES

7.       Sensibiliser à la tuberculose zoonotique, mobiliser les principales parties prenantes publiques et privées et mettre en place une collaboration intersectorielle efficace.

8.       Mettre au point et appliquer des politiques et des lignes directrices sur la prévention, la surveillance, le diagnostic et le traitement de la tuberculose zoonotique, conformément aux normes intergouvernementales le cas échéant.

9.       Recenser des possibilités d'intervention communautaire ciblant conjointement la santé humaine et la santé animale.

10.   Préparer une série d'arguments en faveur de l'investissement en vue d'accroître l'engagement politique et le financement pour combattre la tuberculose zoonotique dans les différents secteurs, au niveau mondial, régional et national.

Une grande partie des interventions recommandées pour lutter contre la tuberculose bovine et la tuberculose zoonotique apporteront également d'importants bénéfices pour la prévention d'autres maladies zoonotiques ou d'origine alimentaire, comme par exemple celles causées par Brucella.

Agir face aux conséquences socio-économiques de la tuberculose zoonotique et à son impact sur la santé animale

Les conséquences de la tuberculose zoonotique ne se limitent pas à la santé humaine.

À ce sujet, le Dr Matthew Stone, Directeur général adjoint (Normes internationales et Science) de l'OIE, note : « Il faut absolument prévenir et combattre la tuberculose bovine à sa source animale afin d'éviter la transmission à l'homme, d'améliorer la sécurité sanitaire des aliments et de protéger les moyens d'existence de nombreuses communautés rurales. Dans cet objectif, la mise en œuvre de stratégies fondées sur des normes internationales et une approche intersectorielle permettra d'améliorer la surveillance et le diagnostic de la maladie chez l'animal et de réduire par conséquent les risques pour l'être humain ».

La tuberculose bovine menace également le bien-être animal et les populations qui vivent de l'élevage. La maladie peut affecter la production animale, avec des conséquences économiques dévastatrices sur les marchés et les échanges commerciaux, sans compter les coûts de la mise en œuvre des programmes de surveillance et de lutte. Pour éliminer la maladie, le cheptel domestique atteint de la tuberculose bovine doit être abattu sous contrôle vétérinaire.

Les pays riches sont touchés eux aussi. Aux États-Unis, plus de US $200 millions de fonds d'urgence ont dû être débloqués entre 2000 et 2008 pour faire face aux flambées épidémiques de tuberculose bovine. Les animaux sauvages peuvent également être infectés et servir de réservoir d'infection pour le bétail et la population, ce qui représente une menace potentielle sur les efforts de conservation de la faune.

Cette feuille de route est un document décisif qui appelle à agir de toute urgence pour intensifier la riposte et renforcer les ressources nécessaires en vue de lutter contre la tuberculose zoonotique et la tuberculose bovine.  

Contacts

Peter Mayer FAO Actualités et Médias (Rome) (+39) 06 570 53304 [email protected]