Le Centre mixte aide des experts du monde entier à utiliser les techniques nucléaires dans le secteur de l’agriculture.
Les techniques nucléaires peuvent aider à introduire une certaine diversité génétique en vue de mettre au point des espèces végétales nouvelles et améliorées destinées à l’agriculture, l’objectif étant de renforcer l’adaptation des cultures à l’évolution du climat
©FAO/IAEA/FAO
Vienne/Rome
Assurer la sécurité alimentaire dans le contexte du changement climatique est l’un des principaux enjeux actuels pour la communauté internationale. Des experts issus de nombreux pays se tournent vers les techniques nucléaires pour introduire une certaine diversité génétique en vue de mettre au point des espèces végétales nouvelles et améliorées destinées à l’agriculture, l’objectif étant de renforcer l’adaptation des cultures à l’évolution du climat.
Aujourd’hui, à l’occasion de la soixante-cinquième Conférence générale de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’AIEA ont reconnu les contributions de 28 chercheurs et équipes de recherche appartenant à des institutions de 20 pays en matière de sélection végétale par mutation, et leur ont attribué des distinctions pour leurs réalisations remarquables. Ces prix ont été remis par le Directeur général de l’AIEA, M. Rafael Mariano Grossi, auquel s’est joint à distance le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, lors d’une cérémonie organisée à Vienne. Les prix suivants ont été décernés: 11 prix d’excellence, 10 prix destinés à des femmes qui œuvrent dans le domaine de la sélection végétale par mutation et 7 prix attribués à de jeunes scientifiques pour les efforts considérables déployés au cours de la dernière décennie aux fins de la mise au point de nouvelles variétés mutantes par irradiation.
Les deux directeurs généraux ont évoqué l’engagement de la FAO et de l’AIEA, qui, dans le cadre du Centre mixte FAO/AIEA (Techniques nucléaires dans l’alimentation et l’agriculture), prêtent un appui à des chercheurs du monde entier en matière de sélection par mutation.
«Les cultivars améliorés ont des effets positifs sur la sécurité alimentaire et la nutrition aux niveaux local, national et régional, ce qui rend la production végétale plus stable dans les situations de stress imputables à la crise climatique. En outre, ils contribuent à soutenir les moyens d’existence des agriculteurs et à réaliser les objectifs de développement durable (ODD)», a indiqué M. Qu, en précisant que, «grâce à l’appui technique fourni par le Centre mixte, des sélectionneurs de nombreux pays ont obtenu une amélioration sensible au moyen de la sélection par mutation pour un large éventail de cultures».
Dans le cadre de leur coopération, l’AIEA et la FAO aident des experts du monde entier à utiliser les techniques nucléaires dans le secteur de l’agriculture, y compris s’agissant d’irradier des semences ou d’autres types de matériel végétal pour mettre au point des variétés de plantes dotées de caractéristiques telles que la résistance à la sécheresse ou un rendement accru. Ce processus, appelé sélection végétale par mutation, consiste à utiliser les ressources génétiques naturelles des plantes elles-mêmes pour reproduire le processus spontané de mutation qui participe à l’évolution des végétaux. Ainsi, les changements génétiques sont accélérés et les sélectionneurs peuvent choisir les lignées mutantes les plus intéressantes.
Lors de la remise des prix, M. Rafael Mariano Grossi a déclaré: «Ce que nous souhaitons honorer, c’est l’élévation de l’esprit humain et l’idée de mettre la science au service de la résolution de grands problèmes. C’est ce que la FAO fait à Rome et ce que nous faisons ici, à l’AIEA.»
Des progrès considérables ont été réalisés récemment quant à la mise au point et au lancement, par des chercheurs du monde entier, de nouvelles variétés améliorées de végétaux destinés à l’agriculture. Dans le même temps, le développement et l’application de technologies permettant d’utiliser des sources plus récentes d’irradiation comme les faisceaux d’ions et l’irradiation spatiale gagnent aussi du terrain. Les lauréats de cette année ont démontré à maintes reprises l’impact socioéconomique de leurs travaux, qui se manifeste notamment par une augmentation des revenus des agriculteurs et une amélioration de la sécurité alimentaire.
Les experts de la région Asie et Pacifique peuvent maintenant mutualiser les meilleures pratiques par l’intermédiaire du Réseau d’amélioration végétale par mutation pour l’Asie et le Pacifique, créé récemment par le Centre mixte FAO/AIEA, qui propose un appui technique adapté aux besoins propres à chaque pays. Le Centre mixte continue d’étudier et de développer des technologies novatrices en vue d’accélérer l’amélioration végétale, y compris le recours à des sources d’irradiation plus récentes, aux technologies génomiques, aux mégadonnées et à l’intelligence artificielle, en parallèle avec certaines techniques de sélection rapide, ce qui constitue un volet crucial de l’agriculture intelligente face au climat.
Distinguer l’excellence
L’attribution du prix pour les femmes dans le domaine de la sélection végétale par mutation à Tomoko Abe (Japon) est une reconnaissance de la technologie avancée que représente tout particulièrement l’utilisation de faisceaux d’ions dans la sélection par mutation.
Le jeune scientifique Prince Matova, également lauréat cette année, est responsable de la recherche et de l’agronomie et sélectionneur de maïs et de légumineuses à l’Institut de sélection végétale du Ministère de l’agriculture du Zimbabwe. En collaboration avec des chercheurs de son pays, il a évalué dans quelle mesure les rayons gamma pouvaient servir à améliorer les cultures. Il a lancé la première variété zimbabwéenne de niébé, élaborée au moyen d’une technique nucléaire. Cette variété peut être utilisée dans des régions où les précipitations annuelles sont très faibles.
Pour en savoir plus sur les lauréats, cliquez ici.
Les techniques nucléaires au service de l’approche «Une seule santé»
Le Directeur général de la FAO s’est également exprimé au moment de l’ouverture du Forum scientifique de la Conférence générale de l’AIEA, qui portait sur le thème «La science nucléaire au service de la santé». Il a insisté sur l’importance de la collaboration intersectorielle pour l’approche Une seule santé et sur l’aide que la science nucléaire était susceptible de nous apporter pour atteindre les ODD malgré les effets de la pandémie et pour prévenir les pandémies à l’avenir.
«Nous devons mieux nous préparer aux épidémies futures. Nous devons renforcer les capacités techniques, élargir les partenariats et amener tous les acteurs importants à participer», a expliqué M. Qu.
Il a souligné que les initiatives menées conjointement par la FAO et l’AIEA, notamment le projet ZODIAC (lutte intégrée contre les zoonoses), qui fournit des informations cruciales au personnel des services de santé publique et des services vétérinaires, le laboratoire mixte consacré à la production et la santé animales, qui met en application les résultats des recherches, dispense des formations et fournit des services, et le réseau VETLAB, qui a joué un rôle pivot dans l’éradication de la peste bovine et a prêté un appui technique précieux pendant les épidémies de grippe aviaire et de Zika, entre autres, comme il le fait actuellement dans le contexte de la pandémie de covid-19.
Il a conclu ainsi: «Ensemble, nous pouvons transformer les systèmes agroalimentaires de façon à les rendre plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables, en vue d’améliorer la production, la nutrition, l’environnement et les conditions de vie, en ne laissant personne de côté.»
FAO Newsroom (+39) 06 570 53625 [email protected]