L’Alliance quadripartite salue les nouveaux engagements politiques pris pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens

Les pays approuvent le manifeste de Mascate, qui vise à réduire d’au moins un tiers la quantité totale d’antimicrobiens utilisée dans les systèmes agroalimentaires

©FAO/Luis Tato

La FAO et ses partenaires forment des vétérinaires à la manipulation des animaux et à la collecte d’échantillons selon des procédures de biosûreté et de biosécurité.

©FAO/Luis Tato

25/11/2022

Mascate – La troisième conférence ministérielle mondiale de haut niveau sur la résistance aux antimicrobiens, organisée à Mascate (Oman) s’est achevée aujourd’hui. À cette occasion, les participants se sont penchés pour la première fois sur la définition de cibles qui permettraient de lutter contre la résistance aux antimicrobiens à l’échelle mondiale. La conférence et les cibles quantifiées en matière d'utilisation d'antimicrobiens, tant chez les humains que chez les animaux, qui en sont issues ouvriront la voie à l’adoption d’engagements politiques ambitieux lors de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies qui sera consacrée à cet enjeu en 2024.

Les participants à la conférence ont approuvé le manifeste ministériel de Mascate, dans lequel ils ont établi trois cibles mondiales:

  • réduire la quantité totale d’antimicrobiens utilisée dans les systèmes agroalimentaires d’au moins 30 à 50 pour cent d'ici 2030, en mobilisant des efforts nationaux et mondiaux;
  • préserver les antimicrobiens d’importance critique pour la médecine humaine en cessant de les utiliser pour favoriser la croissance des animaux;
  • veiller à ce que les antibiotiques du groupe Access (une catégorie d’antibiotiques qui sont abordables, sûrs et présentent un risque faible de résistance aux antimicrobiens) représentent au moins 60 pour cent de la consommation totale d’antibiotiques chez les personnes d'ici 2030.

Il sera primordial de s’appuyer sur des cibles convenues au niveau mondial si l’on veut préserver l’efficacité des agents antimicrobiens et limiter l’apparition de la résistance aux antimicrobiens dans le monde, ainsi que réduire la pollution environnementale, ce qui aura pour effet de ralentir la propagation de la résistance.

Les pays se sont également engagés à mettre en œuvre des plans d’action nationaux contre la résistance aux antimicrobiens et à renforcer la surveillance en améliorant la communication et la gestion des données, en mobilisant le secteur privé et en appliquant des pratiques fondées sur des éléments factuels.

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA, fondée en tant qu’OIE), qui forment ensemble l’Alliance quadripartite, ont accueilli favorablement les résultats de la conférence, qui permettront d’accélérer la lutte contre la résistance aux antimicrobiens.

La pandémie de covid-19 pourrait certes avoir limité l’action mondiale contre la résistance aux antimicrobiens, mais elle a également mis en lumière les liens fondamentaux entre les êtres humains, les animaux et l’environnement. Il incombe à un ensemble de parties prenantes – dont les secteurs des soins de santé, des produits pharmaceutiques, des services vétérinaires, de la sécurité alimentaire, de l’agriculture et de l’environnement – de continuer à lutter collectivement contre la résistance aux antimicrobiens.

«La FAO a conscience qu’il importe de réduire la nécessité de recourir aux antimicrobiens dans les exploitations et lancera bientôt une initiative sur 10 ans afin de prêter aux Membres un appui global qui visera à transformer les systèmes agroalimentaires pour contribuer à cette réduction», a indiqué le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu.

«D’après les autodéclarations faites par les pays, un tiers des plans d’action nationaux consacrés à la résistance aux antimicrobiens ne couvrent pas les aspects environnementaux. Cette omission montre à quel point il est essentiel d’aider les pays en vue d’encourager des mesures qui préviennent et réduisent la pollution environnementale. Le fardeau que représente la résistance aux antimicrobiens peut être allégé si nous nous intéressons à toutes ses dimensions et unissons nos forces. Le PNUE est déterminé à travailler avec les États Membres et les principaux partenaires, dont les organisations de l’Alliance quadripartite, pour agir face à la résistance aux antimicrobiens», a fait savoir la Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive du PNUE, Mme Inger Andersen.

«La résistance aux antimicrobiens est l’un des défis les plus pressants et les plus complexes de notre époque. Pourtant, peut-être parce qu’il ne s’agit pas d’un problème aussi dramatique qu’une pandémie, qu’une guerre ou qu’une situation d'urgence humanitaire, elle ne suscite pas le même degré d’attention», a fait remarquer le Directeur général de l’OMS, M. Tedros Adhanom Ghebreyesus. «J’espère vivement que la présente réunion permettra que des engagements politiques audacieux – et concrets – soient pris lors de la réunion de haut niveau que l’Assemblée générale des Nations Unies tiendra sur la question en 2024.»

«Ces dernières années, l’utilisation d’antimicrobiens chez les animaux a suivi une tendance générale à la baisse. En renforçant les mesures de biosécurité et les bonnes pratiques d’élevage, comme la vaccination des animaux, nous pouvons faire fond sur cette grande réalisation et atteindre de façon durable les objectifs convenus», a dit la Directrice générale de l’OMSA, Mme Monique Eloit. «Le meilleur moyen de prévenir la résistance aux antimicrobiens est de réduire le besoin d’antimicrobiens.»

La conférence marque la fin de la Semaine mondiale pour un bon usage des antimicrobiens, une campagne mondiale annuelle qui mobilise des dirigeants de multiples secteurs pour mettre en avant, pendant une semaine, les mesures qui s'imposent pour préserver et protéger l’efficacité des agents antimicrobiens.

Comme il est indiqué dans le manifeste, l’Alliance quadripartite continuera d'intensifier son appui selon l’approche «Une seule santé», qui vise à équilibrer et à optimiser la santé des personnes, des animaux, des végétaux et des écosystèmes. L’Alliance continuera également de coordonner une action mondiale et multisectorielle face à la résistance aux antimicrobiens, de promouvoir une bonne gouvernance et une direction solide et d’aider les pays à élaborer et à exécuter des plans d’action nationaux consacrés à cet enjeu.

Note aux éditeurs:

 Les antimicrobiens servent à prévenir, à combattre et à traiter les maladies infectieuses chez les personnes, les animaux et les plantes. Il peut s’agir d’antibiotiques, de fongicides, d’agents antiviraux et de parasiticides.

 La résistance aux antimicrobiens apparaît lorsque ces derniers n’ont plus d’effet sur les bactéries, les virus, les champignons et les parasites. La résistance aux médicaments rend les antibiotiques et autres agents antimicrobiens inefficaces et les infections deviennent difficiles voire impossibles à traiter, ce qui augmente le risque de propagation des maladies, de maladie grave et de décès.

Contacts

Peter Mayer FAO Actualités et Médias (Rome) (+39) 06 570 53304 [email protected]

OMS Demandes de renseignements des médias (+41) 22 791 2222 [email protected]

PNUE Actualités et médias (+254) 722 677747 [email protected]

OMSA Demandes de renseignements des médias [email protected]

Keisha Rukikaire Responsable de Communication, Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) (+254) 20 7621 104 [email protected]