Le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, insiste sur le caractère prioritaire à donner à l’aide aux moyens d’existence lors de la rencontre de haut niveau des Nations Unies sur la prévention de la famine.
Un éleveur abreuve son troupeau dans un puits en cours de rénovation avec l'aide de la FAO et de l'UE à Higo, en Éthiopie.
©FAO/Giulio Napolitano
Rome/New York
Alors que certaines des pires crises alimentaires de ces dernières années frappent à présent des dizaines de millions de personnes, il est aujourd’hui indispensable de faire de l’aide d’urgence aux moyens d’existence la cible de financements spécifiques et de renforcer la résilience, a déclaré aujourd’hui l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
«Nous faisons face aujourd’hui à des crises alimentaires sans précédent qui se déclarent sur plusieurs fronts. La privation de nourriture et les décès liés à la faim sont désormais une réalité», a déclaré le Directeur général de la FAO, M. QU Dongyu, lors de la Rencontre de haut niveau des Nations Unies: action à l’appui de la prévention et de l’élimination de la famine. «Alors que nous approchons de la fin de l’année 2021, la situation ne cesse de se détériorer.»
Plus d’un demi-million de personnes dans quatre pays (Éthiopie, Madagascar, Soudan du Sud et Yémen) connaissent un état d’insécurité alimentaire catastrophique et plus de 41 millions de personnes sont au bord de la famine, en situation d’urgence (phase 4 sur 5 du CIP) et il suffit d'un choc ou d’un stress supplémentaire pour les faire basculer dans le pire scénario, a déclaré M. Qu. Le Burkina Faso et le nord-est du Nigeria sont également confrontés à un risque accru d’insécurité alimentaire aiguë.
La rencontre d’aujourd’hui a été organisée en collaboration avec les gouvernements de la République dominicaine, de l’Irlande, de la Norvège et de la Suède, la FAO, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) et le Programme alimentaire mondial (PAM).
Le Directeur général de la FAO a déclaré que la situation n’avait cessé de se détériorer, avec des montants d’aide attribués et décaissés nettement inférieurs aux 6,6 milliards de dollars des États-Unis demandés par les organisations humanitaires pour couvrir les besoins urgents. En outre, les ressources consacrées à l’aide d’urgence aux moyens de subsistance ne représentent qu’une trop faible partie des financements pourvus, alors que cette forme d’aide se situe au cœur de toute stratégie efficace de prévention de la famine, a indiqué M. Qu.
Depuis que le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres a annoncé la création d’un Groupe spécial de haut niveau sur la prévention de la famine en mars dernier, la FAO a aidé au moins 5,5 millions de personnes à produire les denrées alimentaires dont elles ont cruellement besoin dans six pays désignés comme hautement prioritaires par le Groupe spécial.
La FAO s’est aussi engagée à renforcer la résilience de long terme afin de protéger, restaurer et améliorer les moyens d’existence face aux facteurs qui compromettent l’agriculture, la nutrition, la sécurité alimentaire et la sécurité sanitaire des aliments.
La FAO atteste que l’aide humanitaire d’urgence est porteuse d’effets spectaculaires:
Pour l’ensemble des six pays prioritaires sur lesquels le Groupe spécial axe ses travaux, la FAO a reçu moins du quart des ressources nécessaires à son aide d’urgence attribuée aux moyens de subsistance. Mais un grand nombre d’autres pays et régions sont eux aussi confrontés au péril croissant de l’insécurité alimentaire aiguë.
Parmi ceux qui suscitent les préoccupations de la FAO: Haïti, où les moyens de subsistance sont menacés par la covid-19, l’instabilité, l’insécurité, les séismes, les maladies du bétail et les turbulences de l’économie; l’Afghanistan, où un Afghan sur trois était déjà en situation d’insécurité alimentaire aiguë et où les services de base sont menacés; l’Afrique de l’Est, qui doit faire face à une troisième saison consécutive de précipitations insuffisantes pour les cultures et l’élevage, avec des implications importantes pour la sécurité alimentaire.
M. Qu a appelé à une intensification urgente des mesures anticipatoires, comme l’ont été les initiatives déployées l’an dernier par la FAO et ses partenaires lors de la recrudescence du criquet pèlerin, ces interventions ayant permis d’éviter d’importants sinistres, estimés à plus de 1,5 milliard d’USD, sur les cultures de base et les troupeaux, et de préserver la sécurité alimentaire de plus de 36 millions de personnes.
Il a déclaré que les organisations humanitaires ne pouvaient pas se permettre d’attendre les déclarations de famine pour intervenir, en ajoutant que la prévention efficace de la famine passe par une aide humanitaire qui transforme les systèmes agroalimentaires et renforce la résilience des plus vulnérables.
«Nous devons œuvrer ensemble à une transformation de nos systèmes agroalimentaires pour les rendre plus efficaces, inclusifs, résilients et durables», a déclaré le Directeur général de la FAO.
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