Il est urgent d’apporter en temps voulu une aide humanitaire et un appui aux moyens de subsistance d’une ampleur suffisante pour éviter une crise alimentaire imminente
Un nombre record de 11,7 millions de personnes, soit près d’un quart de la population du pays, devraient souffrir d’une faim aiguë au plus fort de la période de soudure en septembre
©FAO/Ahmedalidreesy Adil
Khartoum/Rome – L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) lance l’alerte face à la crise alimentaire qui se profile au Soudan en raison de la combinaison du conflit armé, des faibles récoltes concernant les principales cultures de base et des turbulences économiques.
D’après l’analyse du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) publiée aujourd’hui et réalisée de mars à avril 2022 avec la participation de 19 organismes, dont plusieurs services gouvernementaux, institutions spécialisées des Nations Unies et organisations non gouvernementales locales et internationales, le Soudan s’enfonce dans la crise alimentaire. Un nombre record de 11,7 millions de personnes, soit près d’un quart de la population du pays, devraient souffrir d’une faim aiguë au plus fort de la période de soudure en septembre, ce qui représenterait une augmentation de presque 2 millions de personnes par rapport à la même période l’année dernière.
Les États du Darfour occidental, du Darfour septentrional, du Darfour central, de Khartoum, de Kassala et du Nil-Blanc, les plus durement touchés par le conflit et le déclin économique, sont ceux qui abritent le plus grand nombre de personnes dont le degré d’insécurité alimentaire devrait s’apparenter à une situation de crise (phase 3 de l’IPC) ou d’urgence (phase 4 de l’IPC) pendant la période de projection (juin-septembre 2022).
«Ces chiffres inquiétants sont le signe le plus évident de la dégradation de la situation en matière de sécurité alimentaire dans le pays», a affirmé Babagana Ahmadu, Représentant de la FAO au Soudan. «Pour éviter qu’encore plus de personnes ne basculent dans une situation de crise et d’urgence et que la crise alimentaire ne se précise, il est impératif de renforcer les investissements dans la production alimentaire locale afin que les foyers vivant de l’agriculture et du pastoralisme puissent vivre et nourrir la population locale dans les prochains mois».
La première moitié de l’année 2022 a été marquée par le pic de la crise politique du pays, l’effondrement de l’économie et des facteurs extérieurs tels que la guerre en Ukraine. D’après l’analyse, le conflit est l’un des principaux facteurs de l’insécurité alimentaire avec le déclin économique, la flambée des prix alimentaires et les mauvaises récoltes dues à des conditions météorologiques défavorables. Les récoltes de la campagne 2021‑2022 devraient être plus d’un tiers inférieures aux précédentes.
La guerre en Ukraine aggrave la situation alimentaire au Soudan car le pays est dépendant des importations de blé venant de la région de la mer Noire. Une rupture d’approvisionnement ferait grimper les prix et compliquerait les importations de blé. Le blé provenant de la région de la mer Noire se vend actuellement plus de 550 USD la tonne, soit une augmentation de 180 pour cent par rapport à la même période en 2021.
La FAO continue d’intensifier l’assistance qu’elle fournit aux agriculteurs et aux éleveurs dans les zones rurales et va aider plus de 2 millions de personnes d’ici la fin de l’année, grâce à une série d’interventions destinées à soutenir la production animale et végétale, notamment maraîchère, aux transferts monétaires et à la remise en état des infrastructures et systèmes d’irrigation essentiels.
«Il est urgent de débloquer des fonds supplémentaires car nous devons dès maintenant continuer à accroître l’aide à l’agriculture car la saison la plus importante commence au Soudan», a déclaré M. Ahmadu.
La FAO demande instamment que des mesures à la hauteur des enjeux soient prises, ce qui passe par l’augmentation des financements, afin d’enrayer l’envolée de l’insécurité alimentaire, sauver des vies, préserver des moyens de subsistance et éviter l’aggravation de la situation alimentaire dans le pays.
Le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) est un ensemble d’outils et de procédures servant à déterminer la gravité et les causes de la situation en matière d’insécurité alimentaire et nutritionnelle aigüe, ainsi que d’insécurité alimentaire chronique, sur la base de normes internationales. L’analyse IPC au Soudan est pilotée par le Secrétariat technique pour la sécurité alimentaire du Ministère soudanais de l’agriculture et des forêts. Les groupes de travail techniques sont composés de tous les services gouvernementaux compétents, d’institutions des Nations Unies, de partenaires non gouvernementaux et de membres des groupes de travail techniques de l’IPC aux niveaux fédéral et étatique. Ils sont épaulés par les unités d’appui de l’IPC aux niveaux régional et mondial.
L’analyse du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC)
Plan d'intervention humanitaire de la FAO en 2022 pour le Soudan (en anglais)
Amani Hag Al Bashir FAO/Soudan (+249) 91 273 9255 [email protected]
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