La FAO publie de nouvelles directives pour la surveillance de l'influenza chez les bovins

L'Organisation donne des conseils sur la manière d'optimiser la surveillance et l'atténuation des risques alors que se propagent les infections causées par la souche pathogène H5N1

Bétail en Australie

©FAO/Stephnie Simcox

23/12/2024
Rome – Alors que se multiplie le nombre de cas signalés d'infections de bovins et d'autres mammifères par l'influenza aviaire, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) publie de nouvelles directives pour offrir à ses membres des conseils sur la manière de mettre en œuvre des programmes de surveillance efficaces permettant la détection rapide de l'influenza chez les bovins.

Depuis son apparition il y a plus de deux décennies, le virus de l'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) H5N1 a évolué pour former plusieurs clades. Le clade 2.3.4.4b, détecté pour la première fois en 2021, a fait preuve d'une forte capacité à infecter des espèces très diverses, parmi lesquelles des oiseaux sauvages, de la volaille et plus récemment des mammifères aussi bien terrestres que marins, y compris des tigres, des ours, des phoques et des chats et chiens domestiques. Le fait qu'il ait été détecté chez des bovins laitiers en 2024 ainsi que chez des ouvriers agricoles ayant été au contact d'animaux infectés montre bien qu'il est urgent de renforcer les systèmes de surveillance.

«Au vu de la propagation à l'échelle mondiale de l'influenza A (H5N1) du clade 2.3.4.4b, l'on s'attend à ce que des cas de transmission des oiseaux aux bovins (et probablement des bovins aux humains) surviennent dans d'autres pays», lit-on dans la nouvelle publication de la FAO intitulée Recommendations for the surveillance of influenza A(H5N1) in cattle – with broader application to other farmed mammals(Recommandations concernant la surveillance de l'influenza A (H5N1) chez les bovins, applicables plus généralement aux autres mammifères d'élevage).

Les nouvelles directives de la FAO – qui font suite à une publication technique résumant les faits nouveaux, énumérant les lacunes en matière de connaissances et recommandant des interventions de gestion des risques – mettent l'accent sur le rôle critique que jouent les systèmes de surveillance passive, lesquels encouragent le signalement des cas suspects repérés par les éleveurs et les vétérinaires. Les processus de signalement devraient être améliorés et axés sur les zones à haut risque, notamment celles caractérisées par une forte densité de populations de volailles ou de bovins laitiers ou par la présence d'oiseaux migrateurs. Il faudrait en outre envisager de tenir compte de sources et d'indicateurs informels tels que les variations des prix du marché, les médias sociaux et les réseaux communautaires.

Les directives sont conçues de manière à améliorer la détection rapide des cas de transmission interespèces et à appuyer les mesures de lutte contre les maladies fondées sur des données factuelles, le but étant d'aider les membres à optimiser l'utilisation de ressources limitées en tirant parti des activités de surveillance déjà en place et ainsi atteindre leurs objectifs en matière de surveillance. Ces recommandations peuvent s'appliquer plus généralement à d'autres espèces d'animaux d'élevage.

Quelles sont les connaissances actuelles et les mesures à prendre?

Certains animaux infectés présentent des signes cliniques sévères et une mortalité élevée. Les signes observés chez les individus touchés comprennent une baisse de la production de lait, un lait plus épais semblable à du colostrum, une perte d'appétit, une léthargie, de la fièvre et une déshydratation. Chez certains animaux, toutefois, l'infection peut ne pas entraîner de signes cliniques, ce qui peut la rendre difficile à détecter.

Beaucoup d'inconnues demeurent au sujet de la transmission de l'IAHP H5N1 de bovin à bovin, mais il semble que son principal moteur soit les déplacements d'animaux infectés et possiblement le partage de personnel et d’équipements entre plusieurs exploitations. Des données suggèrent en outre que des transmissions interespèces ont eu lieu entre des exploitations laitières touchées par le virus et des élevages de volaille voisins. D'autres espèces ont été touchées, notamment des chats et des souris, et des transmissions de volaille à cochon ont également été observées. Même s’ils ne présentent pas de signes de la maladie, les cochons sont un sujet de préoccupation car ils risquent de catalyser le réassortiment génétique des virus de l'influenza aviaire et de la grippe humaine, ce qui pourrait entraîner l'émergence de nouvelles souches capables de déclencher une pandémie.

Les recommandations de la FAO consistent à faire en sorte que la détection rapide des transmissions de l'IAHP H5N1 des oiseaux aux espèces non aviaires, notamment les bovins, devienne l'objectif de surveillance minimal fixé pour tous les pays. En cas de détection, les professionnels de la santé vétérinaire et humaine devraient se tenir prêts à déclencher une intervention rapide, à renforcer les mesures d'atténuation des risques et à produire des données à l'appui de la prise de décisions et de l'élaboration des politiques.

Pour mettre en place des systèmes de surveillance simples mais efficaces, il convient en premier lieu d'encourager les éleveurs à signaler eux-mêmes les cas de maladie suspects et de profiter des visites de routine des vétérinaires sur le lieu de l'exploitation pour le faire. Ces systèmes peuvent être élargis pour comprendre le fait de mettre à profit les campagnes de vaccination pour effectuer des tests, la surveillance des cas de baisse de la production laitière signalés par les groupes communautaires et industriels et l'adoption de stratégies d'échantillonnage fondées sur les risques.

De telles stratégies devraient tenir compte de facteurs tels que la géographie, les schémas migratoires des oiseaux sauvages, les saisons, les populations animales et les observations cliniques, et ce tout au long de la chaîne de valeur du secteur laitier. Lorsqu'un cas d'IAHP H5N1 chez un bovin est confirmé, les autorités sanitaires devraient en être immédiatement informées et des enquêtes devraient être ouvertes afin de déterminer si des travailleurs de l'exploitation ou d'autres personnes en contact étroit avec les animaux ont été exposés ou infectés. Les cas de maladies figurant sur la liste de l'Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) devraient être signalés au moyen du Système mondial d'information zoosanitaire (WAHIS) et les experts techniques sont également encouragés à soumettre des données au Système mondial d'information sur les maladies animales (EMPRES-i+) de la FAO.

On trouvera les informations les plus récentes concernant l'évolution de l'influenza aviaire chez les animaux dans le monde sur les pages web suivantes (en anglais): Informations de la FAO sur la situation actuelle en ce qui concerne les virus de l'influenza aviaire présentant un potentiel zoonotique dans le monde et Rapports de l'OMSA sur la situation concernant l'IAHP.
En savoir plus sur ce thème

Recommendations for the surveillance of influenza A(H5N1) in cattle – with broader application to other farmed mammals (Recommandations concernant la surveillance de l'influenza A (H5N1) chez les bovins, applicables plus généralement aux autres mammifères d'élevage)

Emergency Prevention System for Animal Health (EMPRES-AH) (Système de prévention des crises pour la santé animale [EMPRES Santé animale])

FAO Q&A on avian influenza outbreaks (Questions-réponses de la FAO sur les épidémies d'influenza aviaire)

Progressive Management Pathway for Terrestrial Animal Biosecurity (FAO-PMP-TAB) (Approche de gestion progressive pour la biosécurité chez les animaux terrestres)

A(H5N1) influenza in dairy cattle in the United States of America (Influenza A (H5N1) chez les bovins laitiers aux États-Unis d'Amérique)

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