Rome – Les zones rurales sont les plus lourdement touchées par les déplacements forcés, que ce soit en tant que terres d’émigration ou en tant que terres d’accueil pour de grands nombres de déplacés, a souligné aujourd’hui le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. Qu Dongyu, lors de l’édition 2022 du
Dialogue international sur la migration.
Au cours de cette manifestation, il a été noté que les migrations humaines se situaient à leur niveau le plus haut jamais enregistré, et que la sécurité alimentaire en était l’un des principaux facteurs, au même titre que les conditions climatiques et les conflits.
Cette année, le dialogue, organisé par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), portait sur le thème suivant: «Superposition de crises mondiales: effets de l’insécurité alimentaire et du changement climatique sur les migrations et les déplacements».
Dans une allocution prononcée à l’ouverture de la manifestation, le Directeur général de l’OIM, M. António Vitorini, a noté que la sécurité alimentaire, problématique majeure aujourd’hui, promettait de prendre encore de l’importance à l’avenir car il est de plus en plus probable que les problèmes de distribution rencontrés actuellement laissent place l’année prochaine à des difficultés en matière de production alimentaire. Il a également souligné que les effets du climat influaient sur les migrations dans toutes les régions du monde.
Le Directeur général de la FAO, M. Qu, a accueilli avec satisfaction ces observations liminaires et a noté que 80 pour cent des personnes déplacées dans le monde se trouvaient dans des pays ou des territoires touchés par une insécurité alimentaire aiguë et par la malnutrition et confrontés à des risques de catastrophes climatiques et autres.
«Les populations rurales ont moins de possibilités et de ressources que les autres pour s’adapter au changement climatique; leur exposition à des phénomènes climatiques récurrents augmente le risque de pauvreté», a-t-il déclaré, notant qu’il en résulte une forte pression sur les populations qui se voient contraintes de migrer, sont déplacées de force ou, pire, se retrouvent piégées dans des zones à haut risque sans pouvoir fuir.
Le travail que mène la FAO dans les domaines de l’atténuation des effets du changement climatique, du renforcement de la résilience et de l’intervention précoce a pour but de faire en sorte que la migration résulte d’un choix et non d’une nécessité, a ajouté le Directeur général. Il a également noté que depuis sa prise de fonctions il y a trois ans, un tiers des fonds gérés par la FAO réservés aux urgences et à la résilience avait été alloué à la lutte contre la migration de détresse.
«Investir dans la transformation des systèmes agroalimentaires et dans des interventions à plus long terme est essentiel si l’on veut renforcer la résilience des systèmes agroalimentaires face aux risques, notamment les conflits, les phénomènes climatiques extrêmes et les chocs économiques», a déclaré M. Qu. «Un soutien efficace et durable aux petits exploitants agricoles sera vital pour s’assurer que ceux-ci fassent partie de la solution, et pour localiser les chaînes d’approvisionnement», a-t-il ajouté.
D’autres participants à la session d’ouverture du dialogue, notamment le Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé et l’Envoyé spécial de la présidence somalienne pour la lutte contre la sécheresse, ont appelé l’attention sur les nombreuses façons dont les systèmes agroalimentaires défaillants pouvaient déclencher des problèmes de migration, telles que l’incidence accrue des maladies et les conflits communautaires.
De nouvelles voiesLe Directeur général de la FAO a incité à l’optimisme, déclarant que la migration devait également être considérée comme un «possible moteur de la transition écologique».
Selon M. Qu, en investissant dans les migrants et dans les diasporas et en procédant à des transferts de compétences et de connaissances en matière de moyens d’existence résilients face au climat et de technologies intelligentes face au climat, on pourrait contribuer à promouvoir les entreprises agroalimentaires vertes et à améliorer l’accès à la nourriture.
«Les nouvelles voies de la résilience devraient également viser à créer des conditions permettant de tirer parti des possibilités qu’offre la migration en matière d’adaptation au changement climatique dans les régions d’origine, de transit et de destination», a-t-il ajouté.
Le Directeur général a cité l’
Initiative Main dans la main de la FAO, qui coordonne un vaste ensemble d’investissements dans la région du
couloir sec d’Amérique centrale, où les problèmes de gestion de l’eau et les sécheresses récurrentes poussent de nombreux agriculteurs familiaux à fuir.
Il a en outre rappelé aux décideurs que la FAO avait mis au point, en collaboration avec l’Université des Nations Unies, un
guide et un ensemble d’outils pour le monde entier visant à faciliter la prise en compte, dans les plans nationaux d’adaptation et les contributions déterminées au niveau national, de la mobilité humaine envisagée sous l’angle des moyens d’existence en milieu rural.
Le dialogue organisé par l’OIM se poursuivra jusqu’à mardi avec des tables rondes consacrées à des questions diverses, notamment une table ronde sur les approches tenant compte des questions de genre à laquelle participera
Mme Giorgia Prati, Spécialiste migration et changement climatique de la FAO.