Le Directeur général, M. Qu Dongyu, fait le point sur la façon dont la FAO se réorganise pour agir de manière rapide et cohérente face aux défis mondiaux.
Le Directeur général de la FAO, QU Dongyu, prend la parole à la séance d'ouverture du Conseil de la FAO.
©FAO/Giulio Napolitano
Rome – Pour l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’année 2022 a été aussi «exceptionnelle» qu’escompté, qu’on considère les circonstances, les efforts ou les actions, a déclaré aujourd’hui le Directeur général, M. Qu Dongyu, lors de son discours d’ouverture à la 171e session du Conseil de la FAO.
Il a indiqué aux Membres que l’Organisation avait réussi à mobiliser un soutien financier à grande échelle pour les pays vulnérables pour parer à la hausse des prix des denrées alimentaires, prouvé sa crédibilité en tant que partenaire de développement, en mobilisant des volumes de ressources sans précédent auprès des donateurs, et démontré son efficacité, en atteignant un nombre inégalé de personnes et en leur apportant une aide vitale et un soutien aux moyens d’existence.
Face à une vague de défis majeurs, notamment la pandémie de covid-19, les conflits prolongés, la crise climatique et la guerre en Ukraine, la FAO «a démontré qu’elle pouvait s’adapter rapidement et réagir avec souplesse aux changements», a déclaré M. Qu. «L’Organisation est aujourd’hui reconnue au niveau mondial comme un partenaire professionnel et de confiance auprès de tous les acteurs qui œuvrent à éradiquer la pauvreté, la faim et la malnutrition».
«Transparente et inclusive, notre future direction stratégique vous associe tous, pour œuvrer ensemble à la réalisation de nos objectifs mondiaux», a déclaré le Directeur général aux délégués. «La FAO et moi-même continuons à vous accompagner dans ce parcours exceptionnel».
«Notre Organisation est forte et nous pouvons la renforcer davantage», a déclaré M. Hans Hoogeveen, Président indépendant du Conseil. Il a averti que, à défaut d’intensifier la collaboration et l’action, le nombre de personnes qui souffrent de la faim dépasserait un milliard en 2023.
Dans son discours, M. Qu a dressé le bilan de ses 40 mois de mandat, qui ont été marqués par des valeurs telles que la transparence, l’inclusivité, l’éthique et le professionnalisme, dans une impulsion donnée à l’échelle du système et visant à changer le modèle d’activité et de fonctionnement de la FAO et dans le cadre d’un large éventail d’innovations institutionnelles et stratégiques. La retranscription complète de son discours est disponible ici.
Chiffres exceptionnels
En 2022, la FAO a déjà mobilisé 1,6 milliard d’USD de contributions volontaires. Ce montant dépasse largement celui de 1,42 milliard d’USD levé en 2021, qui était déjà le plus élevé de l’histoire de la FAO, et est de 22 pour cent supérieur à la moyenne des cinq dernières années.
Grâce au renforcement de ses efforts, la FAO est en passe de dépasser les 30 millions de personnes secourues en 2021 dans le cadre d’une aide d’urgence, qui est à la fois vitale et efficace, sans toutefois être excessivement coûteuse. Les programmes d’urgence et de résilience dans les pays présentant un taux élevé d’insécurité alimentaire aiguë ont été renforcés, l’objectif étant d’atteindre au moins 60 millions de personnes par an d’ici à 2023.
D’ici à la fin de l’année 2022, la FAO fournira une aide destinée à améliorer les moyens d’existence de 9 millions de personnes en Afghanistan, soit la moitié de la population rurale du pays se trouvant en phase 3+ dans l’échelle du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), lequel permet de mesurer l’insécurité alimentaire aiguë associée à des niveaux de crise alimentaire. Quatre autres millions de personnes bénéficieront d’une aide en Éthiopie, au Kenya et en Somalie, où les années de sécheresse se succèdent.
Ces résultats soulignent à quel point les contributions de l’Organisation sont essentielles dans les opérations de grande urgence et témoignent de «la confiance des partenaires dans la capacité de la FAO à mettre en œuvre des programmes de développement à grande échelle et de haute qualité qui nécessitent une haute expertise technique», a déclaré le Directeur général.
L’Organisation a également mis à disposition des capacités de stockage supplémentaires permettant aux agriculteurs ukrainiens de stocker jusqu’à 6 millions de tonnes de céréales, qu’ils ne sont pas en mesure d’exporter à cause de la guerre.
Au cours des dix premiers mois de l’année, le Centre d’investissement de la FAO a prêté son assistance technique à des projets d’une valeur de 7,6 milliards d’USD, financés par des institutions financières internationales, ce qui lui permet de se rapprocher de l’objectif fixé pour 2023. «Ce résultat représente la valeur de la FAO et a une incidence importante pour les Membres», a déclaré M. Qu.
Depuis 2019, l’Organisation a plus que doublé le montant des financements accordés aux Membres par l’intermédiaire du Fonds vert pour le climat et du Fonds pour l’environnement mondial, ce qui a permis à une centaine de pays de débloquer plus de 6 milliards d’USD.
Le Mécanisme de financement des importations alimentaires, proposé par la FAO et conçu pour aider les pays rencontrant des problèmes de balance des paiements liés à l’évolution des prix des denrées alimentaires, a été adopté par le Fonds monétaire international sous la forme d’un guichet «chocs alimentaires». Le Directeur général a souligné qu’il s’agissait «d’une réelle action collective» à même d’apporter près de 32 milliards d’USD d’aide humanitaire aux plus nécessiteux, avant de préciser que plusieurs pays avaient déjà eu recours à ce dispositif.
L’Action mondiale contre la légionnaire d’automne, menée par la FAO, a permis de réduire les pertes de récoltes de 5‑10 pour cent et de diminuer le risque de propagation et d’infestation de cet organisme nuisible majeur des végétaux. Grâce à son rôle de chef de file dans la lutte contre le criquet pèlerin dans la Corne de l’Afrique et ailleurs, au cours des trois dernières années, la FAO a contribué à en atténuer les éventuels effets dévastateurs.
L’Initiative Main dans la main, qui est la première initiative stratégique lancée sous la direction de M. Qu, compte aujourd’hui 54 pays participants et devrait s’étendre aux pays à revenu intermédiaire. À ce titre, des opportunités d’investissement d’une valeur de 3 milliards d’USD, comprenant 15 millions de bénéficiaires directs et indirects, ont été présentées aux partenaires et aux parties prenantes lors du Forum mondial de l’alimentation au mois d’octobre.
M. Qu a tenu à remercier l’ensemble des donateurs et des partenaires, dont le soutien a permis d’obtenir ces résultats extraordinaires.
Autonomisation des femmes et des jeunes
Le Directeur général a mis en avant les efforts déployés par la FAO en faveur de l’autonomisation des femmes et des jeunes, qu’il a entamés dès son arrivée en 2019 avec la création du Comité des femmes et du Comité de la jeunesse.
La force des jeunes a été mise en évidence lors des trois forums mondiaux de l’alimentation organisés à la FAO jusqu’à présent. M. Qu a proposé d’en faire un véritable mouvement mondial dans un futur proche. Selon lui, les efforts déployés pour accroître la participation des jeunes a notamment pour but de dégager des «solutions concrètes et novatrices aux défis actuels et futurs».
Le Comité des femmes de la FAO a mis en place un programme de mentorat conjoint et d’autres partenariats en vue de progresser sur la voie de l’égalité de genre, tant au sein de la FAO que dans le monde entier. Il a ajouté que l’Organisation figurait désormais «parmi les meilleurs» organismes des Nations Unies, qui atteignent ou dépassent les indicateurs fixés dans le Plan d’action à l’échelle du système des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’avancement des femmes.
Il a aussi annoncé que la FAO élaborait actuellement un nouveau rapport mondial sur le statut des femmes rurales dans les systèmes agroalimentaires, qui servira de référence pour rendre les activités menées en faveur des femmes plus efficaces.
Ces actions, ainsi que les autres initiatives portées par la FAO, sont toutes éclairées par la science et l’innovation, qui sont deux thématiques inscrites dans le Cadre stratégique 2022-2031 de la FAO. «En tant que scientifique, j’ai toujours œuvré en faveur du changement», a déclaré M. Qu. «L’essence même de la science, c’est de s’adapter au changement».
Vous trouverez de plus amples informations concernant le renouveau à la FAO, notamment au sujet de l’ambitieuse entreprise qu’est le développement du numérique au sein de l’Organisation, le tournant décisif dans la mobilisation du secteur privé et les partenariats avec celui-ci et la fourniture de produits du savoir et de biens publics mondiaux, dans le discours du Directeur général, qui est reproduit ici.
La 171e session du Conseil de la FAO se poursuit jusqu’à vendredi.
Christopher Emsden FAO Actualités et Médias (Rome) (+39) 06 570 53291 [email protected]
Adam Rogers, UNDP Geneva (+41) 79 849 06 (+41) 22 917 8541 [email protected]