Parmi les nombreux défis auxquels l’Afghanistan est confronté, la communauté internationale doit de toute urgence s’atteler au risque de faim, qui menace de façon alarmante un tiers de la population, et aux risques liés à la perte de moyens de subsistance dans les zones rurales, où vit 70 pour cent de la population, a affirmé mercredi dernier M. Qu Dongyu, le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui s’adressait aux ministres des affaires étrangères des pays du G20.
«Il faut en priorité soutenir la production agroalimentaire locale et préserver les moyens de subsistance ruraux», a déclaré le Directeur général, lors de la réunion des ministres des affaires étrangères des pays du G20, à laquelle ont également participé l’Espagne, en tant qu’invité permanent, les Pays-Bas et Singapour, en tant qu’invités, et le Qatar.
Cette réunion en ligne a été organisée dans la perspective du sommet extraordinaire du G20 sur l’Afghanistan, dont la tenue a été annoncée par M. Mario Draghi, Premier Ministre de l’Italie, le pays qui assure actuellement la
présidence du G20.
Le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), M. António Guterres, et le chef du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) de l’ONU, M. Martin Griffiths, se sont également exprimés lors de la manifestation, tout comme des représentants d’autres institutions multilatérales.
M. Qu a insisté sur la nécessité d’aider de toute urgence les agriculteurs afghans à obtenir des intrants agricoles pour la campagne de blé d’hiver, car cette céréale joue un rôle vital dans la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance et représente plus de la moitié de l’apport journalier moyen en calories dans le pays.
«Si nous ne parvenons pas à élargir et à accélérer les efforts que nous menons pour soutenir et sauvegarder les moyens de subsistance agricoles ruraux, cet échec se soldera par une hausse considérable de la faim et de la malnutrition, par des déplacements de personnes massifs et par une forte augmentation des situations de crise humanitaire grave, qui se prolongeront pendant la campagne d’hiver», a-t-il déclaré.
«L’agriculture fournit des moyens de subsistance, directement ou indirectement, à près de 80 pour cent de la population afghane», a affirmé le Directeur général. «L’agriculture peut et doit jouer un rôle central dans le cadre des efforts menés pour traiter les causes profondes de ces crises humanitaires qui se répètent.»
Il a rappelé que la FAO œuvrait depuis longtemps dans les communautés rurales d’Afghanistan et a appelé le G20 à débloquer rapidement des ressources pour empêcher une aggravation de la crise humanitaire, à plaider pour un accès sûr et pérenne aux plus vulnérables et à contribuer à la reconstruction d’un système agroalimentaire économiquement prospère.
«Le délai pour aider les agriculteurs afghans avant l’hiver est très court», a déclaré M. Qu. «La FAO est aux côtés des agriculteurs afghans. Nous comptons sur le G20 pour être aux côtés de la FAO.»
La FAO reste opérationnelle dans les campagnes
La FAO continue de mener des interventions d’envergure vitales en faveur des moyens de subsistance en Afghanistan et s’emploie à apporter une assistance – moyens de subsistance ou transferts d’argent – à plus de 1,9 million de personnes dans 26 provinces. Rien qu’au mois d’août, plus de 200 000 personnes ont bénéficié de cette aide.
Une des activités que mène l’Organisation dans le pays consiste à fournir des kits pour la culture du blé, qui contiennent des semences et des engrais achetés localement, lesquels permettent de produire suffisamment de blé pour répondre aux besoins en céréales et en farine d’une famille pendant une année entière et ne coûtent que 150 USD, soit un quart du prix habituel sur le marché.
La récolte de blé de cette année devrait accuser une baisse de pas moins de 25 pour cent par rapport à la moyenne, en raison du conflit, ainsi que d’une
sécheresse qui touche 25 provinces sur 34. Une autre année de mauvaise production aggravera la situation qui a déjà déclenché une crise de sécurité alimentaire qui touche environ 14 millions de personnes, soit
un tiers de la population, selon le dernier rapport fondé sur le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire qui a été publié par le Gouvernement de la République islamique d’Afghanistan.
En outre, la FAO fournit du matériel pour aider les petits exploitants, en particulier les femmes rurales dont les déplacements font souvent l’objet de restrictions, à cultiver des légumes et à élever de la volaille de basse-cour et offre des aliments pour animaux et une assistance vétérinaire aux éleveurs pastoraux du pays.
La FAO
a demandé 36 millions d’USD supplémentaires, afin de pouvoir intensifier ses activités de fourniture d’engrais et de semences et de protection des animaux d’élevage, renforcer un programme de rémunération du travail en espèces et augmenter les transferts monétaires inconditionnels destinés aux plus vulnérables, y compris les ménages dirigés par une personne handicapée.
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