Dans une intervention à l’Université Columbia, M. Qu Dongyu a proposé des solutions porteuses de transformation pour lutter contre la montée de la faim et les défis environnementaux
Le Directeur général de la FAO donne une conférence sur la sécurité alimentaire mondiale en marge de la 78e session de l’Assemblée générale des Nations Unies.
©FAO/Roberto Schmidt
New York – Dans une intervention faite à la 11e Conférence internationale annuelle sur le développement durable (ICSD), le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. Qu Dongyu, a lancé un vibrant appel à agir au niveau mondial, plaidant pour que des mesures soient prises sans délai pour s’attaquer aux problèmes de sécurité alimentaire de plus en plus préoccupants et aux questions environnementales pressantes.
La prise de parole de M. Qu Dongyu était axée sur une question cruciale: la sécurité alimentaire mondiale. Il a commencé par saluer le rôle historique qu’avait joué la FAO en faisant en sorte que soit prise en compte la corrélation entre pauvreté et malnutrition, tout en mettant en avant le fort intérêt de l’Organisation pour les questions de nutrition. Se tournant ensuite vers le présent, il a alerté sur le fait que le monde rencontrait des problèmes de plus en plus graves et souvent enchevêtrés.
Le Directeur général de la FAO a insisté sur l’augmentation préoccupante de la faim dans le monde au cours des sept dernières années, aggravée par la pandémie de covid-19 et les conflits en cours. D’après les projections réalisées pour le dernier rapport sur L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, publié sous la direction de la FAO, près de 600 millions de personnes pourraient toujours souffrir de la faim en 2030. Les retards de croissance chez les enfants restent une grande préoccupation. Le taux d’obésité continue de progresser et dépasse même le pourcentage de personnes touchées par la faim dans certaines régions.
L’empreinte environnementale des systèmes agroalimentaires
M. Qu Dongyu a également abordé les effets préjudiciables des systèmes agroalimentaires sur l’environnement. En effet, ils contribuent au gaspillage alimentaire, à la pollution de l’air, aux émissions de gaz à effet de serre, à l’appauvrissement de la biodiversité. et à la montée des inégalités sociales. Les coûts économiques et environnementaux associés à ces problèmes sont lourds et se chiffrent en milliers de milliards de dollars.
En 2020, les systèmes agroalimentaires ont été à l’origine de l’émission de 16 milliards de tonnes de CO2, provenant de plusieurs sources. Plus de 30 pour cent des terres sont dégradées à l’échelle mondiale, plus de 20 pour cent des aquifères du monde sont surexploités et notre diversité agrobiologique est menacée. Des effets circulaires et interdépendants s’exercent dans les systèmes agroalimentaires et d’autres systèmes (y compris environnementaux et sanitaires).
C’est dans ce contexte que le Directeur général de la FAO a lancé un vibrant appel à agir, en soulignant qu’il fallait transformer sans attendre les systèmes agroalimentaires pour atteindre la neutralité carbone. Cette transformation demande une meilleure gouvernance des ressources naturelles, une plus grande productivité (produire plus avec moins), l’amélioration des modes de consommation et des comportements, des modes de production durables, et une énergie plus propre.
Le rôle de la FAO et des quatre améliorations
M. Qu Dongyu a rappelé l’importance du Cadre stratégique de la FAO pour 2022-2031, qui s’articule autour des quatre améliorations (production, nutrition, environnement et conditions de vie).
Il a expliqué que le concept des quatre améliorations était un principe directeur du Cadre stratégique, qui reflète les aspects économiques, sociaux et environnementaux interdépendants des systèmes agroalimentaires. Ces principes encouragent l’adoption d’une approche stratégique et systémique dans toutes les interventions de la FAO. Il a également présenté quatre «accélérateurs» transversaux: technologies, innovation, données et compléments (gouvernance, capital humain et institutions). Ils ont vocation à être intégrés à toutes les interventions dans le cadre des programmes de la FAO afin d’accélérer la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).
Le Directeur général de la FAO a ensuite souligné qu’il était impératif d’avoir une stratégie globale pour les systèmes agroalimentaires afin de s’attaquer aux menaces mondiales de plus en plus préoccupantes. Il a insisté sur l’importance d’agir sans tarder pour préserver les moyens de subsistance, assurer l’avenir de la planète et obtenir des résultats durables.
M. Qu a évoqué le défi que représente la tâche de nourrir 10 milliards de personnes d’ici à 2050 et a souligné qu’il était absolument crucial d’accroître rapidement les effets des interventions programmatiques de la FAO, tout en réduisant au minimum les arbitrages nécessaires.
La FAO a défini 20 domaines prioritaires du Programme en phase avec les quatre améliorations. Parmi les principales priorités, on trouve: l’innovation verte, l’approche «Une seule santé», l’accès équitable pour les petits producteurs, l’agriculture numérique, une alimentation saine pour tous, la restauration des écosystèmes, la réduction des pertes et du gaspillage alimentaires, la transparence des marchés et des échanges commerciaux.
Les priorités de la FAO comprennent également l’égalité femmes-hommes, l’autonomisation des femmes rurales, les systèmes alimentaires urbains durables et les systèmes agroalimentaires résilients. Les initiatives consacrées à l’accroissement des investissements, ainsi que l’Initiative Main dans la main, visent à développer l’action collective et faciliter des changements profonds dans les systèmes agroalimentaires.
Une réunion de haut niveau en plénière consacrée au développement durable
Le Directeur général de la FAO s’est exprimé lors de la réunion de haut niveau en plénière de la Conférence internationale sur le développement durable, tenue à l’Université Columbia. Plus de 800 personnes étaient présentes, dont des étudiants, des universitaires, des chercheurs, des représentants du secteur privé et des responsables politiques de la région de New York.
Plus de 1 000 personnes s’étaient également inscrites en ligne. Plusieurs personnalités éminentes sont intervenues, par exemple: le Président de la République démocratique du Congo, M. Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, la Vice-Secrétaire générale de l’Organisation des Nations Unies (ONU), Mme Amina Mohammed, ainsi que le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel, M. Gerd Müller.
Il s’agit d’une grande conférence internationale qui réunit des experts, des chercheurs, des représentants des pouvoirs publics et de la société civile, l’ONU et des organisations apparentées, ainsi que des dirigeants du secteur privé afin de travailler ensemble sur des solutions concrètes pour réaliser les ODD. La manifestation facilite les échanges sur des sujets variés touchant au développement durable, dont l’équité femmes-hommes, le changement climatique et le développement économique.