Lancement d’une nouvelle application pour lutter contre les pertes de nourriture. Le Directeur général de la FAO déclare que la pratique actuelle du «prendre-faire-utiliser-jeter» conduit au gaspillage et ne s’inscrit pas dans une perspective de développement durable.
La FAO aide les micro, petites et moyennes entreprises en Thaïlande afin de repérer les points critiques en matière de pertes de nourriture et de contribuer à la mise en place de mesures visant à atténuer ces pertes.
©FAO/Alisa Suwanrumpha
Rome - La réduction des pertes et gaspillages de nourriture représente une triple opportunité dont les effets positifs sont immédiats sur la sécurité alimentaire, le climat et la disponibilité en aliments nutritifs, tout en améliorant la durabilité globale des systèmes agroalimentaires, a déclaré aujourd’hui M. Qu Dongyu, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
S’exprimant à l’occasion d’une manifestation organisée pour marquer la Journée internationale de sensibilisation aux pertes et gaspillages de nourriture, M. Qu a décrit les modes actuels de production, de consommation et de distribution des aliments et des fibres comme devant être transformés de toute urgence «afin de garantir la sécurité alimentaire et l’accès à une alimentation saine pour tous». Le Directeur général a souligné qu’il était temps de cesser d’énumérer les défis et de passer à des actions concrètes. Il a ajouté que la stratégie habituelle n’était plus envisageable et que la situation ne pourrait changer que si l’ensemble des partenaires et des acteurs unissaient leurs efforts pour mettre en œuvre les actions prévues.
Les statistiques publiées par la FAO et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) indiquent qu’à l’heure actuelle, plus de 13 pour cent des aliments produits dans le monde sont gaspillés tout au long de la chaîne d’approvisionnement, après la récolte et avant la vente au détail, et 17 pour cent de plus au niveau des ménages, des services de restauration et de la distribution.
Dans le même temps, des millions de personnes à travers le monde souffrent de malnutrition et les objectifs mondiaux en matière de nutrition sont loin d’être atteints. Pour y remédier, il est essentiel de disposer d’une alimentation saine. Pourtant, en 2021, plus de 3,1 milliards de personnes n’avaient pas les moyens de s’offrir un régime alimentaire sain.
Passage à un modèle circulaire
Pour remplacer le modèle linéaire actuel qui consiste à «prendre-faire-jeter», le Directeur général de la FAO a déclaré que les systèmes agroalimentaires mondiaux «devaient être transformés afin de devenir plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables».
La FAO affirme qu’il s’agit en priorité de prévenir et de réduire les pertes et gaspillages de nourriture, en amont (au cours de la production, de la manutention, de la transformation, de l’emballage, du stockage et de la consommation), de sauvegarder, récupérer et redistribuer les excédents de nourriture ou les invendus qui sont sans danger et propres à la consommation, et de recycler, valoriser ou réaffecter les sous-produits afin d’éviter qu’ils ne finissent dans les décharges.
Dans un message lu en son nom, le Pape François a déclaré que «la nourriture que nous jetons à la poubelle est arrachée des mains de ceux qui en manquent et qui ont aussi le droit de se nourrir». Mme Amina Mohammed, Secrétaire générale adjointe de l’ONU, a déclaré dans un message vidéo que «si nous voulons vraiment nous attaquer au problème du gaspillage de nourriture, nous devons procéder à une transformation profonde de nos modes de production, de manutention, de stockage, de transformation et de consommation des aliments». Mme Elizabeth Mrema, Directrice exécutive adjointe du PNUE, a appelé les gouvernements, les entreprises, les institutions et les individus à s’aligner sur les objectifs internationaux de réduction des pertes et gaspillages de nourriture.
D’autres participants ont adressé des messages soulignant la nécessité d’agir contre les pertes et gaspillages de nourriture, notamment M. Alvaro Lario, Président du Fonds international de développement agricole, M. David Kaatrud, Directeur du programme humanitaire et de développement du Programme alimentaire mondial, Mme Imma Tor Faus et M. Luca Beccari, ministres des affaires étrangères d’Andorre et de Saint-Marin, ainsi que Mme Leyla Fathallah, porte-parole du PNUE en matière de déchets alimentaires pour l’Asie occidentale et M. Diarmuid Gavin, Ambassadeur de bonne volonté de la FAO pour l’Irlande.
Les systèmes agroalimentaires provoquent la dégradation des terres
La FAO a lancé un avertissement concernant les systèmes agroalimentaires actuels qui entraînent la dégradation des terres agricoles, contribuent aux émissions de gaz à effet de serre et à la perte de biodiversité, et épuisent les nappes phréatiques.
La réduction des pertes et gaspillages de nourriture joue un rôle clé dans la transformation des systèmes agroalimentaires, car elle permet d’accroître les disponibilités alimentaires, de contribuer à la sécurité alimentaire, de favoriser une alimentation saine, de renforcer la résilience et de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
M. Qu a décrit la lutte contre les pertes et gaspillages de nourriture comme étant une «solution favorable à tous, tant aux populations qu’à la planète».
Action de la FAO
Afin de suivre les progrès et d’utiliser les données aux fins de l’amélioration continue, la FAO a procédé aujourd’hui au lancement de FLAPP, une application permettant de lutter contre les pertes de nourriture. Cette application facilitera la collecte d’informations auprès des agriculteurs afin de mieux comprendre où se situent les pertes le long de la chaîne de valeur et d’apporter des solutions concrètes.
La majeure partie du travail de la FAO sur le terrain est axée sur la réduction des pertes au niveau de la chaîne d’approvisionnement, c’est-à-dire les pertes occasionnées entre la récolte et la mise sur le marché, le rôle du PNUE étant davantage centré sur les déchets et la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Parmi les domaines sur lesquels la FAO est intervenue, citons le soutien apporté aux microentreprises, petites et moyennes entreprises (MPME) en Thaïlande afin de repérer les points critiques en matière de pertes de nourriture et de contribuer à la mise en place de mesures visant à atténuer ces pertes. Par ailleurs, la FAO a introduit des emballages en vrac améliorés et durables, ainsi que de bonnes pratiques de gestion après récolte pour le transport des produits frais, dans plusieurs pays d’Asie du Sud et du Sud-Est. Dans le cadre d’une autre initiative menée avec des partenaires, la FAO contribue à former des pêcheurs en République-Unie de Tanzanie à de nouvelles méthodes de manutention et de transformation du poisson. Enfin, la FAO a mis au point une méthode permettant de mesurer les pertes et gaspillages de nourriture dans le secteur des services, notamment dans les stations balnéaires des petits États insulaires en développement.
Nécessité d’investissements plus importants
Afin de passer à des systèmes agroalimentaires plus circulaires, la FAO a appelé à une augmentation des investissements publics et privés dans les infrastructures, la logistique, les technologies et l’innovation, ainsi que le renforcement des capacités et la sensibilisation.
La transition vers des systèmes alimentaires plus circulaires offre la possibilité d’accélérer les progrès vers la réalisation de la cible 3 de l’objectif de développement durable 12, à savoir la réduction de moitié à l’échelle mondiale du volume de déchets alimentaires par habitant, au niveau de la distribution et de la consommation, et la réduction des pertes de produits alimentaires tout au long des chaînes de production et d’approvisionnement.
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