Selon un nouveau rapport, l’insécurité alimentaire s’aggrave au Liban après le conflit

Depuis le Bureau régional de la FAO pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord

© FAO Lebanon/Hadi Bou Ayach

Trente pour cent de la population sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë en ce début d’année 2025, et la malnutrition continue de représenter un risque.

©FAO Lebanon/Hadi Bou Ayach

22/01/2025

Beyrouth – Près d’un tiers de la population libanaise est confronté à une insécurité alimentaire aiguë suite à l’escalade des hostilités fin 2024 et l’impact des hostilités sur l’agriculture et l’économie ralentira probablement la reprise, selon une nouvelle analyse de la sécurité alimentaire

Élaborée par la FAO, le PAM et le Ministère libanais de l’agriculture, l’analyse du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) pour le Liban révèle que quelque 1,65 million de personnes dans ce pays sont désormais confrontées à des niveaux de faim de crise ou d’urgence (phase 3 ou supérieure de l’IPC), contre 1,26 million avant l’escalade. Parmi elles, plus de 200 000 sont en situation d’urgence (phase 4 de l’IPC), soit deux fois plus qu’auparavant.  

«La détérioration de la sécurité alimentaire au Liban n’est pas une surprise», a déclaré Matthew Hollingworth, Représentant du PAM au Liban. «Soixante-six jours de guerre, précédés de mois de conflit, ont brisé des vies et des moyens de subsistance. Si certains peuvent rentrer chez eux après le cessez le feu, d’autres sont confrontés à la dure réalité de n’avoir plus de foyer où retourner. À ce moment critique, notre mission est claire: aider le gouvernement et la population à reconstruire leurs vies et leurs systèmes alimentaires». 

Le rapport prévoit que l’insécurité alimentaire devrait persister au cours des trois prochains mois, sans retour à court terme aux conditions d’avant la crise. Compte tenu des défis à venir, l’action humanitaire en cours sera essentielle pour soutenir le redressement. 

«L’escalade des hostilités a eu de graves répercussions sur les moyens de subsistance des agriculteurs, ainsi que sur les actifs et les infrastructures agricoles, ce qui a accru l’insécurité alimentaire et menacé la durabilité des activités agricoles», a déclaré Veronica Quattrola, Représentante de la FAO au Liban par intérim. «La FAO est résolue à aider les agriculteurs à reprendre la production et à soutenir les communautés dans la reconstruction et le renforcement de leur résilience», a-t-elle poursuivi.  

Les populations réfugiées du Liban sont particulièrement exposées, indique le rapport. Quelque 594 000 réfugiés syriens (40 pour cent des réfugiés syriens) et 89 000 réfugiés palestiniens (40 pour cent des réfugiés palestiniens) sont considérés comme faisant face à une situation de crise ou pire (phase 3 de l’IPC ou au-delà). Quelque 970 000 résidents libanais (25 pour cent de la population) se trouvent dans la même situation. 

Selon le rapport, le conflit a gravement perturbé l’activité économique et les moyens de subsistance dans l’ensemble des secteurs, et les marchés peinent à se relever malgré le cessez-le-feu de novembre. Ce brusque ralentissement vient encore aggraver une crise économique qui perdure. Le PIB réel du Liban a chuté de 34 pour cent depuis 2019, l’investissement marquant le pas. 

La malnutrition continue de représenter un risque important au Liban, en particulier parmi les enfants, les adolescents et les femmes. Une enquête récente a révélé que trois enfants de moins de cinq ans sur quatre avaient une alimentation très peu diversifiée, qui les expose au retard de croissance et à l’émaciation. 

En 2024, le PAM a fourni une aide alimentaire à 750 000 personnes déplacées à cause des combats, distribuant des repas chauds, des denrées alimentaires et des aides en espèces aux personnes hébergées dans les refuges et les communautés à travers le pays. Il prévoit cette année d’aider 2,5 millions de personnes, dont près de 900 000 réfugiés syriens au Liban.  

M. Abbas Al-Hajj Hassan, Ministre de l’agriculture du gouvernement intérimaire, a souligné l’importance de la durabilité, de la transparence et de la confiance dans les projets agricoles, indiquant que la réunion avait été le fruit de vastes efforts et des partenariats solides existant entre les parties prenantes. «Ces partenariats renforcent notre pays, qui a besoin du soutien des organismes internationaux et des partenaires locaux. Une coopération soutenue est essentielle pour parvenir à un développement durable du secteur agricole libanais.», a-t-il déclaré. Le ministre a souligné l’importance, pour son pays, de l’évaluation des dommages causés par la guerre menée par Israël au Liban: «Ce processus a commencé dès le premier jour de cette guerre, donnant lieu à la formation de comités techniques conjoints avec des organisations internationales et des partenaires locaux, qui ont permis de réaliser des évaluations efficaces. M. Al-Hajj Hassan a affirmé avoir pour objectif d’indemniser les agriculteurs touchés: «Notre priorité est d’obtenir les financements nécessaires à la réparation des dommages, et nous ne ménagerons pas nos efforts pour y parvenir». Pour conclure, il a réaffirmé l’engagement de son ministère en faveur du développement agricole durable, et s’est dit déterminé à collaborer avec tous les partenaires pour relever les défis auquel le Liban est confronté. 

Avant l’intensification du conflit, 23 pour cent de la population (réfugiés libanais, syriens et palestiniens) étaient déjà classés en phase 3 ou au-delà de l’IPC (avril-septembre 2024), soit un total de 1,26 million de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë. 

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Bureau régional de la FAO pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord (+20) 2 3331 6000 [email protected]