Dialogue de Rome sur l’eau: il est urgent de gérer de manière durable les ressources hydriques de la planète, qui sont limitées

D’ici à 2050, il faudra 35 pour cent d’eau douce supplémentaire pour nourrir une population mondiale croissante, alerte le Directeur général de la FAO

L'agriculture dépend de l'eau, et elle représente 72 % des prélèvements mondiaux d'eau douce

©FAO/Franco Mattioli

29/11/2022

Rome – À moins de trouver d’ici à 2050 les moyens de gérer de manière durable les ressources en eau de la planète, aujourd’hui excessivement sollicitées, nous aurons besoin de plus d’un tiers d’eau douce supplémentaire pour nourrir une population mondiale en augmentation. Tel est le message du Dialogue de Rome sur l’eau, convoqué aujourd’hui par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en amont de la  Conférence des Nations Unies sur l’eau qui aura lieu l’année prochaine.

Cette manifestation doit permettre de mieux faire connaître le rôle de l’eau dans la concrétisation des objectifs de développement durable (ODD), de renforcer les liens entre le secteur de l’eau et le secteur qui en fait le plus grand usage, à savoir l’agriculture, de concevoir des solutions et des interventions innovantes pour l’avenir et de débattre des feuilles de route nationales relatives à l’eau ou des approches stratégiques adoptées par les pays dans la perspective de la réalisation à l’échelle nationale des ODD et des engagements pris au niveau international.

«D’ici à 2050, la production mondiale de denrées alimentaires de consommation, de fibres et d’aliments destinés aux animaux devra augmenter de 50 pour cent par rapport à 2012 pour répondre à des besoins croissants. Si rien ne change, il faudra au moins 35 pour cent d’eau douce supplémentaire pour atteindre cet objectif», a déclaré le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, à l’occasion de cette manifestation, avant de préciser que la gestion intégrée des ressources hydriques était une priorité mondiale pour l’Organisation.

Les ressources hydriques, soumises à une pression sans précédent

Le changement climatique soumet les précieuses ressources en eau de la planète à un stress sans précédent. D’après des données de la FAO, actuellement, sur les 2,3 milliards de personnes vivant dans des pays soumis à un stress hydrique, plus de 733 millions, soit environ 10 pour cent de la population mondiale, vivent dans des pays où le stress hydrique est à un niveau élevé ou critique. Nous avons pu constater cette année les conséquences du changement climatique sur l’eau, à savoir à la fois des inondations et des sécheresses historiques dans de nombreux pays et régions.

Tout comme d’autres secteurs économiques, l’agriculture a besoin d’eau: elle consomme 72 pour cent des prélèvements mondiaux d’eau douce. Ceci rend la question de l’eau incontournable dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Si l’importance que revêt l’eau pour l’agriculture et le développement est de plus en plus reconnue, la FAO dit régulièrement que des mesures plus efficaces, plus intégrées et plus coordonnées, associées à une forte volonté politique, restent nécessaires pour accorder une juste place à la question de l’eau, valoriser cette ressource et la gérer de manière holistique et intégrée afin d’atteindre tous les objectifs de développement durable.

Plusieurs manifestations importantes ont été organisées en amont de la Conférence des Nations Unies sur l’eau de 2023, notamment le neuvième Forum mondial de l’eau, qui s’est tenu en mars 2022, la deuxième Conférence internationale de haut niveau sur la mise en œuvre de la Décennie internationale d’action sur le thème «L’eau et le développement durable» (2018-2028), qui a eu lieu en juin 2022, ainsi que le forum politique de haut niveau et le Dialogue de Genève sur l’eau, qui s’est tenu en juillet 2022.

Le Dialogue de Rome sur l’eau est une autre réunion importante qui s’inscrit dans cette dynamique. Si tous les acteurs, à savoir les États, les organisations internationales, la société civile, le secteur privé et les chercheurs, doivent apporter leur pierre à l’édifice, la crise mondiale des engrais qui est en cours et la potentielle crise alimentaire imposent d’accorder une attention particulière à la sécurité alimentaire et aux moyens de subsistance des personnes en situation de pauvreté et de vulnérabilité, notamment les petits exploitants, afin de ne laisser personne de côté.

À la fois les États et d’autres acteurs considèrent que les questions de l’eau, de l’assainissement, de la santé, des écosystèmes, des océans, de l’énergie, des systèmes alimentaires et de la nutrition sont liées et qu’il faut apporter sans tarder une réponse aux pertes et vulnérabilités croissantes provoquées par les sécheresses, les inondations, les cyclones, les ondes de tempête, la montée du niveau de la mer, les intrusions salines, les coulées de boue et les avalanches.

Besoin de cohérence et d’intégration

Une intégration et une hiérarchisation fortes, cohérentes et explicites de l’eau dans les stratégies, politiques et plans d’investissement nationaux en matière de développement durable sont nécessaires pour comprendre comment les ressources en eau devraient être utilisées pour atteindre les objectifs sociaux, économiques et environnementaux des pays.  

Dans ce contexte, comme proposé par la FAO et entériné dans la Déclaration de Douchanbé, un dialogue sur l’eau mené par les pays, ainsi que des feuilles de route ou des stratégies nationales relatives à l’eau adoptées par les pays, contribueront à renforcer la coordination intersectorielle en matière de gestion durable des ressources en eau et à accélérer la mise en œuvre du Programme 2030. 

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Francis Markus FAO Actualités et Médias (Rome) [email protected]