Forum mondial de l’alimentation: transformer les systèmes agroalimentaires grâce au numérique

Une manifestation sur la transformation numérique des systèmes agroalimentaires facilite un dialogue constructif et l’échange de pratiques optimales pour développer la dimension numérique de l’agriculture

©FAO/Cristiano Minichiello

QU Dongyu, le Directeur général de la FAO prend la parole lors du Forum sur la science et l'innovation : la numérisation des systèmes agro-alimentaires.

©FAO/Cristiano Minichiello

24/10/2022

Rome – Les perspectives offertes par les technologies numériques s’agissant de résoudre de nombreux problèmes complexes concernant les systèmes agroalimentaires ont été mises en avant lors d'une manifestation spéciale du Forum de la science et de l'innovation, qui s’est tenue dans le cadre du Forum mondial de l’alimentation.

La manifestation, consacrée à la transformation numérique des systèmes agroalimentaires, s’est tenue vendredi dernier à Rome, au siège de l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Les participants se sont intéressés aux possibilités et capacités qu’offre le numérique s’agissant de vraiment changer la donne pour les populations vulnérables en comblant le fossé numérique en milieu rural et en donnant les moyens aux jeunes et aux femmes d’accéder à l’information, à la technologie et aux marchés.

En mettant l’accent sur la science, la technologie et l’innovation, la manifestation a suscité le dialogue et permis de mettre en avant des exemples concrets de technologies numériques qui accélèrent la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) et la concrétisation des quatre améliorations de la FAO (production, nutrition, environnement et conditions de vie) sans laisser personne de côté.

Une agriculture fondée sur les données pourrait bien permettre d’évoluer vers des systèmes agroalimentaires plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables, ce qui aurait des effets positifs sur les marchés alimentaires, la productivité agricole et la sécurité alimentaire.

Dans son allocution, le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, a souligné «le rôle central de la science, de la technologie et de l’innovation dans la transformation des systèmes agroalimentaires à l’échelle mondiale». Il a ensuite fait observer que «le passage au numérique permet[tait] une meilleure performance, au bénéfice de tous. Il permet[tait] de renforcer la confiance entre les consommateurs et les producteurs et donn[ait] les moyens aux pouvoirs publics de contrôler la qualité grâce à des systèmes de gouvernance adaptés». Enfin, M. Qu Dongyu a ajouté que grâce à la nouvelle FAO numérique, «les 194 Membres [pouvaient] accéder à toute l’information en ligne et que toutes les réunions [pouvaient] se tenir en ligne et [étaient] accessibles aux pays du monde entier. La transparence [était] totale».

Des représentants permanents de certains des 194 États membres de la FAO étaient également présents, puisqu’il a été question de la crise alimentaire actuelle, qui touche 8 pour cent de la population mondiale, sous l’angle de l’agriculture numérique.

Grâce à ses compétences techniques et à son autorité en tant qu’organisation dont le travail se fonde sur des connaissances et des données factuelles, la FAO traduit la vision d’une agriculture numérique en actions concrètes au profit des Membres et promeut des politiques afin de lutter contre la fracture numérique et de décupler les avantages du numérique.

La transformation est à l'œuvre

L’événement a réuni des représentants de l’Agence éthiopienne pour la transformation de l’agriculture (ATA), la Banque de développement ougandaise, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et l’Université de Cornell, qui ont mis en commun leurs pratiques et leurs résultats afin de s’aider mutuellement à atteindre leur objectif commun, à savoir perfectionner les systèmes agroalimentaires en s’appuyant sur le numérique.

M. Temesgen Gebeyehu, directeur en charge du numérique à l’ATA a présenté une «assistance téléphonique automatisée à destination des agriculteurs, disponible en six langues» mise en place en Éthiopie, qui donne des conseils agricoles et des informations sur la covid-19. Le système est également capable d’utiliser les données personnelles des agriculteurs pour leur «envoyer des alertes au sujet des infestations de ravageurs et des maladies touchant les végétaux».

L’Économiste en chef de la Banque de développement ougandaise, M. Francis Mwesigye, a expliqué que la banque était en train de passer au numérique pour l’évaluation des demandes de prêts à l’aide d’un «algorithme de notation» qui prend en compte les «données sur l’exploitation et le foyer ainsi que l’historique des transactions», afin d’aider les agriculteurs en milieu rural à assurer leurs cultures et leur bétail.

«Associer le nucléaire et le numérique pour perfectionner l’utilisation et la conservation des sols et des ressources en eau est indispensable pour améliorer la productivité agricole, la résilience face au changement climatique et la dépollution de l’environnement», a déclaré le Directeur du laboratoire de la gestion des sols et de l’eau et de la nutrition des plantes du Centre mixte FAO/AIEA des techniques nucléaires dans l'alimentation et l'agriculture, M. Gerd Dercon, en présentant des exemples de travaux. Citons, par exemple, l’utilisation d’une sonde à neutrons de rayons cosmiques pour la mesure de l’humidité du sol et l’application de cette technologie et des données tirées de l'imagerie satellite en association avec la gestion de l’eau des cultures selon le modèle de productivité AquaCrop.

La FAO et l’AIEA devraient poursuivre leur collaboration pour mettre à disposition des données en temps réel et à long terme relatives à l’humidité des sols et d’autres données d’observation pertinentes sur la Plateforme géospatiale Main dans la main, ainsi que dans le cadre du GEO-AI Challenge ou de l’analyse comparative de la mesure de l’humidité des sols à l’aide de la télédétection par inversion par l’intermédiaire de la plateforme GEO-AI (intelligence artificielle) de l’initiative OpenGIS des Nations Unies.

La FAO et l’agriculture numérique

La FAO est le fer de lance des changements porteurs de transformation. La question du numérique est pleinement intégrée dans son Cadre stratégique 2022-2031 ainsi que dans ses activités quotidiennes, avec le domaine d’action intitulé «Le numérique au service des résultats», qui vise à faciliter l’élaboration des politiques, diffuser des informations essentielles et mettre divers acteurs en relation, mais aussi à fournir des outils numériques aux agriculteurs, le tout en vue d’accélérer la réalisation des ODD. 

Lors de la manifestation de vendredi, l’Économiste en chef de la FAO, M. Máximo Torero, a donné des exemples de projets numériques de la FAO, notamment l’initiative «1 000 villages numériques», qui contribue à faire bénéficier les populations rurales de services numériques qui les aident à gagner leur vie et favorisent la cohésion sociale. En rendant les technologies numériques plus inclusives, le projet peut favoriser le développement rural et transformer les systèmes agroalimentaires dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire. À ce propos, le Représentant de la FAO en Équateur, M. Agustín Zimmermann, a présenté les effets positifs de cette initiative en Amérique latine et dans les Caraïbes où, depuis 2021, 52 projets d’agrotourisme dans 14 pays participants contribuent à faciliter et à promouvoir le passage au numérique dans les activités touristiques rurales liées aux systèmes agroalimentaires.  

La FAO et l’Union internationale des télécommunications ont élaboré un guide de la stratégie pour l’agriculture numérique afin d’aider les pays à définir leur propre stratégie nationale en la matière. Ces stratégies permettent de rationaliser l’utilisation des ressources, de générer de nouvelles sources de revenus et de développer les moyens de subsistance en milieu rural. De plus, la FAO a développé des applications, des plateformes et des bases de données pour améliorer l’accès à des informations utiles, aux cartes et aux statistiques. On peut citer le catalogue des services numériques de la FAO, présenté lors de la manifestation par la Représentante de l’Organisation au Rwanda, Mme Coumba Sow, qui a souligné qu’il importait de rendre ces produits plus accessibles aux agriculteurs sur le terrain et a cité plusieurs exemples d’initiatives réussies en Afrique qui visaient à faciliter la circulation de l’information et l’emprunt grâce au numérique.

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