Les rizières en terrasses d’Ifugao dans les montagnes de la Cordillère des Philippines sont reconnues à la fois comme site du patrimoine mondial de l’UNESCO et comme Systèmes ingénieux du patrimoine agricole mondial (SIPAM). Elles nous rappellent les traditions anciennes et la nourriture locale. Mais avec le temps, ces traditions risquent de disparaître. ©Cat Scape/shutterstock
Au nord des Philippines, les rizières en terrasses d’Ifugao décorent les flancs des montagnes de la Cordillère. Ces magnifiques terrasses ont été créées par le groupe ethnique Ifugao, une communauté minoritaire qui vit dans ces montagnes depuis des milliers d'années.
Ici, les villageois plantent une fois par an une variété ancienne de riz appelée «tinawon». Selon l'Institut international de recherche sur le riz (IRRI), cette variété de riz aromatique ne peut être trouvée que dans trois endroits du monde. Ces rizières en terrasses en font partie. Le riz tinawon est une production biologique et peut être vendu à un prix élevé, mais il ne peut être planté et récolté qu'une fois par an (d'où son nom).
Pour de nombreuses familles, la culture du riz et d’autres cultures dans les rizières demeurent la principale source de nourriture et de revenus. Mais avec une seule récolte de tinawon, de nombreux agriculteurs ne peuvent même pas cultiver assez de riz pour nourrir leurs propres familles. Pour cette raison, certains agriculteurs se détournent de cette variété ancienne pour d'autres variétés, comme la variété officieusement étiquetée «California», qui peut être cultivée et récoltée deux fois par an.
La fertilité des sols et le changement climatique poussent également les agriculteurs à s'éloigner des variétés de riz traditionnelles. Auparavant, les agriculteurs, préoccupés par l’évolution du climat, vivaient deux ou trois typhons par an. Aujourd’hui, jusqu’à 20 typhons peuvent se produire chaque année. Or, certaines espèces locales ne sont pas adaptées à ce changement climatique. Le rendement est souvent inférieur à celui des années précédentes, ce qui met en péril la sécurité alimentaire des familles.
Certains agriculteurs, comme Anna, abandonnent complètement des parcelles de leurs rizières, car la génération suivante se déplace de plus en plus vers les villes pour travailler et ne participe plus à la culture ni à la récolte du riz. ©FAO/Giorgio Gruss
Les rizières en terrasses, reconnues à la fois comme site du patrimoine mondial de l'UNESCO et comme Systèmes ingénieux du patrimoine agricole mondial (SIPAM), nous rappellent les traditions anciennes et la nourriture locale. Mais, avec le temps, ces traditions risquent de disparaître.
Une grande partie de la jeune génération émigre hors de la région, laissant les aînés entretenir seuls les terrasses spectaculaires de la région. Les connaissances et l’expérience en matière d’entretien de ces structures ont été transmises de génération en génération, mais lorsque les jeunes s’éloignent, les anciens sont les derniers à savoir comment nettoyer les murs de la terrasse ou entretenir des systèmes d’irrigation sophistiqués.
Certains agriculteurs, comme Appo Limmat - ou Anna, son prénom en anglais -, abandonnent totalement des parcelles de leurs rizières. Anna est veuve et âgée et ses enfants ont déménagé en ville pour travailler. Ils ne l'aident plus à cultiver et à récolter le riz.
Pour avoir une source de revenus supplémentaire, Anna emmène désormais les touristes visiter les rizières en terrasses. Elle croit à cette industrie, car cela contribue à lui procurer un revenu plus stable. Enchantés par le paysage et les coutumes du passé, les visiteurs peuvent passer la nuit sur place et manger les plats de riz traditionnels dans des maisons familiales ou dans des restaurants locaux. Certains touristes commencent également à aider à la plantation et à la récolte dans les rizières. Mais ils ne sont que quelques-uns !
Les produits et les services issus de la montagne, comme le tourisme, ont un potentiel considérable pour améliorer les moyens de subsistance et stimuler les économies locales. La FAO, le Secrétariat du Partenariat de la montagne et le Slow Food International ont mis en place un système d'étiquetage volontaire des produits issus de la montagne, destiné aux petits producteurs des pays en développement. ©FAO/Lena Gubler
S'il est géré de manière durable, le tourisme peut offrir une opportunité de développement dans les régions de montagne. Les produits et les services issus de la montagne, comme le tourisme, ont un grand potentiel pour améliorer les moyens de subsistance et stimuler les économies locales. En outre, le tourisme lié au patrimoine culturel peut permettre aux visiteurs de découvrir et de préserver une biodiversité unique, comme le riz traditionnel, fourni par les montagnes et les communautés montagnardes.
Dans le cadre de sa participation au secrétariat du Partenariat de la montagne, la FAO, en collaboration avec le Slow Food International et le Département du tourisme-Région administrative de la Cordillère des Philippines, a mis au point un nouveau projet pilote intitulé «Alimentation et tourisme pour le développement de la montagne», visant à promouvoir les liens entre les produits de montagne et les services écotouristiques. Ce projet pilote soutiendra les producteurs innovants et cherchera à découvrir de nouveaux produits potentiels, à créer et à améliorer les moyens de subsistance locaux et à promouvoir le développement rural dans cette région.
La FAO, le Secrétariat du Partenariat de la montagne et le Slow Food International collaborent depuis 2015 pour promouvoir les économies de montagne et améliorer les moyens de subsistance grâce à un système d'étiquetage volontaire des produits issus de la montagne et destiné aux petits producteurs des pays en développement. Ce partenariat peut aider les populations rurales, dont Anna fait partie, à préserver leurs précieuses traditions et les aliments riches en biodiversité, tout en générant le revenu vital nécessaire pour un avenir #FaimZéro.
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